ATT, un nom qui sonne bien à l’oreille et prononcé au moins une seule fois par chaque Malien. L’homme, aux dires de ceux qui l’ont pratiqué, incarne plusieurs personnalités : officier aguerri, ami fidèle, bon père de famille et roi des blagues. Quant au Malien d’en bas, ATT est d’abord un béret rouge, qui a été le sauveur de tout un peuple, pas contre des ennemis d’autres pays, mais plutôt des griffes d’un dictateur, Moussa Traoré.
Ensuite, l’humanitaire, l’ami des enfants, celui qui a éradiqué la dracunculose et d’autres fléaux au Mali. Puis, l’homme fort qui a été le seul capable de racoler les morceaux d’un paysage politique décimé par les querelles de dix ans entre Alpha Oumar Konaré et les opposants du COPPO. Comme par enchantement, son retour au pouvoir a été applaudi des mains et des pieds par tout un peuple agacé d’hommes politiques sans véritables carrures politiques.
Après cinq ans de pouvoir, une frange importante de cette population par un nouveau slogan « Takokelén » (plébiscite) a permis le retour en un seul tour du héros du Mars 1991.C’est précisément en ce moment que les Maliens découvriront les autres facettes de l’homme. Son pacifisme (surtout sur la question du Nord), son franc-parler (lors de ses interventions), mais aussi son amour à la patrie et surtout sa détermination à faire des grandes œuvres (infrastructures…) pour son pays, le Mali.
Rarement, un chef d’Etat malien a été aussi proche de son peuple, traduire ses besoins en préoccupations et l’offrir une liberté grandiose d’expression.
En véritable soldat, il n’a jamais accordé d’importance aux provocations et autres attaques dont il faisait objet de la part de certains esprits malveillants. Malgré son grand pouvoir Il n’a point voulu abaisser ses compatriotes, même ceux congédiés de certains postes gouvernementaux. D’ailleurs, comme par enchantement, ils se sont tous vu confier d’autres responsabilités qui leur permettraient de corriger leurs lacunes antérieures.
Après huit ans de gestion, si les Maliens ont retenu quelque chose de bien de cet homme, c’est bien son patriotisme et son attachement aux infrastructures. L’on ne peut pas à tout hasard citer comme dans un calcul mental, le nombre des grandes routes réalisées par ATT. Ainsi que les autres gigantesques chantiers lancés ou inaugurés par lui.
Dans deux ans, par ce qu’il doit partir, une chose reste évidente, son départ fera pleurer bon nombre de Maliens qui se rappelleront toujours de lui à chaque fois qu’ils emprunteront l’échangeur multiple du rond point de la colombe pour se rendre à la cité administrative ou le 3ème pont de Bamako pour se rendre à l’hôpital du Mali…
Moustapha Diawara
A propos de… PDES Présidentiel et Galvaudage Gouvernemental
Le PDES est le projet de société qu’Amadou Toumani Touré, alors candidat à sa propre succession, en 2007, a proposé au peuple malien. Il est décliné en plusieurs axes stratégiques qui couvrent l’ensemble des préoccupations des différentes couches sociales. Apolitique, donc atypique dans un paysage politique dominé par la politique politicienne, Amadou Toumani Touré, qui n’avait, essentiellement, pour seule famille que le parti de la demande sociale, a été réélu sur cette base, dès le premier tour, balayant tout sur son passage. Pendant toute la campagne qui a précédé cette réélection, le PDES a été expliqué en long et en large. Mais, il faut croire que le projet présidentiel a, également, été expliqué en travers, sinon, de travers. Parce que, depuis le 08 juin 2007, date de son investiture, pour un deuxième mandat, depuis qu’ il a nommé son Premier ministre, en l’occurrence, Modibo Sidibé, et constitué son premier gouvernement, qui n’a connu, par la suite, que des modifications mineures, depuis qu’ Amadou Toumani Touré a repris les rênes du pouvoir et commencé son magistère, depuis donc tout ce temps, le Programme POUR le développement économique et social (PDES) est devenu, pour les uns, PROJET DE développement économique et social (PDES), pour les autres, Programme DE développement économique et social. De sorte que les populations n’y comprennent plus grand-chose à ce concept hautement présidentiel. On peut s’étonner que nous soyons