Coup de Griffe : La Transition, parlons-en !Dans son sens étymologique, la transition vient du latin transire, qui signifie passer d’un lieu à un autre, d’un parti à un autre, d’un sentiment, d’un sujet à un autre, passer d’un état à un autre, aller au-delà. Ce mot que nous utilisons tous les jours quand nous parlons ou agissons, sans transition s’il vous plaît, avait un sens précis en politique où l’on parlait de « transition démocratique », c’est à dire un processus politique qui permet un passage progressif d’un régime dictatorial à une démocratie. Selon les pays, elle peut prendre des formes très différentes. Mais le mot est de plus en plus galvaudé en politique, au point que même les régimes où la démocratie est une réalité se l’approprient. On ne peut alors y parler de transition démocratique. On simplifie avec une expression fourre-tout : « Phase de transition politique » pour désigner le passage d’un régime à un autre. Une phase qui s’achève généralement avec l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement et d’une assemblée législative résultant d’une élection libre et disposant d’un pouvoir souverain. Elle est généralement suivie d’une phase de consolidation de la démocratie pour en assurer la stabilité. Ce qui correspond bien à la situation du Mali. En Afrique, la Transition est le remède miracle trouvé par la communauté internationale pour mettre un terme aux guerres civiles et aux cycles de rupture abusive de l’ordre constitutionnel. Si dans le premier cas cela amène les différents protagonistes à jeter les armes pour se réunir autour d’un système provisoire de partage du pouvoir, lequel devant aboutir au rétablissement de la vie politique nationale normale, dans le deuxième cas, il a été beaucoup plus question d’aménager une porte de sortie à des putschistes avec une amnistie, au nom de l’élan de réconciliation national couvert du vernis de Transition. Pour cette raison, si des transitions ont abouti à des régimes stables, d’autres transitions ont abouti à des transitions précaires aujourd’hui remises en cause. Mais il y en a aussi, comme le cas du Mali, qui n’aboutissent pas comme souhaité et entrainent un cycle de coups d’Etat. C’est parce que, très souvent, contrairement à ce que l’on pense, la Transition ne renforce pas l’exercice de la souveraineté d’un pays qui se trouve mis de fait sous tutelle internationale d’organisations qui imposent un calendrier irréalisable, en si peu de temps. Ce goût d’inachevé malgré l’organisation à la sauvette d’élections contestables et contestées, devient le terreau fertile à la perpétuation de coups d’Etat. Lâ gît toute la question relative au programme de la Transition au Mali qui ne doit comporter que l’essentiel permettant le retour rapide à une vie constitutionnelle normale, en lieu et place de faire croire qu’on peut, en si peu de mois, faire table rase d’un pan important de pratiques politiques et institutionnelles décriées et les remplacer par le changement tant clamé. La Transition pilotée par ATT en 1991, une référence pour le Mali, était pourtant confrontée à de la résistance de ceux qui se réclamaient « héritiers politiques » de Moussa Traoré, contre lequel régime, évidemment travaillait la Transition d’alors. Ironie du sort, c’est à ces résistants d’hier que revient la mission délicate de conduire la transition actuelle au Mali. Attention à la déception qui amènera la population à considérer que les lueurs de la Transition ne sont en réalité que des leurres. Amadou Bamba NIANG

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Dans son sens étymologique, la transition vient du latin transire, qui signifie passer d’un lieu à un autre, d’un parti à un autre, d’un sentiment, d’un sujet à un autre, passer d’un état à un autre, aller au-delà.

Ce mot que nous utilisons tous les jours quand nous parlons ou agissons, sans transition s’il vous plaît, avait un sens précis en politique où l’on parlait de « transition démocratique », c’est à dire un processus politique qui permet un passage progressif d’un régime dictatorial à une démocratie. Selon les pays, elle peut prendre des formes très différentes.

Mais le mot est de plus en plus galvaudé en politique, au point que même les régimes où la démocratie est une réalité se l’approprient. On ne peut alors y parler de transition démocratique. On simplifie avec une expression fourre-tout : « Phase de transition politique » pour désigner le passage d’un régime à un autre. Une phase qui s’achève généralement avec l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement et d’une assemblée législative résultant d’une élection libre et disposant d’un pouvoir souverain. Elle est généralement suivie d’une phase de consolidation de la démocratie pour en assurer la stabilité. Ce qui correspond bien à la situation du Mali.

En Afrique, la Transition est le remède miracle trouvé par la communauté internationale pour mettre un terme aux guerres civiles et aux cycles de rupture abusive de l’ordre constitutionnel. Si dans le premier cas cela amène les différents protagonistes à jeter les armes pour se réunir autour d’un système provisoire de partage du pouvoir, lequel devant aboutir au rétablissement de la vie politique nationale normale, dans le deuxième cas, il a été beaucoup plus question d’aménager une porte de sortie à des putschistes avec une amnistie, au nom de l’élan de réconciliation national couvert du vernis de Transition.

Pour cette raison, si des transitions ont abouti à des régimes stables, d’autres transitions ont abouti à des transitions précaires aujourd’hui remises en cause. Mais il y en a aussi, comme le cas du Mali, qui n’aboutissent pas comme souhaité et entrainent un cycle de coups d’Etat. C’est parce que, très souvent, contrairement à ce que l’on pense, la Transition ne renforce pas l’exercice de la souveraineté d’un pays qui se trouve mis de fait sous tutelle internationale d’organisations qui imposent un calendrier irréalisable, en si peu de temps.

Ce goût d’inachevé malgré l’organisation à la sauvette d’élections contestables et contestées, devient le terreau fertile à la perpétuation de coups d’Etat. Lâ gît toute la question relative au programme de la Transition au Mali qui ne doit comporter que l’essentiel permettant le retour rapide à une vie constitutionnelle normale, en lieu et place de faire croire qu’on peut, en si peu de mois, faire table rase d’un pan important de pratiques politiques et institutionnelles décriées et les remplacer par le changement tant clamé.

La Transition pilotée par ATT en 1991, une référence pour le Mali, était pourtant confrontée à de la résistance de ceux qui se réclamaient « héritiers politiques » de Moussa Traoré, contre lequel régime, évidemment travaillait la Transition d’alors. Ironie du sort, c’est à ces résistants d’hier que revient la mission délicate de conduire la transition actuelle au Mali. Attention à la déception qui amènera la population à considérer que les lueurs de la Transition ne sont en réalité que des leurres.

Amadou Bamba NIANG

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