En l’espace de quelques jours, les événements se sont accélérés dans la bande sahélo – saharienne. Au moment où les chefs d’Etats de la Communauté des Etats sahélo – sahariens (Cen-sad) étaient réunis à N’djamena, la Mauritanie, avec le soutien de la France, menait de façon très secrète, un raid dont l’objectif semble ambigu, sur le territoire malien, sous le prétexte de détruire une base d’Al -Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Bilan : six morts, 4 blessés, desstocks d’armes récupérés.
Le dimanche 25 juillet, Aqmi annonce l’exécution de l’otage français, Michel Germaneau. Le lendemain lundi, le président français, Nicolas Sarkozy, confirme l’exécution de son compatriote et dépêche rapidement son ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, en Mauritanie, au Mali et au Niger. Mais, il évite soigneusement notre ‘’puissant voisin’’ l’Algérie. Pourquoi ?
A Bamako, le chef de la diplomatie française admet que la vision stratégique du président de la République, Amadou Toumani Touré, dans la lutte contre le terrorisme, est tout à fait juste. Pourtant depuis plus de 4 ans, ATT prône, mais en vain, une action concertée entre les pays de la bande sahélo –saharienne, afin de venir à bout de la nébuleuse Al -Qaïda. Voilà que l’évolution des événements lui donne raison et le réconforte dans sa vision qu’aucun pays ne peut, à lui seul, gagner la lutte. Il faut un combat planétaire pour empêcher les extrémistes de nuire, voire d’agir.
Contrairement à ce que l’on évoque çà et là, ni la Mauritanie, encore moins l’Algérie, ne sont sincères dans leur lutte contre le terrorisme. En proie à une vaste protestation interne (une grande partie de la classe politique mauritanienne refuse de reconnaître son hold up électoral) et par crainte d’un renversement de son régime par un coup d’Etat, le général putschiste, Mohamed Ould Abdoul Aziz, veut détourner l’attention de son opinion publique. Du coup avec la lutte contre le terrorisme, il trouve de quoi occuper son armée, dont la seule spécialité connue à ce jour est de fomenter des coups de force.
Sous l’influence des généraux algériens tapis dans l’ombre, le président Abdel Aziz Bouteflika continue de gesticuler sur le chemin à emprunter. Raison pour laquelle l’Etat-major installé à Tamanrasset peine à se signaler sur le terrain. Après avoir exporté sa guerre sale dans un pays pacifiste comme le nôtre, l’Algérie nous accuse d’être de connivence avec les terroristes. Le monde à l’envers.
Or, le Mali est l’un des pays du sahel qui a payé un lourd tribut à la lutte contre le terrorisme. Nous avons encore en mémoire l’assassinat odieux du responsable de la Sécurité d’Etat à Tombouctou, Colonel Ould Bou. Or jusque-là, les terroristes d’Aqmi ne s’étaient pas attaqués aux intérêts maliens quand bien même nos services de sécurité ne cessaient de les arrêter. En décidant de venger la mort du responsable de la SE, les forces armées et de sécurité ont essuyé des pertes énormes. Comme ce qui est arrivé par exemple à ce convoi militaire surpris dans son retranchement.Un autre colonel, Hama Ould Mohamed Yéhia, perdit la vie en plus d’une vingtaine ses hommes au cours de l’affrontement meurtrier qui s’en suivit. Dans un communiqué rendu public le 8 juillet 2009, Aqmi avait menacé de s’en prendre à la vie de notre président ATT qu’il accusait d’avoir engagé son armée contre ses éléments avec le soutien des ‘’croisés’’. Ce terme avait été utilisé pour désigner les occidentaux. Que vaut maintenant le soutien proposé par la France à notre pays ? Quelles sont les conséquences à nos côtés des forces étrangères dans la lutte contre le terroriste ?
Dans une déclaration déposée à notre rédaction, le Rassemblement pour le développement et la solidarité (Rds), se dit très inquiet de la violation de la souveraineté du Mali par la France, qui réapparaît clandestinement et militairement dans notre pays. ‘’Le Rds rejette sans ambiguïté l’intervention armée franco-mauritanienne, intervention vaniteuse et contre-performante, sans la moindre concertation avec le gouvernement malien et dont les conséquences seront incalculables’’ Le raid franco-mauritanien, semble-t-il, a été mené à l’insu des autorités maliennes. Certes, la Mauritanie dispose d’un droit de poursuite mais le fait de pénétrer sur notre territoire sans préalablement informer qui de droit est le témoignage éloquent du mépris que le général Aziz affiche vis-à-vis de notre pays. De même, l’opération du jeudi met en cause l’efficacité de nos services de renseignements. Comment une telle opération peut-être menée sur notre territoire à l’insu de nos services de renseignements, notamment la Sécurité d’Etat. A quoi servent les moyens astronomiques mis à sa disposition?