Le 30 juillet 2022, veille de la Journée Panafricaine des Femmes, la dame Diogou Sidibé, âgée de 71 ans, a été retrouvée morte dans son champ de riz à Lany Mody, dans la région de Kayes. Selon des témoignages, les auteurs de cet acte criminel, après leur forfait, ont tenté de brûler le corps, finalement ils l’ont découpé en morceaux et mis dans un sac qu’ils ont laissé sur place.
Le seul crime de Mme Diogou Sidibé : dire non à ceux et celles qui la considèrent comme esclave. Quelques jours avant la tragédie, la militante anti-esclavagiste, dont l’engagement vient de lui coûter la vie, avait sérieusement été tabassée par cinq femmes. Les images de son visage boursouflé ont fait le tour de la toile mondiale.
«Ma mère a été battue par 5 femmes, le 10 juin dernier dans son champ. L’une d’elles lui a donné un coup de daba au front. Vous voyez son front gonflé ? L’une de ces femmes est actuellement en prison à Kayes. Le mardi dernier, ma mère était appelée par le tribunal pour la mise en liberté provisoire de celle qui l’avait battue. Elle a refusé cette liberté provisoire. Et la femme est retournée en prison.… Ce refus de liberté provisoire n’a pas plu. Ma mère est retournée au village. Et le vendredi, elle a été tuée dans son champ… » rapporte D. Konaté, l’un des fils de la martyre.
«Ma mère a quitté la ville de Kayes pour rejoindre notre village de Lany Mody le 27 juillet dernier. Elle s’est reposée le lendemain. Elle est retournée dans son champ le 29 juillet et elle n’est plus revenue. Le 30 juillet, nous avons retrouvé son corps dans un sac. C’est ainsi que nous avons contacté les autorités qui ont ordonné son inhumation. Voilà ce qu’on peut dire sur la disparition de Diogou Sidibé.» a confié aux médias le 3è fils de la défunte, Lassana Diaguely Konaté.
Mme Diogou Sidibé est le visage de la bête humaine dans un pays dont des habitants traitent d’autres en esclaves. Elle est aussi le visage de l’inaction de l’Etat dont les représentants, à plusieurs niveaux, ont choisi de nier l’existence de cette pratique ignoble en couvrant les esclavagistes, malgré les multiples alertes des organisations de défense des droits de l’homme et des médias.
Une vingtaine de personnes sont entre les mains de la justice dans le cadre des enquêtes ouvertes sur l’assassinat de dame Sidibé. Certaines sont placées en détention et d’autres sous contrôle judiciaire. Le ministre de la Justice et des Droits de l’homme, Garde des sceaux a adressé plusieurs lettres circulaires aux chefs de parquet sur la répression des cas liés à l’esclavage.
Cette prise de conscience au niveau du ministère de la Justice est à saluer mais, il faut plus. Et la relecture du Code pénal est une occasion pour traduire cette volonté dans les textes. Les références à la répression de l’esclavage par ascendance vont-elles résister aux lobbies esclavagistes qui ont réussi, en 2015, à faire disparaitre dans le circuit gouvernemental une loi spécifique sur la répression de cette pratique féodale et moyenâgeuse ?
Par Chiaka Doumbia
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