Entre Nous : «Provocation et agression» dénoncées

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La grève de cinq (5) jours ouvrables, entamée par le Syndicat autonome de la magistrature (SAM) et le syndicat libre de la magistrature (SYLIMA), le 29 novembre dernier, prend fin ce lundi 05 décembre. Une grève consécutive à l’échec des négociations engagées suite au mémorandum de préavis de grève de deux syndicats demandant essentiellement l’abandon pur et simple de tout processus d’adoption du projet de loi portant modification de la loi 2016-046 du 23 septembre 2016 portant loi organique fixant l’organisation, les règles de fonctionnement de la Cour Suprême et la procédure suivie devant elle.

Dans un communiqué conjoint, le SAM et le SYLIMA évoquent sans hésitation une « provocation » et une « agression » de la part du pouvoir exécutif, lequel englobe à la fois le Président de la Transition, chef de l’Etat, Président du Conseil supérieur de la magistrature et le gouvernement.

« Le SAM et le SYLIMA se réjouissent que les magistrats du Mali à l’unisson, aient compris que les questions de principe et d’honneur doivent l’emporter sur toute autre considération. Cette appréhension des choses explique le succès total du mouvement de grève déclenché et qui a paralysé l’ensemble des juridictions de la République y compris la Cour suprême. Ils sont légions, en effet, les magistrats de la Cour suprême qui sont indignés par cette agression injuste du gouvernement de la République et qui ont déserté leurs bureaux à l’instar de leurs collègues des juridictions du fond », se félicitent les deux syndicats.

« Le SAM et le SYLIMA saluent sincèrement la discipline, l’engagement et la détermination de leurs preux militants et militantes. Les magistrats ont compris que l’objectif recherché de l’autre côté était de diviser les membres de la même corporation en y proclamant ‘’des privilégiés’’ tout en caporalisant la justice. Le SAM et le SYLIMA ne sont à la solde de personne si ce n’est de la magistrature. Ils n’exigent que le retrait pur et simple du projet de loi ‘’séparatiste’’, ‘’inéquitable’’ et ‘’asservissant’’ », poursuit le communiqué conjoint. Tout en regrettant profondément les nombreux désagréments découlant de la présente situation à l’égard des usagers du service public de la justice, les deux syndicats imputent exclusivement la responsabilité de cette situation au gouvernement de la Transition.

Face à certaines situations qui ont touché au socle de l’indépendance de la justice en donnant la mauvaise impression que les actions judiciaires sont téléguidées à travers des violations flagrantes des règles de procédures établies, le SAM et le SYLIMA ont brillé par leur silence. Un silence incompréhensible aux yeux de nombreux observateurs de la scène publique. Mieux vaut tard que jamais, dit-on.

L’une des solutions aux crises que le pays traverse depuis plus d’une décennie est entre les mains des hommes et des femmes investis dans cette mission difficile de rendre la justice au nom du peuple. Le 26 janvier 2019, au lancement de son livre « La Justice en Afrique, ce grand corps malade : cas du Mali », une cérémonie à laquelle l’actuel ministre de la justice et des droits de l’homme a assisté au Parc national de Bamako, Me Mamadou Ismaëla Konaté déclarait : « Soyez juges, mesdames et messieurs… le jour où vous serez juges, on fera attention à ce que l’on dit à Koulouba. Le jour où vous serez juges, on fera attention à ce que l’on fait à Koulouba. » Ce jour-là, l’ancien garde des sceaux avait lancé une interpellation collective qui reste d’actualité aujourd’hui : « Ne laissons pas le Mali entre les mains de personnes qui peuvent momentanément être imprudentes ».

Par Chiaka Doumbia

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