Entre Nous : Une femme à la Primature :Promotion ou compromission ?

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La nomination de Mme Cissé Mariam Kaïdhama Sidibé, le 3 avril dernier par le Président de la République, Amadou Toumani Touré, au poste du Premier ministre, chef du gouvernement est à la fois symbolique et historique.

Symbolique ! Parce que notre pays, après le Sénégal, est l’un des rares sur le continent à placer une femme à un si haut poste de responsabilité. Certes, on n’oubliera pas que Ellen Johnson Sirleaf est présidente de la République, celle du Liberia.

Historique ! Car c’est bien la première fois dans l’histoire politique de notre pays que la Maison du Peuple soit occupée par une femme. Sauf que, de la part d’un homme, qui a fait des femmes générales d’armées et de police, il ne fallait pas attendre moins car la volonté d’ATT de promouvoir les droits de la femme ne souffre d’aucun doute. Comme l’attestent les actes qu’il ne cesse de poser dans ce sens depuis sa prise de pouvoir en mars 1991.

Comme un fait du hasard, la nomination de Mme Cissé est tombée à quelques minutes d’un débat télévisé de nos confrères de l’Office de Radio diffusion et de Télévision du Mali (ORTM) sur l’émergence politique des femmes.

‘’Amadou est un homme de parole. Il l’a dit et il l’a fait’’ m’a glissé au cours d’un échange téléphonique, une ancienne chef de cabinet d’un département qui a pour vocation à favoriser l’émergence du genre au Mali. De Kayes à Kidal, les femmes (intellectuelles ou analphabètes) sont aux anges. De façon soudaine, la cote de popularité du chef de l’Etat, qui entame le dernier et ultime virage de son dernier mandat, a connu une hausse spectaculaire chez les femmes qui luttent quotidiennement pour bouillir la marmite. Malheureusement, notre pays ne dispose pas d’instituts de sondage fiables pour nous donner rapidement le pourcentage des Maliennes qui sont très contentes de la décision présidentielle.

Au tableau de bord de l’équipe gouvernementale de Mme Cissé Mariam Kaïdhama Cissé, figurent de nombreuses réformes dont la révision de la constitution du 25 février 1992, le nouveau découpage administratif, la nouvelle carte judiciaire, le code des personnes et de la famille.

Pour les analystes, la nomination de Mme Cissé est à la fois une promotion et une compromission pour les femmes. Sa désignation à ce poste stratégique peut –être perçue comme une manœuvre intelligente du président ATT d’enterrer le très controversé projet de code des personnes ou, le cas échéant, de céder aux exigences des organisations et associations islamiques. Désormais, ATT tient les femmes qui ne peuvent plus lui faire le procès d’intention d’être un obstacle à la promotion de la femme.

Renvoyé à l’Assemblée nationale sous la pression des ‘’islamistes’’ par le chef de l’Etat en seconde lecture, le projet de code est loin de faire l’objet de compromis. Pour les organisations et associations féminines, le texte ne contient pas d’articles qui portent atteinte à la religion musulmane. Les gens ne savent pas le sens de certains termes juridiques. Pis, grognent –elles, ceux qui ont expliqué le contenu du document à leurs fidèles s’y sont mal pris. Ainsi des voix se sont élevées pour avertir les autorités maliennes que le fait de céder aux exigences des associations islamiques équivaudrait à ‘’s’engager sur une pente glissante qui mènera à une fusion totale entre la religion et l’Etat dans le pays.’’

Quant aux ‘’islamistes’’, ils observent aussi tous les faits et gestes du gouvernement et de l’Assemblée Nationale par rapport à ce code. Leur silence n’est pas un oubli. Pour cela, ils pourraient très prochainement exiger l’adoption du code par l’auguste Assemblée.

Contrairement à ses habitudes, l’honorable Dioncounda Traoré a superbement ignoré le projet de code dans son discours lors de la cérémonie d’ouverture de la session parlementaire d’avril 2011. Comme si l’encombrant document n’est inscrit à l’ordre de cette session. Or, il figure parmi les 59 projets de loi déposés sur la table de l’Assemblée nationale.
Chiaka Doumbia

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