Bamako a vibré du 22 au 23 octobre 2016, au rythme du 4e congrès du Rassemblement pour le Mali, RPM. La question que bon nombre d’observateurs de la scène politique se posent est celle de savoir si le nouveau président du RPM, Bocari Tréta, réussira là où le Président par intérim, Boulkassoum Haidara a échoué à assurer la cohésion et à rassembler au-delà du RPM ? Ni le discours d’ouverture du Président par intérim, ni celui de clôture du nouveau Président n’ont laissé présager un lendemain meilleur pour le RPM encore moins pour la CMP. Si le clash annoncé n’a pas eu lieu, plus d’un malien est resté sur sa faim, tant le discours d’ouverture comme celui de la clôture n’ont pas donné l’assurance espérée et le tempo du rassemblement indispensable au sein d’un parti au pouvoir. En décryptant le discours du Président par intérim, M. Boulkassoum Haidara, on se rend compte qu’il a plus été une critique à l’endroit des députés frondeurs qui ont rejoint l’Opposition, s’il n’était pas du reste une invective à l’endroit de l’opposition taxée d’amnésique. Il aura été une véritable apologie d’embellie du bilan de trois ans de gestion du pouvoir par IBK et le RPM. En bon analyste politique, il aurait dû faire son introspection et chercher à savoir pourquoi tant de démissions de la majorité vers l’Opposition et se renseigner un tant soit peu sur l’état d’esprit des maliens trois ans après l’accession d’IBK au pouvoir. Il a manqué à l’homme cette capacité d’auto critique qui sied à un président sortant du RPM et de la CMP. Il lui aura aussi manqué cette intelligence politique propre aux hommes d’Etat qui lui aurait permis de tendre une main amie à ses anciens camarades démissionnaires dont l’histoire retient que certains ont pu revenir dans leur parti après l’avoir quitté. Son discours fut d’une virulence inamicale qui ne laisse aucune possibilité de retour des députés déserteurs. Boulkassoum Haidara ne devrait jamais oublier qu’un départ politique fut-il d’un militant à la base, est une plaie dans la cohésion du parti et un électeur de moins dont l’entourage lui emboiterait le pas.
Quant au président entrant, Dr Bocari Tréta, son discours n’a pas été non plus à la hauteur de l’événement. Il était d’un style relâché moins soutenu, ne laissant entrevoir aucune perspective de rassemblement ni au sein du RPM d’abord, ni au sein de la CMP. Dr Tréta dont le sacre à ce poste, il faut le dire en passant, est des plus mérité et logique au regard du parcours politique de l’homme, de sa fidélité aux idéaux du parti mais aussi et surtout de son amitié avec le Président IBK. Il n’a pas su tenir un discours des grands jours à la dimension du chef de file d’un parti au pouvoir comme le RPM qui a été longtemps miné par les querelles intestines et dont les différents clans n’auront fait la paix des braves que sur insistance du Président IBK. Mais hélas, en lieu et place du genre de discours qu’un Alpha Oumar Konaré a su tenir à son investiture en tant que candidat de l’ADEMA et aussi comme président élu. Le discours tant attendu de Tréta par beaucoup d’observateurs de la scène politique malienne qui devait sceller l’union entre les différents clans au sein du parti, celui qui devrait baliser le chemin de la réconciliation des cœurs et des esprits et donner l’assurance aux autres partis de la Majorité que le RPM revenait n’a pas eu lieu. Que dire du jugement du malien lambda sevré depuis fort longtemps du débat politique contradictoire entre la Majorité et l’Opposition. Tréta doit rentrer dans un discours plus rassembleur, moins va-t-en guerre et surtout moins solitaire.
En somme, si le Président par intérim n’a pas pu épargner une saignée de députés à son parti et réussir le grand rassemblement républicain autour d’IBK, le nouveau Président du RPM vient de rater un tournant décisif pour se muer en homme d’Etat capable de transcender les clivages partisans et se poser en rassembleur.
Youssouf Sissoko
Cher journaliste, comparez ce qui est comparable.Même le patron de Tréta IBK n’atteint pas le GRAND KONARE à la cheville .Alors un peu de respect pour le grand panafricaniste.
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