Le 1er octobre 2020, le Président de Transition par décret n°2020-0072/PT-RM a promulgué la Charte de la Transition dans le journal officiel spécial n°17. Les articles 13, 14, 15 et 16 de la Charte fournissent des informations sur le Conseil national de Transition (CNT).
Selon l’article 13, le Conseil national de Transition est l’organe législatif de la Transition. L’aliéna 2 de cet article nous enseigne que le CNT «est composé de cent vingt et un (121) membres répartis entre les Forces de Défense et de Sécurité, les représentants du Mouvement du 5 Juin -Rassemblement des Forces patriotiques (M5-RFP), les partis et regroupements politiques, les organisations de la société civile, les centrales syndicales, les syndicats libres et autonomes, les organisations de défense des Droits de l’Homme, les ordres professionnels, les Maliens établis à l’extérieur, les Mouvements signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, les Mouvements de l’inclusivité, les groupements de femmes, de jeunes et des personnes vivant avec un handicap, les confessions religieuses, les autorités traditionnelles et coutumières, les chambres consulaires, les faitières de la presse, des arts et de la culture».
Un acte fixe la clé de répartition entre les composantes du Conseil national de Transition, annonce l’aliéna 3 de l’article 13 sans pourtant préciser la nature de l’acte. L’aliéna 4 du même article énonce : «Le Conseil national de Transition exerce les prérogatives définies par la présente Charte et la Constitution du 25 février 1992».
L’article 14 parle plutôt de la présidence du CNT qui peut être assurée par une personnalité civile ou militaire élue en son sein. «La fonction de Présidence du Conseil national de Transition est incompatible avec l’exercice de tout autre mandat ou responsabilité au cours de la Transition», complète l’article 14.
«Le Conseil national de Transition adopte son Règlement intérieur lors de sa session inaugurale. Le Conseil national de Transition adopte le Plan d’actions de la Feuille de route de la transition présentée par le Premier ministre», selon l’article 15. Quant à l’article 16, il explique que le Conseil national de Transition veille à l’orientation, au contrôle et au suivi-évaluation de la feuille de route de la transition.
Un mois, 14 jours après, la prestation de serment du Président et du Vice-président de la Transition le CNT peine à jour le jour. Aucun acte n’a été pris allant dans le sens de la répartition des postes au sein de cet organe législatif. Le M5-RFP à travers son comité stratégique a revendiqué publiquement la présidence du CNT et ¼ de ses membres. Une demande qui a jeté quelques grains de sable dans le couscous du Comité national pour le Salut du Peuple (CNPS), lequel, selon plusieurs sources, travaillerait à placer son 1er vice-président, Colonel Malick Diao, à la tête du CNT.
La situation sécuritaire du pays ainsi que l’agitation du front social avec des grèves à répétitions mettent les Colonels du CNSP dans une posture délicate. Avec des blocus sur des villages et l’activisme débordant de certains groupes extrémistes, l’opinion publique nationale et internationale verrait d’un mauvais œil la présidence d’un officier à la Présidence du CNT.
Le tollé suscité autour de la gestion de Farabougou aurait sans doute permis au Colonel Assimi Goita et ses compagnons du CNPS de mesurer l’impatience mais aussi la déception d’une frange importante de la population vis-à-vis de l’évolution de la situation post-18 août. La mise en place du CNT et la bataille autour de sa présidence risqueront d’accentuer le clivage entre les Colonels du CNPS et certaines couches non moins importantes de la population.
Par Chiaka Doumbia