« La cherté de la vie et la suspension des aides au développement sont le prix à payer pour notre indépendance. L’autonomie réelle demande du temps. C’est pourquoi je demande aux différents syndicats dont l’AEEM, de patienter avec leurs doléances. Nous avons fait le choix de l’indépendance et ce choix demande des sacrifices, de la patience et de l’endurance. La faim est le coût à payer pour ce combat que nous mènerons au prix même de notre sang ». Ces propos de Mohamed Ousmane Ag Mohamedoune, président de l’Alliance pour la Refondation du Mali (AREMA), non moins membre du Conseil National de la Transition (CNT) ont largement fait le tour des réseaux sociaux, le week-end dernier. Les mots sont forts, très forts ! Pas que ça ! Ils sont pleins de sens. Mohamed Ousmane Ag Mohamedoune demande aux populations maliennes d’accepter la faim comme prix à payer pour assurer « l’indépendance ».
En 2012, ce personnage qui a fait feu de tout bois, figurait parmi les enfants nourris et éduqués par le Mali, qui ont saqué et saccagé la République en vendant des illusions d’indépendance de la république imaginaire de l’Azawad sous la bannière du mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA). Ce mouvement qui a trahi à ciel ouvert, à travers les attaques barbares et lâches des garnisons militaires et ouvert les portes des grandes villes du Mali aux groupes armés islamistes. Des individus, comme le président de l’AREMA, sont totalement disqualifiés pour donner des leçons de patriotisme dans ce pays. Sous d’autres cieux, il se serait tu à jamais.
Mohamed Ousmane Ag Mohamedoune bénéficie aujourd’hui des privilèges d’un député élu au suffrage des populations. Un mandat que les électeurs de Goundam lui ont refusé lors des élections législatives de 2020 quand il était candidat sur la liste d’alliance CODEM-GAD. Cet individu, qui bénéficie des avantages que le peuple lui avait refusés, est mal placé aujourd’hui pour appeler les populations et les syndicats à patienter et à accepter la faim. Pourquoi ? Parce que Mohamed Ousmane Ag Mohamedoune n’a pas renoncé à ses privilèges. Il n’a pas demandé non plus à ses collègues du CNT de renoncer à certains de leurs avantages. De plus, il n’a appelé aucune autorité de la transition à revoir ses privilèges. Pis, au moment où cet ancien membre du MNLA appelle le peuple à plus d’endurance et de patience, les budgets de certaines institutions comme la Présidence de la République et le CNT sont en augmentation. Au même moment, la dette intérieure plombe l’activité économique avec des conséquences drastiques sur les petites et moyennes entreprises.
Le Président de la Transition, le Premier ministre, les membres du gouvernement, les présidents des institutions, les membres du CNT continuent de bénéficier des mêmes privilèges comme si nous étions dans une situation normale. Mohamed Ousmane Ag Mohamedoune appelle les populations et les syndicats à accepter le sacrifice, chose qui devrait commencer par les autorités de la transition.
Dans un contexte de crise mondiale, les autorités de la transition devraient adopter une politique d’austérité avec une réduction drastique des budgets des institutions. Dès les premières heures du coup d’Etat ayant renversé le régime de Feu Ibrahim Boubacar Kéïta, l’exemple devrait être montré par les premières autorités du pays. Ayant raté cette occasion, nos autorités pouvaient saisir l’occasion donnée par la CEDEAO à travers les sanctions prises contre le Mali pour consentir plus de sacrifices. Mais rien n’y fit ! La populace souffre pendant que certains profitent des ressources publiques. Ce qui est contraire au combat pour le changement. Les populations constituent le dindon de la farce.
« On peut tromper une partie du peuple tout le temps et tout le peuple une partie du temps, mais on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps », disait Abraham Lincoln.
Par Chiaka Doumbia
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