Prévues initialement pour avril 2014, les élections communales auront lieu ce dimanche 20 novembre 2016. Les candidats s’affairent actuellement pour terminer la campagne qui, il faut le reconnaître, a été morose dans le district de Bamako. A part les affiches dans les rues et quelques portraits géants au niveau des grands carrefours, la campagne se déroule dans une indifférence totale des citoyens. Ce qui est curieux pour une élection de proximité comme les communales.
Le scrutin de ce dimanche est un véritable test pour le gouvernement de la République. S’il est certain que l’équipe du Président Ibrahim Boubacar Kéïta n’est pas en mesure d’organiser des élections sur l’ensemble du territoire le même jour pour des raisons connues de tous, la sécurisation des opérations de vote reste un défi majeur à relever. La première inconnue de ce scrutin est la capacité de l’administration, notamment des services du Ministère de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et de la Réforme de l’Etat à organiser le scrutin. Les matériels électoraux seront-ils acheminés à temps dans les centres de vote ? Les bureaux de vote ouvriront-ils à temps ? Le personnel des bureaux de vote a-t-il reçu la formation requise pour s’acquitter correctement de sa tâche ?
A Kidal, il n’y aura pas d’élections. Dans un communiqué, la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) a clairement fait savoir sa position. Elle ne permettra pas la tenue du scrutin dans les zones sous son contrôle. Au-delà des zones sous contrôle de la CMA, ses éléments ne perturberont-ils pas les opérations de vote dans d’autres localités ? Quid des groupes armés à l’instar d’Ansardine et de ses filiales qui se sont signalés ces derniers temps par des actions d’éclats ? Ils tenteront non seulement de perturber le processus de vote mais aussi d’intimider les électeurs qui se rendent aux urnes. Dans certaines localités de Gao, Tombouctou, Mopti, Ségou et même de Koulikoro, les candidats craignent le recours à la violence de la part de ces groupes. La deuxième inconnue du scrutin du dimanche est donc le dégré de sabotage de ces groupes qui s’en prennent régulièrement aux forces armées de défense et de sécurité, aux soldats de la paix et à leurs informateurs. En plus des incertitudes et des inquiétudes par rapport à la tenue d’un scrutin apaisé sur certaines localités, la non-participation des réfugiés au vote surtout pour une élection de proximité, peut être source de problème dans les mois à venir. Les réfugiés se sentent exclus du processus. Et ceux du camp de M’bera en Mauritanie ont déjà fait savoir leur position.
La troisième inconnue demeure le taux de participation. Jusque là, la campagne politique n’a pas mobilisé grand monde. Cela va-t-il se refléter dans les urnes ? Difficile d’affirmer même s’il est loisible de constater un certain dégoût de la chose politique de la part des citoyens. On est loin de la grande ferveur populaire qui a accompagné l’élection présidentielle de 2013. Difficile de faire comprendre aux électeurs qui se sentent déçus et trahis par des fausses promesses que la voix de l’abstention est suicidaire et qu’ils doivent se mobiliser pour choisir des femmes et des hommes intègres capables de gérer leurs affaires locales dans la plus grande transparence.
La quatrième inconnue est l’après-scrutin. Que va-t-il se passer ? Si la campagne s’est déroulée dans un climat apaisé, il faut craindre un lendemain agité au cas où les soupçons de tripatouillages des opérations de vote distillés ça et là s’avèrent fondés.
Chiaka Doumbia