Les Maliens devaient se rendre, hier dimanche 19 mars 2023, aux urnes pour se prononcer sur le projet de constitution. Mais quelques jours plus tôt, précisément le 10 mars, le ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Porte-parole du Gouvernement, Colonel Abdoulaye Maïga, a annoncé au cours d’une conférence de presse le report de ce rendez-vous à une date ultérieure. Cette date sera fixée à l’issue de consultations. Un premier couac dans le chronogramme décidé de façon souveraine par le gouvernement de la Transition. L’évidence est que ce report aura des conséquences sur les autres scrutins prévus dans l’agenda du gouvernement. Il s’agit des élections communales et régionales (juin 2023), législatives (octobre-novembre 2023 et présidentielle (février-mars 2024). Le report de ce référendum aggrave les inquiétudes exprimées par des voix crédibles de la classe politique et de la société civile quant au respect de ce chronogramme dont la mise en œuvre effective doit consacrer le retour à l’ordre constitutionnel avec l’élection des autorités légitimes.
Or des retards importants ont été accusés dans la conduite des opérations d’organisation des différentes échéances électorales. Le fichier électoral n’est pas fiable. L’accès à la carte d’identité biométrique devant servir de carte d’électeur est un parcours du combattant à Bamako à plus forte raison dans les campagnes.
Quid des dispositions spécifiques à prendre pour l’enrôlement des nouveaux électeurs ? Le délai convenu avec la CEDEAO pour le retour à l’ordre constitutionnel sera-t-il respecté ?
Lors de sa conférence de presse, le Porte-parole du Gouvernement a tenu à donner des assurances quant à la volonté des autorités à respecter ce délai. Un discours qui tranche cependant avec les propos tenus par le Premier ministre lors de sa visite au Burkina Faso : «Nous n’avons pas de problème communautaire, c’est fabriqué ailleurs et des hommes sont instrumentalisés au nom de l’islam tantôt, au nom des ethnies… pour distraire nos gouvernements. Nous avons décidé de ne plus être distraits, de nous concentrer sur la contradiction principale : lutter pour la paix des populations, leur donner la sécurité physique, alimentaire, éducationnelle, sanitaire et autres parce que sans sécurité, il n’y a pas de démocratie. La démocratie vient après la sécurité. Nous n’avons pas voulu, le Mali et le Burkina Faso, faire comme dans d’autres pays où pendant 20 ans, on a organisé des élections. Et puis, un jour, les partenaires ont décidé de partir et on voit les populations s’agripper aux trains d’atterrissage des avions pour quitter leurs pays, les dirigeants étant partis avant».
A ce rythme, il y aura inexorablement un dépassement du délai de la transition. Ce qui ne sera pas sans conséquences. À l’interne, la situation sociopolitique se crispe de plus en plus. Quant à la pression internationale sur les autorités de la transition, elle ne faiblit pas.
La situation devient de plus en plus tendue avec la multiplication des foyers de contestation. Des soutiens politiques de la transition qui ont rangé les armes, en espérant un retour d’ascenseur des militaires au moment de la course à la magistrature suprême, observent avec prudence les multiples appels à la candidature du Colonel Assimi Goïta.
Le projet de constitution que le Chef de l’Etat a validé, selon un communiqué du Porte-parole du gouvernement, permettra de mesurer la cohésion de l’équipe de transition.
Par Chiaka Doumbia