Les amendements apportés par le Conseil national de Transition avant l’adoption du projet de loi électorale semblent ébranler les assises fragiles des institutions de la Transition.
Ils ont étalé au grand jour ont provoqué les divergences sur le sujet avec le gouvernement. Ils ont suscité l’ire de Dr Choguel Kokalla Maïga et, surtout, de ses soutiens qui s’attaquent avec une rare virulence au Président du CNT, Colonel Malick Diaw et aux «législateurs de la transition».
Le M5-RFP, dont le Premier ministre reste le Président du Comité stratégique, a élaboré un mémorandum dans lequel il suggère «au Président de la Transition de ne pas promulguer la loi électorale en l’état et de la renvoyer pour une seconde lecture, afin de prendre en compte les véritables exigences du peuple malien issues des Assises Nationales de la Refondation pour poser les fondements solides du Mali Koura».
Les termes du mémorandum sont assez forts. Le M5-RFP semblent en vouloir à ceux qui ont voté cette loi d’être animés par du dessein de déstabiliser la Transition. Le mouvement insurrectionnel, abandonné par plusieurs de ses figures emblématiques, dénonce «le comportement d’opposants de certains membres du CNT à l’exécutif de la transition » ; « les accointances entre des membres du CNT et les forces hostiles à la transition et au changement pour faire échec à la Refondation » ; « la tentative de créer de façon artificielle une crise institutionnelle au sein de la transition qui pourrait avoir pour conséquence le maintien des sanctions de la CEDEAO».
‘’…Le M5-RFP est fondé à croire que la dénaturation profonde du projet de loi par le CNT entre dans une vaste stratégie globale et multiforme de déstabilisation de la Transition en collaboration avec certaines forces hostiles au changement et à l’idée même du Mali Koura ; lesquelles forces qui se sont d’ailleurs précipitées pour saluer en cœur l’adoption de la loi électorale profondément amendée par le CNT’’. ‘’La CEDEAO, devant le reste de la Communauté internationale, pourrait prendre prétexte du projet de loi amendé pour relever le caractère «malicieux» du régime de Transition en l’accusant d’avoir perdu une année à tenir une Table-ronde, un Atelier et des ANR, pour finalement parvenir à «des réformettes», dans le seul but de gagner du temps, de proroger la Transition, de faire organiser les élections à titre principal par «le ministre de l’Administration territoriale, Colonel de son état, non moins porte-parole du Gouvernement, qui égrène des communiqués contre la CEDEAO et le reste de la Communauté internationale ». La CEDEAO pourrait «légitimement» relever la «mauvaise foi des Autorités de Transition» et maintenir les sanctions en toute «légitimité»’’.
Cette sortie avec des telles allusions met le Chef de l’Etat dans une posture assez délicate. En un mot, le «M5-RFP de la tendance» d’un Choguel Kokalla Maïga refusant de tirer les conséquences de ce désaveu cinglant – se démettre purement et simplement de sa démissions de chef du gouvernement, invite le colonel Assimi Goïta à choisir entre le CNT et le Premier ministre.
Le «M5-RFP» – tendance Choguel Kokalla Maïga- joue ainsi à un jeu dangereux pour le Mali en déniant au CNT son rôle de législateur. Comment se déclarer partisan de la refondation pour un Mali Kura et exiger de l’organe législatif le vote des lois « les yeux fermés et la tête baissée »?
L’évidence est que l’évolution de la situation interne et sous-régionale ne laisse pas assez de marge de manœuvre au Président Goïta. Se mettra-t-il au-dessus de la démêlée en promulguant cette loi pour ne pas engager dans une autre aventure aux conséquences imprévisibles sur la stabilité des institutions de la Transition, un pays déjà éprouvé par de si dures sanctions ?
Wait and see !
Par Chiaka Doumbia