Décryptage : Capharnaüm énergétique

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Ce matin, dans décryptage, la crise énergétique à Bamako au moment où tous les regards sont tournés vers les tensions sécuritaires à Kidal.

Depuis quelque temps, Bamako est profondément marquée par les délestages, ces interruptions momentanées et volontaires de la fourniture d’électricité par l’EDM, Energie Du Mali. En cause : un réseau de trafic de carburant. La corruption semble tourner encore à plein régime. Bamako, vendredi 23 octobre 2023, à l’ORTM, Mme Bintou Camara, Ministre de l’Energie et de l’Eau décide de dénoncer “…Le manque de rigueur dans la gestion…” de l’EDM. Selon des indiscrétions, cela fait plusieurs semaines que Madame Camara pense à mettre au cœur du débat la situation énergétique de Bamako. Et c’est aujourd’hui qu’elle a décidé de passer à l’acte. Rappelons que des villes comme Mopti ou Gao croulent depuis quelques temps sous le poids des problèmes d’électricité. Rappelons aussi qu’au Mali l’EDM n’est pas une entreprise comme les autres. Depuis une dizaine d’années, l’EDM est devenue un serpent de mer des différents gouvernements. Elle subit des vents mauvais, accentués par la mauvaise gestion et les règlements de compte. La prise de parole de Madame Camara à l’ORTM aidera-t-elle à sortir de cette ambiance ? Observons !

 

L’EDM, serpent de mer des différents gouvernements

Ce qui est sûr, c’est que la sortie de Madame Camara a suscité la réaction du Syndicat national des constitutions civiles des mines et de l’énergie, Synacome. Lors de la conférence de presse du 27 octobre 2023 du Synacome, son secrétaire général, M. Aba Soufiane Diallo, donne le change. Dans une réponse simple, il résume la crise énergétique à un problème d’investissement, donc d’argent. Décryptage : le Synacome refuse d’être invisibilisé par la Ministre de l’Energie et de l’Eau. Ainsi s’écrit l’histoire de l’EDM dans un pays où toute situation de crise ressemble à une tornade dont l’intensité foudroie la vie quotidienne et économique des Maliens avec un ralentissement des activités économiques. Désormais, la distance qui sépare l’exécutif des Bamakois s’évalue en délestages et en guerre des mots. La Ministre de l’Energie et de l’Eau dénonce. Le Synacome riposte. Dans ce capharnaüm énergétique, deux camps s’affrontent désormais : le Synacome et le Ministère de l’Energie et de l’Eau. Quelle incongruité ! Chaque camp tente d’endosser une posture responsable vis-à-vis des Maliens. Mais cette crise n’est pas comme les autres, car elle se déroule au cœur du pouvoir, Bamako. En attendant le dénouement, les Bamakois sont privés d’un de leurs droits essentiels : l’électricité. Tentons de résoudre la crise énergétique sans grabuge.

 

L’union, le mantra pour nous en sortir

Déconcertant, lorsque l’on sait qu’une des missions principales de Madame Camara, lors de sa nomination en juillet dernier, est de résoudre les “problèmes d’approvisionnement des Maliens en eau et en électricité”. La crise énergétique surgit et devient un élément d’un contexte sécuritaire déjà tendu, notamment à Kidal où le départ du dernier convoi de la Minusma, le 31 octobre 2023, devient un nouvel ingrédient des tensions entre Bamako et Kidal. Aujourd’hui, les risques d’affrontement entre les FAMa et le CSP-PSD sont au summum. Ceci dit, le brouillard de la guerre ne doit pas limiter nos capacités de résilience pour faire la paix. Dans ce sens, plusieurs scénarios sont possibles. Le premier scénario, c’est de créer un canal de négociation entre le CSP-PSD et la transition pour architecturer les contours d’un traité de paix entre les Maliens. Au-delà des soupçons des uns envers les autres, ce 1er scénario impliquerait nos voisins algériens, nigériens, mauritaniens, burkinabés, sénégalais, ivoiriens et guinéens. Quant au deuxième scénario, il consisterait à mobiliser et engager tous les anciens Premiers ministres du Mali, sans exclusion, pour créer un cadre de concertation et de paix. L’union, Margayan en Songhay, doit être le mantra pour nous en sortir. Ce dernier scénario devra s’inspirer des visions de la société malienne de Modibo, Alpha Oumar Konaré, Amadou Toumani Touré ou d’Ibrahim Boubacar Keïta. L’objectif est de nous renouveler en acceptant de surseoir aux conflits de personnes. Car, il s’agit de construire la farandole de l’Amitié et de la Paix entre nous pour éviter le divorce républicain.

L’articulation de ces deux scénarii permettrait de convenir de ce qu’il y a à faire pour maximiser notre capacité de dialogue. Dit autrement, il s’agit pour le Mali de cheminer vers une rationalité politique pour réguler les crises énergétique, sécuritaire, etc., pour le futur du peuple Malien, et cela dans un cadre malien avant que les autres ne s’en chargent. Il y va de notre responsabilité et de l’infrangibilité de notre pays.

Une question, pour susciter la réflexion :

À quelles conditions la paix pourrait-elle revenir ?

 

Mohamed Amara

Sociologue

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2 COMMENTAIRES

  1. La condition,c’est que les COLONELS PUCHISTES lâchent le pouvoir.
    UNE TRANSITION CIVILE DOIT ÊTRE INSTALLÉE!!!
    Cette TRANSITION CIVILE engage des RÉFORMES INSTITUTIONNELLES souhaitées depuis fort longtemps pour corriger les insuffisances constatées dans la pratique démocratique.
    Ainsi,les maliens pourront trouver les solutions à leurs problèmes.
    L’obstacle, ce sont les COLONELS PUSCHISTES.

  2. …….La corruption semble tourner encore à plein régime….. mauvaise gestion …..
    quels euphémismes ; il n’y a qu’à regarder le classement du Mali en terme de corruption et de mauvaise gestion ….. Le champion du monde

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