Ecoutez simplement les titres des radios étrangères et vous aurez une idée de la décomposition très avancée de la grosse dépouille qu’est devenue l’Afrique : sur fond de présidentielle à candidat unique, les Burundais manipulent les grenades comme les petits jouent du pétard à la saint sylvestre ; les Chebabs connus pour leur art de découper en petits morceaux leurs ennemis menacent le processus électoral du seul petit havre local qu’est le Somaliland ; un train se renverse au Congo Brazza et le bilan officiel est tous les jours revu à la baisse contrairement aux témoignages de citoyens; la France pressent son nouvel ambassadeur au Sénégal et c’est l’opposition qui le récuse comme si elle n’avait plus rien à faire que d’assurer la police de la coopération ; gros scandale financier en Côte d’Ivoire dont le Premier ministre ne serait pas loin.
Rien que des infos macabres, des scoops qui confirment que nous sommes restés en république bananière et qui éloignent, chaque fois, la perspective de l’Afrique qui gagne. Sauf dans les domaines de la musique (là nous cartonnons) et un peu du foot (grâce à nos représentants dans les championnats européens qui sombrent toujours dans les sélections nationales).
Même quand la fameuse et fumeuse communauté internationale parle des élections en Afrique, comme ce dimanche en Guinée, elle ne se préoccupe pas de savoir si le matériel était en place, si les électeurs ont pu voter, et si les problèmes d’organisation n’entachent pas la sincérité du processus. Pour les partenaires du continent, c’est déjà un franc succès que les sauvages n’aient pas sorti la machette à la place de l’encre indélébile. Quel mépris ! Mais quel mépris mérité ! Nos chefs n’ont qu’une obsession : être validés par Sarko et Cie.
Qu’on me donne moi, ma part de PNB, donc quatre cent dollars, et je rends mon passeport, je renonce à mon statut d’africain puis je prends les mers comme ces hordes d’anciens pêcheurs lebbous mis au chômage par les bateaux de pêche occidentaux. Et je ne me mêlerai plus des affaires du continent. Wallahi!
Adam Thiam