Au Mali perdure une pratique consistant à faire sortir massivement les enfants, notamment les élèves, pour accueillir les autorités en déplacement à l’intérieur du pays voire dans la capitale. Où, quand des personnalités sont en visite chez nous.
Le drame c’est que, pendant d’interminables heures, sous un soleil de plomb et exposés à divers périls, ces pauvres enfants sont alignés des deux côtés de la route sur tout le trajet. Certains brandissent des pancartes, d’autres des banderoles. Il arrive même que soient réquisitionnés des enseignants et des élèves pour réserver un accueil chaleureux à “l’illustre hôte”.
Dans certains établissements scolaires, des administrateurs zélés vont jusqu’à exiger une liste de présence de ceux qui se sont investis dans la mobilisation. Gare à celui qui refuse de mettre la main à la pâte !
Le même spectacle s’est encore une fois offert à notre regard le 15 janvier dernier, lors de la visite à Koulikoro du Président de la Transition, Général d’Armée Assimi Goïta.
L’histoire post-indépendance du Mali est riche de ces voyages présidentiels à l’intérieur du pays, où des jeunes scolaires ont été mobilisés pour réserver “un accueil triomphal” au chef de l’Etat pendant des jours ouvrables.
Entre nous : le fait de rassemblement des écoliers aux abords de la route pour applaudir les fréquents cortèges – présidentiel ou ministériel – a-t-il quelque intérêt pour le Mali? Absolument rien. Encore moins aux enfants. Bien au contraire, ça leur porte plutôt préjudice en terme de perte de temps d’apprentissage.
Gagne également du terrain, et toujours avec la complicité de l’administration scolaire, une autre pratique : celle consistant à recourir aux élèves pour gonfler les rangs des participants à l’occasion certaines manifestations de rue. Allez savoir si ces innocents ont la moindre idée de la raison de leur présence en ces lieux !
En novembre 2024, des essaims de scolaires ont envahi les rues de certaines capitales régionales pour réclamer la démission du Premier ministre, Dr Choguel Kokalla Maïga.
Ces pratiques participent du renforcement du culte de la personnalité et donnent souvent aux détenteurs du pouvoir l’illusion d’une popularité qu’ils n’ont pas forcément.
Dans le Mali Kura, les élèves ne doivent plus être agglutinés aux abords des routes les jours ouvrables, pour accueillir un responsable, fut-il le Président ou le Premier ministre. La refondation consiste aussi à rompre avec de telles pratiques. Il est temps que çà cesse. Le Président de la Transition peut mettre fin à ces pratiques. Et le Président de la Transition y doit mettre fin. Comme à d’autres pratiques qui ont libre cours. C’est le moment jamais.
Par Chiaka Doumbia
Chiakani tu vas mourir de chagrins, pauvre journaliste végétatif sans **** et sans ****!