Les événements s’en chaînent au nord du Mali notamment à Kidal à un rythme très inquiétant. La situation est d’une extrême gravité avec les dernières évolutions. Après la visite mouvementée du Premier ministre, l’attaque du gouvernorat suivie des prises d’otages puis de l’exécution de huit d’entre eux, la nouvelle de la prise de la capitale de la 8ème région administrative du Mali a fait hier en début d’après-midi l’effet d’un véritable électrochoc au sein de l’opinion publique nationale. Celle-ci avait été réconfortée quelques heures auparavant par la nouvelle de la reprise de la ville par les forces armées de défense et de sécurité qui avaient reçu des renforts. Si les informations selon lesquelles les FAMA se sont repliées sur Gao en abandonnant leur position à Kidal se confirmaient, la situation sera encore difficile à gérer pour le gouvernement du Président Ibrahim Boubacar Kéita.
Comme dans son adresse à la nation, le 19 mai dernier, même si le discours n’a pas été du goût d’une grande partie de l’opinion qui n’a pas caché sa déception (beaucoup de nos compatriotes auraient souhaité que le chef de l’Etat déclare ouvertement la guerre aux ennemis de la nation), le Président de la République doit continuer à faire preuve de réalisme et de lucidité – comme en 2002, après les élections – deux choses qui manquent à beaucoup de responsables qui se laissent facilement emporter par l’émotion.
La situation devient encore plus complexe que les évènements de Kidal sont intervenus dans un contexte extrêmement difficile pour l’actuelle équipe gouvernementale qui doit faire face à de nombreuses pressions à l’interne comme à l’externe. De gros efforts sont en train d’être déployés et souvent avec l’appui de partenaires pour reconstituer les capacités opérationnelles de nos forces armées de défense et de sécurité.
Mais soyons réalistes ! Face à des ennemis derrière lesquels se cachent des mains invisibles, la seule détermination de nos vaillants militaires ne peut pas suffire. La situation qui prévaut actuellement en Libye est telle que toutes les racailles de cette poudrière risquent de se retrouver au nord du Mali, aidées en cela par l’enfant de la forfaiture, adultérin et parricide qu’est le Mnla. Lequel s’est toujours allié aux terroristes et autres narcotrafiquants pour commettre toutes sortes de crimes contre l’humanité en prenant lâchement pour cibles d’innocentes populations civiles et l’armée malienne !
Le Fonds monétaire international et la Banque mondiale manifestent de plus en plus leur inquiétude face à certaines opérations du gouvernement comme l’achat de l’avion présidentiel ou encore la passation du marché du contrat d’armement. Les arguments avancés sont loin de les convaincre. Le FMI par la voix de son porte-parole menace de retarder le prochain décaissement en faveur du gouvernement. Une très mauvaise nouvelle pour un pays sur le pied de guerre avec une économie sous perfusion.
Il ne faut pas se faire trop d’illusions. Pour gérer cette épineuse question qui empoisonne la vie sociopolitique du pays depuis belle lurette, le président IBK ne dispose pas de la même marge de manœuvre que ses prédécesseurs, Alpha Oumar Konaré ou Amadou Toumani Touré. Sous leurs règnes respectifs la Minusma, Serval, la Cedeao et l’Union africaine n’étaient pas à notre chevet. En dépit de leur sincérité désormais sujette à caution aux yeux d’une partie de l’opinion, la Minusma et Serval sont des partenaires avec lesquels les autorités sont obligées de collaborer pour résoudre la crise. Il faudrait en conséquence éviter les déclarations à l’emporte-pièce qui ne sont pas de nature à arranger les choses. Que Dieu sauve le Mali!
Par Chiaka Doumbia
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