Contrairement à l’équipe dirigée par l’Inspecteur général de police, Modibo Sidibé, celle de Mme Cissé Mariam Kaïdhama Sidibé aligne deux ministres issus des rangs de l’opposition. Des opposants dans un gouvernement de ‘’large ouverture’’, de ‘’consensus’’ de ‘’gestion concertée du pouvoir’’, de ‘’mission? Quelle que soit la formule trouvée, la collaboration entre majorité et opposition à un moment ou à un autre, paraît encore aujourd’hui déplacée aux yeux de certains acteurs politiques. Ça les met mal à l’aise. Est-ce au fond le cas de Solidarité Africaine pour la Démocratie et l’Indépendance (Sadi) qui a opté refuser la main tendue du président de la République, Amadou Toumani Touré, pour divergence d’opinion ?
Le Rassemblement pour le Mali (Rpm) et du Parti pour la Renaissance Nationale (Parena) eux, n’y ont vu aucun inconvénient et semblent au contraire déterminés à jouer leur partition dans l’attelage inédit piloté Mme Cissé. Sont-ils tombés dans un piége ou une compromission comme les en soupçonnent leurs détracteurs? Le temps nous édifiera dans un pays où tout ce qui brille n’est pas de l’or.
Mais à vrai dire, depuis la disparition du très regretté Badari Bamba le Rpm n’a plus véritablement joué la carte d’opposant au sens réel du terme et son président, député à l’Assemblée nationale, est quasi -invisible. Ses prises de parole sont rares. Ce qui a fait dire à beaucoup d’observateurs que les Tisserands ont une position ambiguë sur l’échiquier national. Et, comme pour leur donner raison, IBK et ses camarades ont, contre toute attente, voté le projet de loi des finances 2011 en décembre 2010. Le signe annonciateur d’un retour du parti des tisserands au gouvernement ?
L’homme qui détient le plus long règne à la tête du gouvernement (IBK est et demeure le Premier ministre qui a le plus martyrisé l’opposition radicale) connaît mieux les affres de ce chemin politique pour l’emprunter. Mieux que quiconque, IBK sait que l’opposition fragilise un parti politique face à un pouvoir allergique à toute forme de contestation. Depuis 2007, le Rpm et son président semblent hésitants quant à la voie à suivre.
La même analyse est valable pour le Parti pour la renaissance nationale (Parena) dont les cadres ne cessaient de s’illustrer par la pertinence de leurs jugements sur des sujets d’intérêt national et international. L’un des meilleurs soutiens du président ATT au cours de son premier quinquennat, le Parena s’est ‘’jeté’’ en 2007 dans l’opposition pour la simple raison que son président s’est senti humilié pour un contrôle sur sa gestion du sommet Afrique –France que notre pays a eu le privilège d’organiser en 2005. Sinon comprendre que Tiébilé Dramé, qui fut l’un des premiers initiateurs de l’Adp, se retrouve subitement dans l’Opposition ? Outré, le Parena a quitté prématurément le bateau de l’Adp pour former le Fdr. A l’époque, la démarche des béliers ne répondait à aucune logique politique cohérente.
Que faut-il comprendre de l’entrée de ces deux formations politiques dans le gouvernement ? Une anesthésie du débat politique en vue ? Quel peut en être l’avantage pour notre pays ? Des interrogations parmi tant d’autres.
Mais à voir la question du point de vue des républicains, l’entrée du Rpm et du Parena dans le gouvernement ne peut, dans le contexte actuel être une mauvaise chose. Bien au contraire. Car elle est plutôt perçue comme un facteur de stabilisation pour notre pays arrivé à la croisée des chemins dans un environnement international marqué de crises de toutes sortes. En rassemblant au-delà de son propre camp, le président ATT a réussi son pari. Si ce consensus national qui ne prive aucune formation politique de sa liberté de décision permet à notre pays de progresser dans la voie du développement, tant mieux. Dans un contexte difficile, il est souvent nécessaire de mettre de côté les luttes politiciennes.
Par Chiaka Doumbia