Le ministre du Travail, de la Fonction publique et du Dialogue social, Fassoun Coulibaly, a adressé, le 17 janvier 2024, à ses collègues membres du Gouvernement et aux Gouverneurs des régions et du District de Bamako, une Lettre circulaire. Dans laquelle il déplore un fait indigne d’une république qui se respecte. «Depuis un certain temps, mon attention a été attirée sur le non-respect des horaires légaux de travail et un absentéisme de plus en plus élevé, dans les services publics, surtout avant et après les jours de fêtes légales et les jours déclarés fériés, chômés et payés. Cette situation, qui devient de plus préjudiciable aux intérêts des citoyens, usagers des services publics, exige un changement de comportement qui passe par une prise de conscience citoyenne, civique et professionnelle», peut-on lire dans ladite Note circulaire.
Interrogé par notre confrère «Studio Tamani», le Secrétaire administratif de l’Union nationale des travailleurs du Mali (Untm), Issa Bengaly, partage absolument l’avis du ministre. «Les travailleurs de l’administration publique doivent respecter les heures et se mettre véritablement au service des usagers et on ne peut pas développer un pays tant que les travailleurs ne sont pas assidus et dévoués au travail».
L’évidence du non-respect des horaires légaux de travail et de l’absentéisme de plus en plus élevé dans les services publics saute à l’œil. Voilà deux des nombreux maux qui gangrènent l’administration publique malienne. Ces anciennes pratiques, qui ont la vie dure, dégoûtent de nombreux usagers de l’administration. Le clientélisme, le favoritisme, le laxisme, les rackets sont en train de tuer le service public, dans une indifférence quasi-générale des chefs. Lesquels ont perdu toute autorité sur leurs subordonnés parce que s’adonnant eux-mêmes à des comportements incompatibles avec leur statut. Le poisson pourrit par la tête. Ces agents de l’Etat oublient qu’ils sont payés avec les impôts des citoyens.
Un autre problème de ce pays est que les responsables qui doivent sanctionner se complaisent dans une ridicule dénonciation. Le Président, le Premier ministre ou les ministres dénoncent au même titre que les médias ou les organisations de la société civile. La forfaiture en somme, et cela fait peur. Le rôle d’un Président, d’un Premier ministre ou d’un ministre n’est pas de dénoncer une situation, mais plutôt de s’assumer courageusement en prenant les sanctions qui s’imposent. Or par peur, surtout pour leurs intérêts, leur place et autres privilèges, ils font fi de ces obligations régaliennes. De quoi faire retourner dans sa tombe le regretté Dr Sy Boubacar Sada, ministre de la Défense d’Alpha Oumar Konaré, qui a signé l’historique décision de radier 800 jeunes gendarmes. «Un responsable doit avoir le courage de prendre des décisions impopulaires…ou se démettre» répétait-il à qui voulait l’entendre.
Combien de visites inopinées, le ministre du Travail a-t-il effectuées dans les services relevant de son département pour s’assurer de la présence à l’heure de ses agents ? Combien de visites inopinées le Premier ministre a-t-il effectuées dans les départements ministériels pour s’assurer de la présence des ministres à leurs postes ? Le Chef doit toujours donner l’exemple. Un Président, un Premier ministre, un ministre ou un directeur venant en retard ou vidant son bureau sans motif valable ne saurait donc sanctionner qui que ce soit pour absentéisme.
Chiaka Doumbia