Vilalta et Pascual, les Espagnols fraîchement libérés sont à la table de Zapatero. Lui a de l’appétit et de l’entrain, ses hôtes mangent et parlent peu. « Mangez donc. Rien n’y fit. « J’espère que vous vous portez bien » dit-il inquiet. « Hamdoullah » répond Pascual. « Oh Jésus! Tout à l’heure, vous avez accueilli le repas par bismillah et maintenant c’est hamdoullah. Vous n’êtes pas chez Zarkawi, je vous prescris un psy ».
Puis d’instruire à son protocole : « prenez-les chez Dr Juanitas et rendez-moi compte dans une semaine ». Une semaine après : « les deux otages vont nettement mieux » relate le chef du protocole qui l’informe qu’ils mangent plus mais qu’ils refusent de prendre leurs injections par l’infirmière au motif que c’est presque de l’adultère, donc haram. Plus grave, il ajoute que les hôtes se disent dégoûtés par les gaspillages et la décadence de l’occident chrétien, qu’ils exigent d’avoir les yeux bandés et que leurs visages s’illuminent chaque fois qu’ils reçoivent le bonjour téléphonique de quelqu’un qu’ils appellent Rais Belmokhtar ». Convoquez-moi le Psy. « On ne peut pas », déplore l’agent de protocole. « Et pourquoi ? ». « Il paraît qu’il se trouve entre Nouhadibou et Nouakchott, cherchant à se faire enlever ». Le Premier ministre lui coupe la conversation et lui demande un nouveau rapport dans une semaine. « In challah » s’entend-il répondre.
Puis, paniqué, Zapatero convoque une conférence de presse sur l’expansion de l’islam à travers le syndrome de Stockholm. Pas foule, les deux-tiers des journalistes catalans qui couvraient les sujets sur ces otages s’étant indignés de ce que la rencontre ait été programmée à l’heure de la prière de « Asr ». Seul recours donc pour le Premier ministre : le roi en personne. Il attend quelques jours mais il finit par le voir. Le Roi qui, en général, n’aime se mêler que de ce qui le regarde, était heureusement en train de lire lui-même un livre élogieux de Camatte sur Abuzeid. « Ikra » fait le souverain à son visiteur. « Pardon, majesté » ?. « Ikra, c’est-à-dire lis, la sourate par laquelle il y a eu la lumière ». « Mais qui est donc ce « il »,
Majesté? Et sa majesté choquée par tant d’ignorance de répondre : « le Prophète Mohamed, Paix et Salut sur Lui ».
Adam Thiam