Au « grand nord » pour reprendre l’expression du Colonel Assimi Goïta, une rébellion armée frustrée par les retards dans la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation cohabite avec les groupes armés djihadistes. La montée en puissance de l’EIGS dans la région de Ménaka et une partie de Gao a donné lieu au déplacement des populations civiles qui abandonnent tout pour se mettre à l’abri dans les centres urbains.
Au centre du pays, les attaques des groupes armés djihadistes ont mis à mal la coexistence entre les communautés avec un brin de stigmatisation. La communautarisation de la lutte contre l’insécurité avec l’implication des groupes armés à connotation ethnique continue d’empoisonner le climat social, éloignant du coup la recherche de solutions durables. De l’avis de plusieurs observateurs, les affrontements qui endeuillent les familles des zones du centre du Mali sont innommables.
Le glissement de la dégradation de la situation sécuritaire, commencé avant août 2020, vers les zones du sud du pays, suscite de grandes inquiétudes au sein des populations. Les groupes armés djihadistes se sont adaptés rapidement au nouveau dispositif sécuritaire et militaire. Les attaques de cibles moelles produisent presque les mêmes conséquences que celles de grande envergure que ces groupes menaient dans le temps contre les postes militaires avancés.
La multiplication des attaques aux alentours de Bamako atteste de la forte capacité de réorganisation des groupes armés djihadistes qui combattent l’Etat central. Il y a eu l’enlèvement, le 20 novembre 2022, du prêtre allemand, le père Hans Joachim Lohre, en plein cœur de la capitale, Bamako où la situation est plus complexe, malgré une précaire accalmie. Les manifestations publiques sont interdites par le gouvernement de la transition pour des raisons sécuritaires.
La gouvernance se bute à d’énormes obstacles avec la perpétuation de la corruption, du népotisme, du favoritisme. Les mauvaises pratiques ont la vie dure, dit-on. Il faut donc aller à plus d’actes concrets contre la corruption.
Le processus de rédaction de la nouvelle constitution a réveillé le débat sur la laïcité de la République. Une laïcité jusque-là non comprise par une certaine composante non négligeable de la société malienne. Ce texte, faut-il le rappeler, fait l’objet d’un rejet de la part de certaines forces politiques qui appellent le Président de la Transition, le Colonel Assimi Goïta à l’abandonner. A l’interne, la pression s’accentue sur les autorités de la transition qui doivent se conformer aux engagements pris pour la tenue d’élections libres et transparentes.
Face à ces défis majeurs, le salut du Mali dépendra en grande partie de notre intelligence collective, de notre union mais aussi de notre sagesse. Si nous ne voulons pas tout perdre, nous devons veiller à nous mettre ensemble.
Par Chiaka Doumbia