Dans la perspective de la formation du nouveau gouvernement, annonce un communiqué de la présidence de la République, le chef de l’Etat, Amadou Toumani Touré, a rencontré, le 31 mars et le 1er avril courant, plusieurs chefs de partis politiques. Avec ses interlocuteurs, ajoute le communiqué, le Président de la République a fait un large tour d’horizon de la vie de la nation avec un accent particulier sur les principales missions qui seront confiées à la nouvelle équipe gouvernementale. Il s’agit, entre autres, de l’adoption de projets de réformes politiques, dont la révision constitutionnelle et l’organisation des prochaines élections générales de 2012.
La démarche du chef de l’Etat n’a rien d’extraordinaire. Elle s’inscrit dans le cadre d’une tradition purement républicaine. Seulement voilà : comment aider un président en fin de mandat à effectuer une sortie honorable? C’est l’équation difficile (mais pas impossible) que le prochain Premier ministre et son équipe devraient s’atteler à résoudre dans les tous prochains mois. Le président Amadou Toumani Touré entame le dernier virage de son second et dernier mandat. Il a certainement conscience des challenges qu’il lui reste à relever et qu’un vaste rassemblement autour de lui pourrait en effet l’y aider.
Encore que l’homme n’a pas renoncé au fond à son label, à savoir ‘’le consensus’’, malgré les réactions nombrilistes de la part de certains de ses ‘’proches du jour’’ qui ont fini par l’éloigner de la plupart de ses ‘’alliés de départ’’. Voici ce qu’il dit du consensus dans l’interview qu’il a accordée à l’hebdomadaire Jeune Afrique n° 2414 du 15 au 21 février 2007, à quelques jours du 1er tour de l’élection présidentielle du 29 avril 2007 : ‘’Et malgré la bataille électorale, la gestion consensuelle des affaires du pays est loin d’avoir pris fin. Encore moins de façon brutale. Ce consensus national, une expérience originale qui a permis à notre pays de progresser dans la voie du développement, malgré un contexte difficile…Pourtant, le consensus n’est pas un mariage à vie. Il n’enlève à aucune formation politique sa liberté de décision. Ce consensus national nous a permis de mettre de côté les luttes politiciennes. Il ne fait pas le lit de la pensée unique, pas plus qu’il ne sert de marchepied à un ‘’homme providentiel’’.
A la question de savoir si le consensus va suivre aux échéances électorales, le président candidat avait répondu sans ambages : ‘’Oui. Et ce quel que soit le nom du prochain locataire de Koulouba. Pour peu que ce dernier veuille rassembler plutôt que régner’’
Pour le reste de son mandat, ATT a eu raison d’opter pour un gouvernement de large ouverture dans un contexte difficile, au plan interne et externe. Si cette option aboutit, elle aura au moins deux avantages.
Primo : rassembler autour des réformes institutionnelles et administratives proposées.
Secundo : faire taire certaines voix qui commencent à lui troubler le sommeil.
Contrairement à une opinion largement répandue, les derniers mois de la présidence d’ATT ne seront pas de répit pour les hommes et les femmes qui auront la confiance du chef de l’Etat. 2011 est une année charnière pour le président ATT parce que la réussite de sa sortie va largement en dépendre. Ce n’est pas pour rien qu’il a décrété 2011, l’année des réformes. La nouvelle équipe, qui sera mise en place dans les prochains jours, aura la lourde responsabilité d’aider le héros du 26 mars à obtenir une sortie honorable qui passe par l’organisation de l’élection présidentielle d’avril 2012 crédible, transparente, libre acceptée par tous. Sans oublier le climat social déjà tendu avec des revendications corporatistes.
Chiaka Doumbia