L’attaque de Ménaka hier par le MNLA, qui ne s’en est pas caché, réveille des souvenirs douloureux et des hantises d’un passé que nous croyions révolus, même si nous savons que l’unité, la paix et l’intégration des nations ne sont jamais linéaires.
Le pays qui a accepté, en 1992, le dialogue plutôt que la guerre avec ses fils un moment égarés ne mérite pas ce camouflet. Mais il est fait et il va falloir l’assumer et en circonscrire les conséquences possibles. Parmi lesquelles le délit de faciès et le bellicisme outrageant. Parce que simplement porteur de turban ou de peau plus claire, aucun citoyen, aucune citoyenne ne doit payer de son corps ni de sa vie la regrettable erreur de la nuit du mardi.
La République n’a pas d’honneur à reproduire les méthodes des voyous. Nous devons montrer que nous sommes une nation et la même nation. Au Nord, on devra se garder de tout triomphalisme. Au Sud, il s’agira d’éviter de mettre l’huile sur le feu. Car la situation est en soi déjà très compliquée entre un Etat pour lequel tout est négociable sauf l’intégrité du territoire et un projet de sécession qui ne croit plus au fétichisme de l’intangibilité des pays depuis le précédent sud-soudanais et qui connaît encore une précarité dissuasive de ses régions malgré les investissements consentis. Surtout que les nouvelles exigences cohabitent avec d’autres menaces : Aqmi en veine de mises en garde, les trafics de tout, humains comme cocaïne, et l’onde de choc de la crise libyenne.
Des moments durs mais le sursaut est non seulement possible mais nécessaire. En tout cas, la stratégie régionale tant médiatisée de lutte contre l’insécurité dans le Sahel-Sahara démontre qu’elle a un préalable : une capacité nationale de riposte. A moins que l’on ne soit du côté des fatalistes qui trouvent que chacune des solutions proposées par le Sahel et pour le Sahel est elle-même un problème.
Adam Thiam
Mali: plusieurs morts dans des combats entre armée et rebelles Touareg
BAMAKO (AFP) – 23:20 – 17/01/12 – Des affrontements faisant plusieurs morts ont éclaté mardi dans le nord du Mali entre l’armée et des rebelles Touareg, les premiers depuis le retour de centaines d’entre eux qui avaient combattu aux côtés du leader libyen avant sa chute.
Ces combats illustrent l’insécurité grandissante dans l’immense territoire désertique qu’est le nord malien, où opère déjà Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) qui y a installé des bases d’où elle "rayonne" dans plusieurs pays du Sahel, enlevant en particulier des Occidentaux.
Les affrontements ont éclaté près et dans la ville de Ménaka (nord-est), non loin de la frontière avec le Niger et ont duré plusieurs heures. L’intervention d’un hélicoptère de l’armée malienne qui a bombardé les rebelles a apparemment entraîné l’arrêt des combats.
Selon un communiqué du gouvernement, le bilan des combats est, "côté assaillants", de "plusieurs morts et blessés" et "côté Mali d’un mort". "Six véhicules" des rebelles "ont été détruits" et "des assaillants faits prisonniers".
"Ce mardi à 06H00 du matin (locales et GMT), les assaillants comprenant des militaires rentrés de Libye auxquels se sont joints d’autres éléments se faisant connaître sous l’appellation du Mouvement national de nibération de l’Azawad (MNLA), ont attaqué la ville de Ménaka", selon le communiqué.
Les Forces armées ont riposté avec le soutien d’un "escadron d’hélicoptères de combat et l’aviation légère d’appui", qui ont désormais "rejoint leur base", ajoute-t-il
Un porte-parole rebelle touareg se présentant comme "Moussa Salam" a affirmé que les rebelles tenaient toujours mardi soir deux camps militaires de la ville, ce que l’armée a "catégoriquement" démenti.
De sources concordantes, les rebelles qui étaient entrés un moment dans Ménaka, se sont repliés à deux kilomètres de la ville, dans une zone boisée.
C’était "pour éviter de tuer de civils", mais "nous sommes revenus", a affirmé le porte-parole touareg, ajoutant qu’il "n’y a plus de combats".
L’armée a renforcé sa présence dans le nord du Mali la semaine dernière, en concentrant plusieurs centaines d’hommes à Tinzawaten (ou Tinzaouatène), localité située à la frontière avec l’Algérie.
En accédant à cette localité, elle est passée par la zone montagneuse de Zakac où étaient installés des rebelles touareg qui ont alors abandonné leurs positions et se sont éparpillés en trois groupes, dont l’un est à l’origine de l’attaque de Ménaka, selon une source indépendante.
Des centaines de Touareg lourdement armés sont rentrés après le conflit ayant abouti à la chute de Mouammar Kadhafi l’an dernier.
Certains ont intégré le processus de paix offert par le gouvernement du président malien Amadou Toumani Touré, mais d’autres sont toujours retirés dans les montagnes du désert.
Parmi les Touareg qui ont repris les armes, figurent des hommes rentrés de Libye, des officiers déserteurs de l’armée malienne, des combattants du groupe d’Ibrahim Ag Bahanga, ex-chef rebelle mort en 2011 dans un accident de voiture, et ceux d’Iyad Ag Ghaly, figure de l’ex-rébellion des années 1990, devenu un moment artisan de la paix et négociateur dans la libération d’otages européens.
Communauté nomade d’environ 1,5 million de personnes, les Touareg, membres de diverses tribus, sont répartis entre le Niger, le Mali, l’Algérie, la Libye, le Burkina Faso. Des rébellions ont touché le Mali et le Niger dans les années 1990 et au début des années 2000, avec une résurgence de 2006 à 2009.
A la fin de ces rébellions qui combattaient pour la reconnaissance de l’identité touareg, voire pour la création d’un Etat, de nombreux militants et combattants sont partis en Libye où ils ont été accueillis par le régime de Mouammar Kadhafi, nombre d’entre eux étant intégrés dans ses forces de sécurité.
Avec la chute de Kadhafi, ces hommes sont retournés avec leurs armes dans le nord du Mali, plus particulièrement dans la région de l’Azawad, berceau des Touareg, situé entre l’ouest et le nord du Mali, entre Tombouctou et Kidal.
AFP