Entre Nous : De quoi demain sera fait ?

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22 septembre 1960-22 septembre 2010. Il y a 50 ans, jour pour jour, Modibo Kéïta et ses compagnons libéraient notre pays, berceau des grands empires, du joug colonial, donnant ainsi naissance à la République du Mali. Modibo Kéïta avait su se donner un destin : celui de libérateur de son peuple mais aussi de panafricaniste convaincu.

En quelques années seulement, le régime socialiste, qui avait un grand projet, une grande ambition pour le Mali, a jeté les bases du développement de notre pays. Les industries qui existent aujourd’hui pour la plupart sont l’œuvre de la première République. Aminata Dramane Traoré écrit dans son livre ” Le viol de l’imaginaire” que ”le tort de la première génération de décideurs maliens fut de tenir tête à la France en nationalisant les entreprises et en créant d’autres de même statut, en recentrant la production sur les besoins des consommateurs, en se dotant d’une monnaie nationale-le franc malien-, en fermant les bases militaires françaises. La France, défiée, a torpillé le Mali en quête de liberté et d’autonomie. La coopération avec le bloc de l’Est fut interprétée, selon le jeu des alliances de l’époque, comme une trahison qui n’allait pas rester impunie.  L’alternance politique aura  servi à légitimer et à consolider les mécanismes de prédation et de paupérisation du peuple malien”.

La signature des accords monétaires en mai 1967 a relevé le niveau de la fracture sociale. L’avènement du Comité national de défense de la révolution, la dissolution de l’Assemblée nationale, le mécontentement grandissant de la population dû en grande partie aux exactions de la milice populaire, ont eu raison sur le régime de Modibo Kéïta qui sera renversé par des jeunes officiers, un certain 19 novembre 1968.

De jeunes militaires, la plupart sans grande formation, se propulsent alors sur le devant de la scène. Ils promettent la démocratie. Mais des luttes au sein du  Comité militaire de libération nationale permettent aux putschistes de se consacrer au développement de la nation. Comme un loup qui dévore ses enfants, le Cmln va s’attaquer à ses propres éléments. Au fur et à mesure, les officiers et autres qui ne partagent pas la vision du chef sont éliminés pour laisser la place aux éléments inféodés à Moussa Traoré.

De même, une guerre sans merci est déclenchée pour saper le moral des intellectuels contestataires qui organisent la résistance. Si certains ont séjourné ou  péri dans les geôles de Taoudeni avec des traitements humiliants, d’autres prendront le chemin de l’exil pour sauver leur tête. Ils ne reviendront qu’après la chute du régime. Le régime militaro – civil de Moussa Traoré (l’expression est de l’infatigable combattant de la liberté, Victor Sy, lui-même victime de la répression militaire) a plongé le pays dans une situation économique indescriptible. La répression sanglante qui s’abat en début 1991 sur les manifestants de la rue a sonné le glas d’un régime de plus en plus impopulaire, sourd à tous les appels. Pour arrêter le bain de sang, l’aile républicaine de l’armée nationale conduite par un certain Lieutenant Colonel Amadou Toumani Touré met fin ces 23 ans de règne.

Après une transition réussie, les militaires retournent dans les casernes en confiant le pays au président démocratiquement élu, Alpha Oumar Konaré. Malgré le contexte politico – social extrêmement difficile dû aux crises et autres contestations, Alpha Oumar Konaré a réussi à jeter les bases d’un Etat démocratique à travers la préservation de la stabilité du pays. Les grands travaux entrepris par le général à la retraite, Amadou Toumani Touré, depuis 2002, ont constitué un rayon de soleil dans le cœur d’une population à la recherche de raisons d’espérer.

De quoi demain sera  fait? Aujourd’hui, nous devons avoir le courage de reconnaître nos erreurs. Et cela sans complaisance afin de jeter les bases d’un nouveau départ. Sinon 50 ans après le départ du colonisateur et presque 20 ans après l’instauration du multipartisme, ils sont nombreux les Maliens à se plaindre d’injustice qui règne dans notre société. Notre économie est sous domination étrangère. Ils se sont servis du sang, de la  sueur, des larmes, de  la misère du peuple pour s’enrichir.  Les Maliens continuent à se lamenter en implorant Dieu. Il ne viendra pas si vous ne prenez pas vous-mêmes votre destin.

Chiaka Doumbia

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