Docteur Gangle : Le vieux Ganglè réagit avec colère à propos du défilé des soldats de pays cinquantenaires d’Afrique à la fête du 14 juillet, à Paris en France.

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Také : À l’invitation du gouvernement français, les soldats des Etats cinquantenaires d’Afrique ont défilé à Paris le 14 juillet 2010, date commémorative de la fin de l’absolutisme en France. Est-ce un honneur ou un déshonneur pour l’Afrique?

 

Ganglè : Allahou Akbar «Dieu est grand», c’est une honte pour l’Afrique. Les chefs d’Etat africains ayant accepté cette invitation viennent de prouver leur soumission totale à la France. Mais ce n’est pas étonnant. Dans leurs pays respectifs, ils sont considérés comme des gouverneurs des territoires d’outre mer (TOM). Donc, le président français Nicolas Sarkozy leur a donné l’ordre d’aller se mettre au rang. Ils s’exécutent sans hésitation ni murmure, comme on le dit en langage militaire.

 

Qu’est-ce que nos dirigeants ne font pas pour la France ? Assujettis aux réalités du néocolonialisme et gourmands des subventions, ils sont mêmes prêts à se mettre à genoux devant Sarkozy en contre partie d’un égard ou d’une promesse d’argents. Ils sont guidés et manipulés par la France qui leur dicte tout. Les lois, la gouvernance, le système éducatif non convenable au nôtre, les comportements, l’organisation des familles et des personnes entre autres. Bref, nous devenons made in France.

 

Ils veillent à ce que toute notre vie soit calquée sur celle du petit hexagone. Où est la souveraineté de l’Afrique? En 1874, le communiste libéral français Paul Leroy Beaulieu a dit que la colonisation est la soumission d’une partie de l’univers par un peuple civilisateur à sa langue, à ses mœurs, à ses idées et à ses lois. Ainsi jusqu’à preuve du contraire, l’Afrique est soumise et lorsqu’on parle de 50 ans d’indépendance ça me met hors de moi-même. On doit plutôt dire 50 ans d’occupation par le biais des gouverneurs locaux que sont nos présidents de la République.

La mise au rang des soldats nègres exigée et réussie par la France pour sa fête nationale, illustre bien cette vérité. Ils sont partis à Paris pour saluer le drapeau tricolore et marcher au pas et au rythme de la marseillaise comme ça se faisait il y a cinquante ans. C’est une occasion pour nos dirigeants d’affirmer et de renouveler leur loyauté, tout en faisant allégeance à Nicolas Sarkozy. Ce dernier ne fait que poursuivre ce qui se faisait depuis le règne de Louis XVI. C’est-à-dire, la mainmise totale sur les territoires coloniaux qui sont pour la France un patrimoine très riche.

Les méthodes de colonisation peuvent changer, mais le but est de pérenniser le département d’outre mer et le territoire d’outre mer (Dom-Ton) qui sont ses colonies. En 1957 pour des prétendues et illusoires indépendances, la France a exigé comme condition le référendum dont les clauses étaient liées à sa présence dans les affaires économiques, politiques, territoriales, militaires, culturelles, éducatives et sociales en Afrique. Nos premiers dirigeants aveuglés par l’envie d’avoir le titre de président même si c’est pour être sous tutelle, se sont précipités pour plébisciter ce fameux référendum.

Seul Ahmed Sékou Touré de la Guinée Conakry a analysé pour dénoncer le piège tendu dans les clauses. Les autres ont aidé les français à les traiter de communistes fous, d’hommes sans culture et d’ennemis de l’Afrique.

Le néocolonialisme a ainsi eu sa légitimité, en tout cas, aux yeux des occupants qui ont changé de méthode pour mieux mettre les colonies à l’abri des révoltes nationalistes comme en Algérie en 1954. Maintenant, la France obtient tout de nous sans se fatiguer. C’est elle qui met en place nos présidents et les fait déchoir comme bon lui semble. Elle finance nos élections et nous impose ses observateurs qui n’hésitent pas à provoquer des soulèvements et contestations chaque fois que leurs candidats désignés ne passent pas.

C’est pourquoi, nos dirigeants sont à leurs bottes. Mais franchement, le cas de ce défilé du 14 juillet 2010, décrété année du cinquantenaire est très manifestement insultant à la mémoire de celles et de ceux qui se sont battus pour qu’au moins, notre indépendance inqualifiable puisse voir le jour. La France veut montrer au monde que son empire colonial se porte bien, que l’obéissance civique y est totale et que les discours tenus par nos dirigeants à longueur de journée sur les 50 ans d’indépendance ne sont que des mensonges.

Au moment où ils disent qu’ils sont affranchis, Nicolas Sarkozy en rôle de maître les appelle à l’ordre. D’ailleurs, nos soldats n’auront aucune considération dans cette exhibition humiliante. En effet, lors de la 2è guerre mondiale quand la France fut occupée par les nazis, les tirailleurs sénégalais ont versé leurs rangs comme s’ils défendaient leur propre patrie. Après la libération de son pays, le Général De Gaulle a loué la bravoure des résistants français ayant répondu à son appel du 18 juin et leurs alliés en les attribuant la victoire.

Mais la présence africaine était considérée comme figurative. Plus grave encore, pour remercier ces tirailleurs, les français les ont conduits dans un camp à Thiaroye au Sénégal. Une nuit, ils les ont bombardés parce qu’ils ont réclamé leurs droits financiers. Ce fut un carnage sans pitié. Il faut aussi savoir que les vainqueurs des guerres de 1939-45 ont créé l’Organisation des Nations Unies (ONU) pour se partager le butin et décider du sort du monde. C’est-à-dire, imposer leurs dictatures sur le monde à cause de leur victoire sur les nazis et au nom de leurs pertes humaines et matérielles.

Qu’en est-il de notre continent africain? Jusqu’à aujourd’hui, il n’a rien obtenu. Pis, les sans foi ni loi continuent de surexploiter ses ressources naturelles, minières, pétrolières et humaines. Pourtant, l’Afrique s’est battue pour eux avec beaucoup de pertes en vies humaines. Si elle est libre depuis 50 ans quelle est sa part du gâteau et du droit de veto? Zéro!

Jusqu’à présent, la France dispose de notre part dans ce partage. C’est ce que nos dirigeants doivent réclamer au lieu de nous faire ridiculiser dans les rues de Paris, pour un défilé bidon. C’est du n’importe quoi!

Také, éteint ton appareil. On se verra la semaine prochaine, plaise à Dieu!

 

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