Le processus de dialogue amorcé avec la mise en place du Triumvirat est entré dans une autre phase suite à la diffusion des Termes de référence et la tenue d’un atelier thématique le 3 septembre au Centre international des conférences de Bamako. La prochaine étape sera donc l’atelier de validation des TDR.
Quoique les trois personnalités choisies par le Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, pour faciliter le dialogue ont eu à rencontrer les personnalités de la classe politique, de la société civile et des leaders religieux, leur démarche ne semble pas emporter l’adhésion de tous.
Le Front pour la sauvegarde de la démocratie se campe sur sa position de réserve s’il n’affiche une certaine hostilité. En atteste son absence à l’atelier du 3 septembre. L’une des voix les plus audibles de l’opposition à l’heure actuelle, Choguel Kokalla Maïga, voit même en la tenue de ce dialogue politique un stratagème du Président IBK pour légitimer la révision constitutionnelle. L’Union pour la République et la démocratie (URD) a suspendu sa participation aux travaux préparatoires du dialogue. En plus de Soumaïla Cissé et ses compagnons, la Sadi de Docteur Oumar Mariko ne semble pas vouloir y participer en l’état actuel des choses. Le Président du RpDM, Cheick Modibo Diarra, pourtant signataire de l’Accord de gouvernance du 2 mai 2019, n’est pas non plus partant.
La Coalition des forces patriotiques (CoFop) n’est pas revenue sur sa décision de suspendre sa participation aux travaux préparatoires, même si des voix se sont élevées au sein de la Convergence pour le développement du Mali (Codem) pour soutenir le contraire.
La Coordination des Mouvements de l’Azawad (Cma) ne veut pas une remise en cause de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. Ils sont nombreux en son sein à réclamer une relecture de ce document pour mieux assurer son applicabilité.
Une plateforme ‘’Anko Mali dron’’ regroupant des associations de la société civile et des partis politiques, rejette la démarche du Président IBK et de son gouvernement qu’elle qualifie d’unilatérale. Elle appelle à la tenue plutôt d’un Dialogue national inclusif (DNI). Le Président des Forces alternatives pour le Renouveau et l’émergence (FARE Anka wili), Modibo Sidibé, l’un des grands animateurs de cette plateforme avec Mme Sy Kadiatou Sow, appelle à faire la différence entre le Dialogue politique inclusif et le Dialogue national inclusif.
Le Président IBK signe et persiste : le dialogue n’est pas une conférence nationale souveraine. Dans une interview accordée à l’ORTM à l’occasion du 1er anniversaire de son second mandat, il a réaffirmé sa position en ces termes : « Rien n’interpelle une conférence nationale souveraine comme certains se plaisent encore à le penser. Je crois qu’il faut mettre tout cela en ordre. Et chacun aura fait le constat de la nécessité aujourd’hui d’un dialogue en profondeur entre les Maliens sur toutes les thématiques qui s’offrent à nous dans le domaine politique, dans le domaine économique, dans le domaine social. Et surtout dans le domaine du vivre ensemble, les questions de paix et de sécurité. Voilà des sujets assez importants et assez préoccupants qui suffiraient à nourrir un échange entre Maliens !
Donc, c’est un dialogue national inclusif entre Maliens. Si nous arrivons à le conduire sur ce terrain là, nous aurons servi le pays avec beaucoup de foi. C’est ce qui est attendu de nous. Il ne s’agit pas d’une conférence nationale souveraine ». Dans la même interview, le chef de l’Etat fait part de son intention de faire une grande annonce à l’Assemblée générale des Nations Unies au nom des Maliens.
Dialogue politique inclusif (DPI) ou Dialogue national inclusif (DNI), les divergences sont trop profondes entre les acteurs. Les positions sont-elles inconciliables ? Pourquoi les rédacteurs du projet de TDR du DPI ne mentionnent nulle part la participation des forces armées de défense et de sécurité du Mali ?
L’éléphant qui boite déjà risque à ce rythme d’arriver avec une ou deux pattes cassées.
Chiaka Doumbia