Le dimanche 8 août 2021 a été une journée noire à Karou, Ouatagouna, Dirga et Déoutéguef dans le cercle d’Ansongo (région de Gao) vers la frontière nigérienne. Cinquante-et-un civils ont été massacrés par des individus armés non identifiés. Le message RAT n°179/P-CA du 09 août 2021 du préfet d’Ansongo fait état de cinquante-et-un morts, de nombreux blessés, des animaux emportés, des maisons saccagées et incendiées. L’horreur ! Ni plus, ni moins !
Pour la Coalition Songhoy Chaawara Batoo, « cet énième assassinat qui rallonge la longue liste macabre d’assassinats ciblés d’innocentes personnes, d’opérateurs économiques, n’a d’autre dessein que de décimer la population, terroriser les gens et faire fuir les paisibles citoyens de leurs terres ». Le président d’honneur d’ADP-MALIBA, Alou Badra Diallo, évoque une barbarie sur d’innocentes populations civiles. « Un tel acte criminel ne doit pas rester impuni et ses auteurs doivent être recherchés et traduits devant la justice », souligne l’homme d’affaires. Moussa Mara dénonce un acte crapuleux et intolérable tandis que Soumeylou Boubèye Maïga s’insurge contre des violences perpétrées par les groupes terroristes. « Ces attaques délibérées contre les populations civiles constituent des atteintes graves au droit international des droits de l’homme et au droit international humanitaire. Elles sont susceptibles d’être qualifiées de crimes contre l’humanité par les tribunaux compétents », souligne la Minusma dans une déclaration. L’Action Républicaine pour le Progrès-ARP parle d’une attaque barbare qui met à mal la cohésion sociale et appelle à l’implication de toutes les forces vives de la Nation pour vaincre l’extrémisme sous toutes ses formes.
Le président de la Transition, Col. Assimi Goïta, a décrété un deuil national de trois jours pour rendre hommage aux victimes de ces attaques barbares qui n’ont pas été revendiquées jusque-là par une organisation. Et depuis les attaques ignobles des traîtres aventuriers du Mnla contre les garnisons militaires en janvier 2012, le Mali est en deuil permanent.
Ces actes horribles interviennent aussi après l’annonce de l’extradition vers les Etats-Unis d’Amérique par le gouvernement du Mali de deux hauts cadres des organisations terroristes impliqués dans des attentats au Mali et dans certains pays de la sous-région. Ils interviennent aussi après le sabotage des installations téléphoniques dans une bonne partie des régions de Tombouctou, Gao. Ils surviennent également après l’arrestation des éléments extrémistes dans le secteur d’Ansongo.
Les tueries de Karou, Ouatagouna, Dirga et Déoutéguef telles que décrites ne sont pas très courantes dans le mode opératoire des groupes extrémistes qui sèment la terreur au Mali. Les assassinats des civils étaient plutôt ciblés pour punir ceux soupçonnés de fournir les informations ou de collaborer avec les FAMa ou les forces militaires partenaires ou pour régler des comptes personnels. Ce qui s’est passé le dimanche dernier à Karou, Ouatagouna, Dirga et Déoutéguef est presque nouveau au Mali et pourrait traduire une sorte de radicalisation de ces groupes extrémistes. L’histoire a démontré que ces groupes deviennent plus cruels quand ils sont acculés. Le pillage des magasins et le vol de bétails peuvent être interprétés comme des difficultés de ravitaillement des extrémistes sous la pression militaire des FAMa et des forces partenaires.
Dans l’impossibilité de s’attaquer aux camps militaires, ils s’en prennent aux cibles molles à travers des embuscades tendues aux convois militaires et de petits postes de sécurité. Maintenant, il faut terroriser la population locale par des tueries en masse des civils au Mali. C’était déjà le cas au Niger et au Burkina Faso.
Par Chiaka Doumbia