A qui le porte-parole de la CMA veut-il fait croire qu’il y a une avancée notoire dans la mise en œuvre de l’Accord ? Probablement à ses partisans et aux heureux candidats choisis pour diriger les communes susceptibles d’être gérées par des autorités intérimaires. Le gouvernement va-t-il se laisser séduire par cette sortie médiatique d’une faction minoritaire au sein de la CMA qui a applaudi des deux mains la désignation des siens comme futurs dirigeants non légitimes des régions du nord ? Le gouvernement a intérêt à revenir sur sa décision en rendant le processus de désignation des autorités intérimaires plus inclusif et consensuel. Le retard déjà constaté dans la mise en œuvre de l’Accord, de l’avis de bon nombre d’observateurs, est imputable au gouvernement qui a toujours entretenu des groupuscules minoritaires soutenus par l’Occident sans aucune légitimité. L’impasse constatée dans la mise en œuvre de l’Accord semble bien s’expliquer par un manque de vision du gouvernement et surtout par sa complaisance vis-à-vis de la minorité. Aujourd’hui encore, il semble donner l’impression que tout va pour le mieux après le conseil des ministres tenu pour désigner les futures autorités intérimaires. Cet acte et les réactions qui ont suivi la publication de la liste donnent deux lectures différentes : la première est que le gouvernement est en déphasage avec la réalité sur le terrain, la seconde lecture est qu’il semble avoir un agenda caché qui le fait courir dans tous les sens. La réalité sur le terrain semble être tout autre au regard des déclarations et des communiqués de certaines franges de l’ex rébellion et même de la plateforme loyaliste qui désavouent clairement le ministre en charge de l’Administration territoriale. L’Accord de Paix et de Réconciliation est-il encore dans l’impasse ? La réponse semble être oui dans la mesure où la mise en place des autorités intérimaires qui devaient annoncer le « top départ » du processus de mise en œuvre de l’Accord a du plomb dans l’aile à cause de la forte contestation d’une frange importante des acteurs du processus. La balle semble être désormais dans le camp du gouvernement, lui qui a la lourde responsabilité de piloter le processus jusqu’à son terme. Il doit faire montre d’une grande capacité à transcender les clivages ethniques et communautaires pour rendre inclusif ce premier pas, à la réussite duquel dépendent toutes les autres actions à mener sur le terrain. Le ministre qui semble être coupable des choix partisans en excluant un pan important des acteurs du processus des pourparlers d’Alger, doit revoir sa copie alors qu’il est encore temps pour rectifier le maladroit tir. La paix est à ce seul prix pour enfin atténuer les souffrances des innocentes populations qui sont aujourd’hui victimes des politiques mal conçues
Youssouf Sissoko