De quoi je me mêle : La seconde mort de Nkrumah

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L’Osageyfo, nul doute là-dessus, restera l’un des plus grands noms du continent à l’épanouissement duquel il avait dédié toute sa vie, tout son combat. Avant l’indépendance de son pays qui fut arraché en 1957, trois ans donc avant celles des dix sept états qui fêtent leur cinquantenaire cette année.

Pendant qu’il était au pouvoir où il fit du panafricanisme son cheval de bataille et même après sa chute où entre semi captivité et amère désillusion, il regarda, de la Guinée, l’internationalisme prolétarien dévorer, un à un, ses plus valeureux enfants. « L’Afrique doit s’unir » était son slogan plus tard repris partout où l’homme noir luttait pour sa dignité. Il n’y avait rien de plus normal, par conséquent, que de lui dédier livres d’histoires, hommages poignants et monuments capables de traverser le temps pour parler à ceux de nos enfants qui ne savent qui est Nkrumah.

Le monument en son honneur dans la très futuriste ACI 2000 qui devient malheureusement le lac Debo après chaque averse participe d’un nécessaire devoir de mémoire et de gratitude. Mais le tout n’était pas de construire cette imposante statue, mais aussi de l’entretenir. Parce qu’on le regarde de face ou de dos, le premier président du Ghana est submergé par le vert de gris, la moisissure des pierres ou du bronze qu’on n’entretient plus.

 Si rien n’est fait, dans quelques années, on verra un eucalyptus sortir du bras gauche de la statue, de la mauvaise herbe envahir son buste et une touffe d’arbre à zaban pointer au milieu de son nez. Alors, les taximen indiqueront l’endroit comme à Mogadisiu où toutes les belles infrastructures sont à l’imparfait : « là où il y avait la statue de Nkrumah ». Evitons cela. Ce n’est pas que je me mêle de ce qui ne me regarde pas, mais je demande solennellement aux volontaires de se joindre à moi pour passer un coup de brosse au héros oublié.

Adam Thiam


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