Comme tout le monde, j’ai des amis cool et d’autres qui le sont moins, des amis qui savent prendre leur mal en patience et d’autres qui se sont fait une spécialité de ruer dans les brancards. Pour un oui ou pour un non. Il se trouve que l’histoire qui suit et qui vient d’un de ces amis grognons est malheureusement celle d’un… non. Elle concerne les plaques d’immatriculation des voitures. Ici au Mali, semble t-il, c’est un vrai parcours de combattant que d’avoir ce petit bout de métal. Il faut attendre des semaines, voire des mois.
Et tous les arguments seraient bons pour ne pas mettre en cause les limites techniques de l’opérateur historique : les douaniers tardent à envoyer les bordereaux de transmission ; à l’ONT, ce sont des escargots ; l’éclipse lunaire de 1864 a irradié la machine qui découpe les plaques ; la grève des transporteurs qui a retardé la livraison des composants entrant dans la fabriques desdites plaques ; les méchantes grippes qui alitent les employés de la maison spécialisée.
En comparaison, soutient mon inconsolable polémiste d’ami, au Sénégal, vous avez votre immatriculation en une semaine ; en Guinée Conakry, c’est en quelques heures et même en Guinée Bissao dont nous aimons nous moquer, on attendrait au maximum dix jours. Alors pourquoi donc, c’est si lent ici alors que le processus coûte quand même plus du salaire d’un cadre supérieur avec cinq ans d’expérience professionnelle ? Silence absolu de mon ami : il regarde à gauche, à droite, veut parler mais décide de se taire car après tout, les confidences aux journalistes sont autant de scoops. Visiblement, il a peur de me donner les raisons. Or le défaut de plaques déchaîne les sifflets des flics ! Et moi vous me connaissez, je ne me mêle que de ce qui me regarde. C’est à la Banque mondiale d’exiger la privatisation du business des plaques pour la concurrence, donc la transparence dans le secteur. Ce n’est pas ce qu’a dit Adam Smith ?
Adam Thiam
