Entre Nous : La prime à l’impunité !

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En application de la Loi d’entente nationale, la Cour d’Assises de Bamako a déclaré, le 15 mars 2021, l’action publique éteinte contre Fousseini Diarra, Issa Tangara, Blonkoro Samaké, Siméon Kéïta, Oumarou Sanofo dit ‘’kif kif’’, Soïba Diarra, Christophe Dembélé, Amadou Konaré, Mohamed Issa Ouédraogo, Ibrahim Boua Koné, Amadou Haya Sanogo, Yamoussa Camara et Ibrahim Dahirou Dembélé. Ils étaient poursuivis pour assassinats et complicités d’assassinats dans l’affaire dite des ‘’bérets rouges’’, du nom de ces commando-parachutistes arrêtés, sommairement exécutés et jetés dans une fosse commune à Diago, non loin de Kati.

Vérités cachées, justice étouffée

Pour l’infatigable humaniste, Me Amadou Tiéoulé Diarra, président du Réseau des défenseurs des droits de l’homme du Mali, interrogé par notre confrère Studio Tamani, la Loi d’entente nationale a été utilisée pour cacher les vérités et étouffer la justice. Cette loi cautionne l’impunité, selon l’avocat et défenseur des droits de l’homme.

Dans sa parution du jeudi 25 février 2021, ‘’Le Challenger’’ avait prédit ce verdict : «Affaire dite de bérets rouges, une farce judiciaire en vue ?». Aucune surprise ! L’affaire ne sera pas en effet jugée par la justice malienne. L’opinion nationale et internationale ne connaîtra jamais la vérité sur l’assassinat des 21 bérets rouges enlevés nuitamment par leurs frères d’armes, qui leur ont bandé les yeux, torturés, puis arrosés de rafales.

La fin de la procédure a été voulue et préparée par le président Ibrahim Boubacar Kéita à travers deux de ses Premiers ministres : Soumeylou Boubèye Maïga et Dr Boubou Cissé. Si les négociations ont été menées dans la plus grande discrétion par le premier avec les familles des victimes, c’est le second, aujourd’hui traqué par les colonels putschistes, qui a finalisé le Protocole d’accord.

La Loi d’entente nationale a été conçue par le gouvernement d’IBK pour élargir les ‘’bouchers de Kati’’, lesquels l’ont aidé en 2013 à accéder à la magistrature suprême sur la base d’un tissu de mensonges. IBK et son proche entourage avaient bien de motivations à travailler à enterrer ce dossier. Comme ils avaient bien de motivations à trainer dans la boue des officiers patriotes et intègres à l’image de Camara Yamoussa et Dembélé Ibrahim Dahirou.

Ce 15 mars est un jour sombre pour le Mali. La caisse publique a été mise à contribution pour exonérer des assassins et donner un coup de gomme à leurs sinistres forfaits. Le courage de Mme Aminata Soumaré, qui déclare urbi et orbi avoir été enlevée, séquestrée et maintes fois violée par les putschistes de Kati, est à saluer. Elle doit être soutenue dans sa volonté de saisir la Cour pénale internationale pour que la justice à laquelle elle a droit lui soit rendue. Car ce qui s’est passé à la Cour d’assises du Mali n’est ni plus ni moins qu’une prime à l’impunité d’auteurs d’atrocités dignes du Moyen-âge !

Pardon d’accord, mais justice et vérité d’abord !

La crise multidimensionnelle, qui ébranle le Mali est une crise de gouvernance à tous égards, dont celle de la justice. La justice et la vérité sont des piliers essentiels d’une bonne politique de réconciliation. Car sans justice et vérité, toutes les actions de réconciliation seront vouées à l’échec. Ceux qui ont commis des crimes doivent en répondre. Pardon d’accord mais justice et vérité d’abord ! Les petits arrangements peuvent servir juste un moment ceux auxquels ils profitent. Mais ils finiront, tôt ou tard, par déranger une République déjà très mal en point.

Par Chiaka Doumbia

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