De quoi je me mêle : Supprimez la présidentielle en Afrique !

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Son élection par le biais du suffrage universel « confère au président de la République une posture quasi monarchique… Elle encourage l’opinion dans sa propension naturelle à s’en remettre à un Prince plutôt qu’à accorder sa confiance à des institutions. Elle tend à dépolitiser le débat public au profit d’un affrontement d’hommes. Elle confie… la réalité du pouvoir à un homme irresponsable devant la représentation nationale ». Vous avez bien noté les guillemets ? Oui ? Ces phrases terribles sont de Thierry Michalon dans un article publié par le Monde Diplomatique en novembre 1997.

L’article en question ne posait pas, lui, de question car il était gravement intitulé « pour la suppression de l’élection présidentielle en Afrique ». A l’époque nous avions grondé son auteur comme du poisson pourri puisque, pour nous, il ressortait le vieux cliché des Africains perdus pour le progrès, incapables de «rentrer dans l’Histoire», bons que pour les déhanchements zoulous, un os à travers le nez, avec le tam-tam pour système respiratoire.

Treize ans après l’article prémonitoire qui disait simplement que nous pouvions arriver à la légitimité républicaine sans ces présidentielles sanglantes, si le continent n’écoutait pas que son orgueil, il devrait former une délégation pour aller présenter ses excuses, avec deux coqs rouges et dix colas blanches. Parce que regardons : on fait des élections, le premier est nommé Premier…ministre et le vaincu conserve la présidence de la République.

Ou alors, chaque candidat vient à la contestation avec des procès verbaux différents mais dûment établis, certifiés conformes et devant huissier et la Cour nomme qui de droit. Ou encore, on fait le premier tour et le second tour attend que les deux finalistes se mettent d’accord sur le choix du président de la Ceni. Les Ceni, ce bébé-éprouvette des démocraties d’après Baule déjà frappées de sénilité et de cécité. Ou enfin, on retarde tout de cinq ans pour être prêt. J’ai une proposition pourtant: faire comme en Afrique du Sud où le président est d’abord député avant d’être choisi parmi ses pairs.

Adam Thiam

 

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