Entre Nous : Quel avenir politique pour ''l'énigmatique'' Modibo Sidibé ?

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Le cinquantenaire a vécu. Cap sur le centenaire. Cela pour les plus chanceux de certains d’entre nous. Mais, en attendant, les choses sérieuses suivent leur cours normal. ”Il y a trop de difficultés dans le pays pour s’amuser”, regrettent nombre de nos compatriotes.

Pendant que les honorables députés  reprenaient leurs travaux à l’hémicycle, le Premier ministre, Chef du gouvernement, Modibo Sidibé, bouclait ses trois ans à la primature. Qui a dit que le temps passe vite ? Il passe très vite même pour parler comme le frère Dupont (d).

Au même moment, des rumeurs d’essence politico – médiatique tentant faire passer pour imminent un changement de l’équipe gouvernementale ont fini par installer une véritable psychose dans nos services publics. Quid du bas peuple pendant tout ce temps ? Il rase le mur face à la dure réalité du quotidien et au spectacle offert par cette ”mafia” en train de se livrer sans le moindre scrupule à un sordide commerce avec l’aura et le prestige de ce patrimoine national qu’est ATT.

Après trois ans à la primature et à moins de deux ans des élections présidentielles de 2012, de nombreux citoyens se posent des questions sur l’avenir politique de ”l’énigmatique” Modibo Sidibé (certains observateurs lui prêtent la prétention d’aller à la conquête de Koulouba mais l’inspecteur général de police qu’il est, s’est refusé d’épiloguer publiquement sur ses présumés ambitions présidentielles.). Son parcours atypique suscite curiosité et agacement. C’est de l’une des rares personnalités maliennes à rester sans discontinuité dans les arcanes du pouvoir depuis les événements de mars 1991. Du cabinet de Lieutenant Colonel, Amadou Toumani Touré à la Primature, il a eu à gérer des départements stratégiques sous le régime du président Alpha Oumar Konaré. Modibo Sidibé, l’héritier présomptif d’ATT, (l’expression est empruntée à notre chroniqueur Bacary Camara, par ailleurs chercheur) ne dira peut-être jamais le secret de sa exceptionnelle durée dans les allées du pouvoir. Sa très grande culture gouvernementale ainsi que sa maîtrise évidente des dossiers importants de la nation sans oublier son expérience de flic, il lui sera utile pour parfaire sa connaissance des rouages du système. Sa nomination le 28 septembre 2007 au poste de Premier ministre aura été vite perçue par une certaine opinion comme la mise sur orbite d’un présidentiable non issu de la classe politique. Trois ans après, en dépit de toutes les critiques sur sa gestion à la tête du gouvernement, Modibo Sidibé apparaît encore aux yeux de nombreux analystes comme celui qui conserve encore et malgré tout un bel avenir de présidentiable. Et, pourquoi pas porte-étendard de l’Adema ou du Pdes ?

En effet, l’ancien parti au pouvoir, principale force politique du pays, peine à se trouver un candidat providentiel depuis la sortie glorieuse d’Alpha Oumar Konaré pourrait jeter son dévolu sur le frère de feu Mandé Sidibé, l’un des anciens barons de la ruche. Des cadres du parti dirigé de Dioncounda Traoré (il caresse aussi le rêve et commence à se positionner à travers ses discours à l’hémicycle)  s’activent dans ce sens pour convaincre que Modibo Sidibé est ”un cheval gagnant.” Pourtant, les choses ne semblent pas si simples car actuellement derrière chaque leader du parti de l’abeille se cache un nouveau courant politique. Personne ne sait avec certitude ce qui va se passer. Les querelles de leadership ont déjà fait leur apparition avec la montée en puissance des ministres du parti représentés au gouvernement. En ce qui concerne le Pdes, une source très proche de Modibo Sidibé écarte toute hypothèse de son appartenance à ce parti.

Quand bien même l’histoire ne tardera pas à révéler ce que ce grand commis de l’Etat a joué comme rôle dans l’élaboration du document de projet dont le succès semble avoir enivré plus d’un. Le moins que l’on puisse constater, c’est que la race d’hommes de dignité comme lui a tendance à disparaître. ATT peut ou ne pas le maintenir à la Primature. Chacun de ces scénarii a ses avantages et ses inconvénients. En attendant que ses réformes institutionnelles et politiques, passent (au cas où les dites réformes lui tiennent à cœur), il peut garder le Premier ministre juste le temps qu’il faut. Ce qui permettra à ce dernier de continuer à placer ses hommes de confiance dans des postes stratégiques au sein de l’administration.

Et naturellement, il faudra s’attendre aux foudres de ses détracteurs qui voient le pouvoir s’éloigner d’eux de plus en plus. Par contre, le chef de l’Etat peut aussi remercier son compagnon. Loin d’être une disgrâce, cela permettra au flic de la maison du peuple d’aller mieux peaufiner sa stratégie de conquête du pouvoir. S’il opte pour ce dernier scénario, il doit laisser les mains libres de placer toujours ses hommes aux postes clés dans le nouveau gouvernement. Mais toute autre tentative ”démodibosation” de l’administration après son départ lui fera fatale.

Par Chiaka Doumbia


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