Cinq mois après sa brillante réélection à la magistrature suprême, ATT a rompu le silence vendredi dernier en parlant de tous les sujets qui ont fait la Une de l’actualité de ces derniers temps : les rapports du Végal et des différentes structures de contrôle, le P.d.e.s, la formation de la future équipe gouvernementale et la situation au nord.
Une sortie attendue et ATT n’aurait pas fait mieux. Son message à l’occasion de la célébration de l’anniversaire de la fête de l’indépendance de notre pays est riche d’enseignements et annonce, si besoin est, des lendemains politiques riches en couleurs.
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A mots voilés, il a annoncé une positive rupture par rapport à la gestion politique, économique et sociale de notre pays. Il ne pouvait mieux dire lorsque, faisant allusion à notre système électoral et certaines dispositions contenues dans la loi fondamentale en cours depuis 92, il a eu le courage de dénoncer, en affichant sa volonté de nettoyer, en corrigeant les insuffisances que chacun constate et que, curieusement, nul ne dénonce.
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Il s’engouffre en effet dans la brèche ouverte par le président Konaré au crépuscule de son second mandat. La volonté du président de l’époque passait difficilement en raison de la contexture politique de l’époque, une contexture marquée par un climat politico – social délétère.
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Des politiques, en son temps, y voyaient une aubaine pour le président Konaré : celle de toucher à l’article concernant la limitation des mandats du président de la République. Sauf qu’il n’était pas évident que le Coppo d’alors et une frange non négligeable de Maliens se disant excédés du long règne de l’Adéma allaient accepter.
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Or chacun de nous, au plus profond de lui, sait et depuis toujours, que la Constitution de 92, conçue, rédigée et adoptée dans une euphorie révolutionnaire, est non seulement très floue en certains points, notamment le contrôle de l’exécutif par le législatif, mais révèle beaucoup d’insuffisances.
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Le système électoral, dont le président ATT a fait cas est, il faut le dire, à l’origine non seulement du faible taux de participation qui émaille nos différents scrutins depuis 92, mais en ajoute également à l’indifférence quasi- généralisée des Maliens par rapport à la chose politique.
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N’est-ce pas un échec pour la démocratie malienne que 16 ans après la révolution du 26 mars, les Maliens restent à l’article d’une inscription obligatoire, qui, loin de crédibiliser le scrutin, offre une large fenêtre à toute sorte de pratiques malsaines ? Seulement, cette intelligente et si courageuse perspective risque gros pour ATT. Les rumeurs faisant état de sa volonté de rempiler en 2012 refont surface, à moins que, déjà et avant que les choses sérieuses ne se mettent en place par rapport à la relecture des textes, notamment la constitution, il ne déclare publiquement et sur l’honneur son engagement de se retirer au terme de ce mandat.
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Mieux, que sa volonté de faire relire les textes ne concerne nullement la limitation des mandats du président de la République, parce que, il n’y a pas longtemps, il déclarait que c’est sous sa direction que cette constitution a été rédigée et adoptée et que, pour rien au monde, on n’y touchera. Si, aujourd’hui, il recule et voit toute l’urgence de cette relecture, sous quel angle faut- il réellement voir cette soudaine rupture, se demandent les observateurs. En tout cas, les assurances qu’il a données par rapport aux affaires contenues dans les rapports sont un signal fort en direction d’une opinion fâchée avec son président qu’elle accuse, à tort ou à raison, de ne rien faire pour faciliter le règlement de ces contentieux en sommeil forcé.
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Dans son message à la Nation, il martelait ainsi « …Ce renouveau de l’action publique se matérialisera par le renforcement de la transparence dans la gestion des ressources publiques.
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C’est dans ce souci que j’ai veillé, personnellement, à l’accroissement des moyens et des effectifs des différents services de contrôle, sans oublier la mise en place du Bureau du Vérificateur Général.
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Dans la continuité de cet engagement, je tiens à souligner que de juin 2002 au 31 août 2007, j’ai reçu des différents services de contrôle un total de 722 rapports, dont 138 pouvant connaître des suites judiciaires, transmis au Procureur.
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La justice diligentera, sans complaisance, l’instruction de tous les rapports de contrôle, en ne perdant pas de vue, la notion de présomption d’innocence… ». Alors, que cache cette soudaine offensive du président ATT ? Une volonté de remettre les pendules avant de tirer sa révérence, ou quoi ?
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Sory HAIDARA
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