nous-mêmes étonnés de ce mélange de terminologies et nous rétorquer qu’elles signifient toutes, ces terminologies, la même chose. Que la principale raison en est le lapsus, ce fameux mot inventé par les psychanalystes, psychiatres et autres psychologues pour expliquer certains phénomènes et troubles de la mémoire. Mais, est-ce un simple lapsus ? Rien n’est moins sûr. En effet, le lapsus intervient de manière très épisodique, pour ne pas dire rarement, dans les discours, appris par cœur, sans cesse ressassés, des responsables qui remuent sept fois la langue avant de s’exprimer. D’où viennent alors ces nombreux lapsus, servis quotidiennement, régulièrement, permanemment, par les hauts fonctionnaires chargés de conduire et de gérer les affaires de l’Etat. Car, il ne faut pas s’y tromper, ce mélange de terminologies, qui traduit une confusion des genres, se pratique en très haut lieu : les présidents des institutions de la République, les ministres, les grands commis de l’Etat. En bref, tous ceux qui sont effectivement chargés de traduire en actes le projet de société du président de la République. D’où cette question : si tous ces messieurs-dames ne peuvent même pas prononcer correctement l’intitulé de leur mission, ont-ils compris cette mission ? On sait qu’Amadou Toumani Touré a pris le soin, dès le début de son deuxième mandat, d’expédier à son chef de gouvernement une longue et détaillée lettre de cadrage qui contient, explicitement et implicitement, toutes les grandes lignes du Programme POUR le développement économique et social, lequel est sa réponse à la demande sociale. On sait, également, que Modibo Sidibé, en sa qualité de Premier ministre, n’a pas manqué, à son tour, d’adresser une feuille de route à chacun de ses ministres. En sus, des séminaires gouvernementaux ont été organisés, des cadres de concertation interministériels ont été créés. Quel est le vrai fondement de tout ce dispositif ? Que contiennent ces feuilles de route censées expliquer aux membres du gouvernement, d’un axe stratégique à l’autre, secteur par secteur, domaine après domaine ? Qu’a dit le Premier ministre ? Qu’ont compris ses ministres ?
Visiblement, beaucoup de ces ministres n’ont pas compris grand-chose à leur feuille de route, certains ont été débarqués de l’attelage gouvernemental. Mais était-ce suffisant ? Non, à notre avis. Parce que les ministres congédiés- les derniers ont été vidés en début d’avril 2009- ne sont pas les seuls, tant s’en faut, qui méritent d’être limogés. On en veut pour preuve, le profond malaise économique et social qui sévit dans ce pays depuis des années. Il est vrai que dans un contexte marqué, depuis près de trois années, par les crises alimentaire, économique, financière, énergétique, le président Touré, son chef de gouvernement et certains ministres ont fait l’essentiel pour éviter au Mali les dérives et explosions observées ailleurs, y compris chez certains proches voisins. Mais, justement, ces crises ont été l’occasion pour le président du parti de la demande sociale de se rendre compte que certains hommes et femmes ne sont pas à la place qu’il faut. La solution ? Que le président se rende à l’évidence d’un remaniement ministériel. Pas un réaménagement technique ou un réajustement, mais un véritable et authentique coup de balais. Cela aura pour mérite d’envoyer sur le terrain, surtout, les acteurs politiques, pressés qu’arrive 2012, impatients de grimper la colline de Koulouba pour investir « la maison du Mali », et continuer à galvauder le programme POUR le développement économique et social. Le deuxième mérite sera pour le président Touré, lui-même, de se retrouver dans son projet et de le recadrer, parce qu’il lui arrive, à lui aussi, de prononcer l’une ou l’autre formule, mais, depuis 2007, jamais la bonne. Toutefois, on peut lui rendre cette justice : le PDES, bon intitulé ou pas, est vraiment en marche, au cours de ces dernières années, beaucoup de première pierre, de premier coup de pelle ou de pioche ont été donnés, et beaucoup de coupure de ruban symbolique, d’inauguration sont attendus, notamment pour le 22 septembre 2010, date du cinquantenaire de l’indépendance nationale.
Cheick Tandina