Pour la deuxième fois consécutive, la Confédération nationale des travailleurs du Mali (C.s.t.m.), le Collectif des syndicats de l’enseignement secondaire, le Syndicat national de la police ont manifesté contre l’application de l’Assurance maladie obligatoire. En effet, ils étaient nombreux, le 19 avril dernier, à battre le pavé pour dénoncer cette mesure qu’ils jugent inique. ‘’Voleur ! Voleur ! Voleur !’’ scandaient les marcheurs qui brandissaient en outre des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : ‘’Ne touchez plus à notre salaire ! Il est sacré !’’ ‘’Non à l’Amo !’’.Dire que cette marche de protestation a eu lieu 24 heures seulement après la rencontre de prise de contact entre les responsables de la C.s.t.m. et le Premier ministre, Mme Cissé Mariam Kaïdhama Sidibé !
Les marcheurs exigent l’arrêt immédiat des prélèvements sur les salaires et le reversement de ceux effectués depuis novembre 2010. Arrivés à la primature, les responsables de la Coordination des Syndicats de l’Enseignement Secondaire, de la section syndicale de la Police nationale et de la Confédération nationale des travailleurs du Mali ont été déçus. La maîtresse des lieux à qui ils voulaient remettre leur Déclaration n’était pas sur place. Aussi, ont-ils refusé de la laisser entre les mains du Directeur de cabinet de la Primature, encore moins au ministre du Développement social, de la solidarité et des personnes âgées présents.
Ce ‘’refus’’ du Premier ministre (l’Amo est un héritage encombrant pour Mme Cissé) de recevoir la Déclaration des marcheurs n’est pas de nature à favoriser l’instauration d’un climat serein de dialogue. Surtout que Hamadoun Amion Guindo et ses camarades comptent user de tous les moyens légaux pour faire aboutir leurs revendications.
Peut-on faire le bonheur de quelqu’un sans son consentement ? Voilà toute la question qui doit servir de matière à réflexion. A vrai dire, l’Assurance maladie obligatoire, même si elle a été reconnue par l’autre centrale syndicale, à savoir l’Union nationale des travailleurs du Mali (U.n.t.m.), a du mal à être acceptée par une fraction non négligeable des travailleurs. Pour se rendre compte de l’impopularité de cette mesure gouvernementale, il faut prêter une oreille aux discussions entre ceux qui sont censés en être les bénéficiaires. ‘’Nous avons déjà de maigres salaires.
Si on y opère encore des coupes sombres, comment allons –nous alors faire pour survivre ?’’
S’il tient vraiment à mettre en œuvre une telle initiative, le gouvernement doit surseoir à son application pour l’instant, juste le temps de convaincre les partenaires sociaux encore réticents, encore que ces derniers n’en contestent pas le bien-fondé. « Depuis 6 à 7 ans, s’il y a une organisation syndicale qui a pris part à toutes les discussions sur l’AMO, c’est bien la CSTM. Aucun syndicat digne de ce nom ne peut rejeter l’AMO. Nous pensons simplement qu’à l’heure actuelle, l’Etat mène de façon cavalière le projet. Nous ne sommes pas d’accord avec cette manière de faire ; par exemple le fait de prélever des cotisations sur nos salaires sans nous aviser au préalable. Le déficit d’information est criard», a tenu récemment un responsable syndical lors d’une rencontre avec le ministre du Développement social, de la solidarité et des personnes âgées.
A l’heure actuelle, il y a une impérieuse nécessité de faire une grande campagne de sensibilisation des travailleurs autour de l’Amo. Dans un monde en plein mouvement où l’on assiste ça et là à des crises socio – politiques, le gouvernement doit tout mettre en œuvre pour nous faire l’économie des marches ou de grèves à répétition. Il y va de l’équilibre, voire la stabilité de notre pays.
Chiaka Doumbia
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