Entre nous : ATT et le serpent à sept têtes

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L’après investiture ne sera pas de tout repos pour le président Amadou Toumani Touré. Tout se passe comme si la cendre avait été soufflée d’un coup par la brise, révélant les braises incandescentes autour de lui. Comme l’hydre, le fabuleux animal en forme de serpent d’eau ou, selon d’autres croyances, le légendaire reptile à sept têtes. De quoi donner des hallucinations, même à ceux qui ont le plus foi en l’homme, qui a manifestement maille à partir avec le fameux monstre. Par quelle tête l’atteindre ? Tel semble être aujourd’hui le challenge présidentiel à l’entame de son second mandat.

Le parachutiste n’a pas le choix. Il doit nécessairement vaincre. C’est-à-dire trouver des solutions à tous ces problèmes qui se sont signalés ces derniers temps, les vrais comme les faux, c’est-à-dire ceux que des cadres lui auraient volontiers épargnés s’ils étaient réellement compétents et loyaux. Cherchez et trouvez les entre les dossiers suivants : l’Untm, les syndicats des ordres d’enseignement, le procès en appel attendu des journalistes directeurs de publication, la hausse des denrées, les législatives, le dernier rapport du Végal, et bien entendu le récurrent dossier du nord.  Du 8 juin à ce lundi 16 juillet 2007, les affaires du président ne cessent de se compliquer et il  n’a plus à tergiverser pour trancher le nœud gordien, au risque d’être débordé.

Or tout porte à croire que c’est par là que ses adversaires politiques, les syndicalistes et autres l’attendent de pied ferme. De source syndicale, on apprend par exemple que les négociations de la dernière chance redémarrent au plus tard demain mardi. Si l’on s’en tient à ce qui se dit du côté de la bourse du travail. Chaka Diakité, le tout puissant patron de la centrale syndicale n’entendrait pas y aller avec le dos de la cuillère : ’’du concret ou rien ! Auquel cas, bonjour les dégâts avec la grève de 72 heures !

La menace de l’Untm coïncide malheureusement avec la sortie tonitruante du collectif des 5 syndicats des ordres d’enseignement. Les amis de Minta, professeur et censeur du Lycée Nanaïssa Santara, ont finalement opté pour le bras de fer et exigent la libération sans condition de leur collègue et sa réintégration dans la famille enseignante.
Quoique leur réaction ait paru quelque peu tardive aux yeux de beaucoup d’observateurs, nationaux aussi bien qu’étrangers, les enseignants maliens ont surpris tout de même et foutu une belle panique dans les milieux proches du dossier;  le gouvernement et la famille judiciaire.

Si, pour certains, la justice a perdu la face dans son histoire d’auto- saisine à deux vitesses et tout ce qui s’en est suivi, pour d’autres, c’est l’injonction des ordres syndicaux du monde enseignant qui risque de faire encore plus mal.  Les collègues du censeur à l’origine du désormais très célèbre article de notre confrère du quotidien ‘’Info-Matin’’ ne précisent pas les actions qu’ils comptent entreprendre en terme d’actions -au cas où -force est de se convaincre toutefois que le communiqué publié dans certains quotidiens de la place a fait monter d’un cran le mercure du malaise dans lequel baigne les Maliens. Ils disent vouloir réparer le tort fait à un homme à travers ce qu’ils qualifient de ‘’flagrante immixtion du judiciaire dans des affaires de pédagogie’’.

Cette soudaine et brusque colère des enseignants est venue se greffer à la volonté des journalistes anciens détenus de Bamako Coura de revenir à la barre pour laver définitivement l’affront dont ils ont été victimes de la part du juge Théra, un homme qui avait pourtant beaucoup de grâce aux yeux de la presse qui l’aimait bien en général. Embarrassant, lorsqu’on sait que cette affaire a défrayé la chronique au point de faire en son temps la ‘’Une’’ de l’actualité mondiale.  

 Dans la foulée, les Maliens espèrent du président une action vigoureuse qui puisse atténuer le calvaire qu’est subitement devenu leur quotidien en raison de la flambée inexplicable des denrées de première  nécessité. Ironie du sort ? Récemment, comme si les précédents n’avaient suffi, c’est Bakoré Sylla qui déclarait ne pas comprendre les raisons du morcellement des exonérations pour le sucre, alors que pour le riz, on a trié sur le volet.

N’est-ce pas le coup d’envoi d’une autre grosse arnaque sur le dos des pauvres populations ? Et c’est au moment où la cherté du coup de la vie est dénoncée avec vigueur que la centrale syndicale, après son coup d’essai de juin, menace de débrayer pour trois jours.

La récréation, à en croire, Chaka Diakité, est terminée et il n’attend d’ATT et de son gouvernement que du concret. Restent à savoir si l’Etat dispose des moyens pour satisfaire ses revendications.

Et, comme pour ne rien arranger, la colère de l’Untm a gagné en crédibilité avec la publication du dernier rapport de Sidi Sosso Diarra. Les fonds publics ont été sauvagement dilapidés, et souvent par les interlocuteurs des syndicalistes. Mais ce n’est pas tout. Voilà que dans le landerneau politique, on commence aussi à élever le ton. L’Adema entend légitimement jouir des prérogatives que lui conférerait la confirmation à la fin des législatives de la tendance qui s’est dégagée en sa faveur. Eventualité qui ferait peur à des proches du pouvoir, notamment dans le microcosme des indépendants se réclamant tous d’ATT.

L’autre tête du monstre qui repousse avoir été tranchée : le nord – Mali, où des bruits se feraient encore entendre. Cela, ajout à tout ce qui précède, ça fait trop à la fois ! Mon Dieu, inspirez ATT et faites en sorte qu’il ne se trompe de cibles et que son glaive ne commette aucun crime !

                                                      Sory Haïdara

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