Bon maintenant tout est clair : ATT va au nord et invite les rebelles à descendre de la montagne pour venir dialoguer sur la plaine. Ceux-ci quittent la montagne, traversent la plaine pendant plusieurs heures, mais au lieu de dialoguer, « ils se mettent à tirer sur tout ce qui bouge ». Y compris trois ou quatre Touareg intégrés, selon le Président. Ensuite, on apprend que l’attaque de Nampala n’avait pas « d’objectif stratégique ».
Et ce n’est pas fini. Derrière la main criminelle des assaillants, on voit un peu tout le monde : l’Algérie qui doit avoir mal aux tempes tant elle reçoit de gifles verbales, la Libye parce que son Guide est imprévisible a été récemment l’hôte de Bahanga, les Américains à cause de leur haine virale pour Al Qaeda qui a une base chez nous, la Mauritanie parce que les colonnes rebelles sont passées par son territoire. Tout le monde sauf (presque) l’Etat malien lui-même. Et sauf les rebelles eux-mêmes qui ont pourtant signé l’accord de paix d’Alger, même s’ils l’ont dénoncé plus tard avec plusieurs motifs dont le plus récent est qu’il n’ a pas obtenu de l’Etat que la classe politique et la communauté internationale soient associés aux négociations de paix. En attendant les boucheries de Abeibara à Nampala révèlent deux grands drames du pouvoir.
Le premier : il baisse trop facilement la garde ou alors ne sait pas nous défendre, car offre de paix ne doit pas signifier sieste pour les sentinelles et les renseignements. Le second drame : l’aveuglante incapacité à faire de la communication de crise. En effet, la nouvelle de l’attaque de Nampala avait fait le tour des radios et des sitewebs du monde, avant d’être subrepticement « communiquée » vers la fin du journal du samedi. Avant elle, force gros plans sur le gouvernement massivement aéroporté à Kayes, sur un Président « mal réveillé » et sur son appel de paix réitéré.
Mais c’est déjà du passé et je ne m’en mêle plus. L’actualité, c’est cette petite phrase du grand-frère : « trop c’est trop ». On aimerait deviner, à travers ce constat, que c’est sa dernière attaque que Bahanga vient de signer à Nampala. L’armée nationale va prendre le chemin du Nord précédée de colonnes entières de volontaires, dont certains de nos virulents internautes et journalistes pour le siège de Tegargar, les uns avec des kalach, les autres avec des paires de babouches dès que Bahanga montre son visage. Histoire d’éviter que les manuels de géographie un jour ne mentionnent Kidal parmi les pays limitrophes du Mali.
Adam Thiam