Al -Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a de nouveau frappé et fort le 30 juin dernier. En assassinant, à la frontière entre l’Algérie et le Mali, plus précisément à Tinzaouatine, une plateforme de la contrebande, 8 militaires et 3 gardes communaux. Selon une certaine presse algérienne, c’est l’attentat le plus meurtrier que notre grand voisin a connu depuis près d’un an.
En tout cas, ces attaques prouvent à suffisance que les terroristes d’Al -Qaïda peuvent encore défier les autorités politiques et militaires d’Alger, voire de toute la bande sahélo – saharienne. Dire que l’Algérie, le Mali, la Mauritanie et le Niger ont installé le Comité d’état-major opérationnel en avril dernier à 800 km du lieu de l’attentat, à Tamanrasset, pour coordonner les efforts de lutte contre le terrorisme. On apprend aussi que l’attaque est intervenue le jour même de la rencontre à Tripoli des ministres de la Défense de certains pays du Sahel regroupés au sein de la Communauté des Etats sahélo- sahariens (Cen-Sad).
Pour une stratégie de lutte sous l’égide des Nations unies
Interrogé par nos confrères algériens du quotidien ”Al Watan” dans leur parution du 3 juillet, Dr Ismail Maarel, conseiller du Centre arabo – africain pour l’Information et le développement à Nouakchott, a souligné que ”la stratégie de Bamako et d’Alger est très faible et montre des défaillances.” ”Le refus de l’aide étrangère pour lutter contre le terrorisme, en se contentant de moyens strictement domestiques, a constitué un autre danger. Cela pose la question de savoir si ces pays sahéliens sont capables de subvenir eux-mêmes à leur défense. Les pays du Sahel et de l’Afrique sont très fragiles en matière de sécurité. Bénéficier de l’aide étrangère en matière de lutte contre le terrorisme doit être étudié et internalisé. La communauté internationale, France et Etats-Unis en tête, fait pression sur l’Algérie et les pays frontaliers pour régler ce problème. La vision malienne et nigérienne est accoudée à celle de l’Algérie, qui sert fortement l’intérêt de ces deux pays. Je plaide pour l’élaboration commune d’une stratégie de lutte sous l’égide des Nations unies”, a-t-il affirmé.
De l’avis de nombreux spécialistes, il sera difficile de gagner la guerre contre le terrorisme sans conquérir les cœurs et les esprits des habitants du Sahara, surtout ceux du nord du Mali. Donc, il importe plus que jamais de réconcilier les différentes fractions tout en mettant en œuvre des ambitieux programmes de développement du Nord. L’autorité de l’Etat devrait être restaurée sans plus tarder. Pour Jacques Giri, polytechnicien, auteur ”d’Histoire économique du Sahel”, la solution est à chercher au niveau des Touareg. Car, souligne-t-il, ”S’il y avait une véritable solidarité nationale, avec l’intégration pleine et entière de ces populations, cela serait certainement plus facile…”.
Ce dernier vient de donner raison au président de la République du Mali, Amadou Toumani Touré, qui prêche depuis quelques années dans le désert. Pas plus tard que le 8 juin 2010, il déclarait à propos des terroristes : ”Eux, ils promettent le paradis, nous nous promettons le développement’. Sentant le danger venir de loin, le général – président appelle ses homologues de la bande sahélo – saharienne à conjuguer leurs efforts pour éradiquer un fléau qui constitue une menace de grande ampleur, nettement au- delà des frontières des pays concernés.
Il l’a dit et répété à maintes reprises. Les activités terroristes et criminelles d’Al – Qaïda au Maghreb islamique doivent amener les Etats riverains de la région à se concerter régulièrement pour mettre en synergie leurs actions.
Ce qui passe également par le renforcement de leur coopération. ”Ne perdons donc pas de temps. Chaque minute que nous perdons est une minute gagnée par les Salafistes.”, a souligné le président de l’Assemblée nationale, l’honorable Dioncounda Traoré dans son discours d’ouverture de la session ordinaire d’Avril du parlement.
Par Chiaka Doumbia