Les années ! Deux, trois, voire même plus que le Conseil national de la jeunesse du Mali (Cnj-Mali) est en train de nager dans des eaux troubles de la turbulence, devenant le symbole malheureux de lutte de clans. Dans ce contexte, il reste évident qu’il ne peut en rien représenter la jeunesse qu’elle contribue à diviser, réduite en plusieurs factions se regardant en chiens de faïence.
A travers son organisation faitière, le Cnj-Mali, la jeunesse malienne, si tant et si bien qu’elle est l’avenir du pays, doit se ressaisir et procéder une profonde mue pendant qu’il est encore temps car ce qui s’y fait, se voit et s’entend n’est en mesure de redorer le blason terni de cette jeunesse pourtant appelée à jouer son rôle de premier plan dans la Refondation du Mali tant clamée ces derniers temps. Oui, la jeunesse doit être au cœur de ce processus, comme une véritable armée d’acteurs, mais non pas seulement l’accompagner par formalisme. En d’autres termes, la jeunesse, à travers le Cnj-Mali, doit être la locomotive du train de réformes qui décidera en grande partie de son avenir, mais ne pas se limiter à être, au contraire, un wagon tiré par une quelconque locomotive qui pourrait le déposer dans n’importe quelle gare.
Depuis les assises nationales de Koutiala on a frôlé le pire et le Cnj-Mali est resté en lambeaux, le président actuel n’ayant pu recoudre les morceaux en vrai rassembleur. Face à lui, en véritable force d’opposition, se dresse la Plateforme des organisations de jeunesse du Mali (Paje-Mali), prouvant ainsi, au besoin, que deux Cnj-Mali cohabitent dans les faits et sur le terrain, comme on en avait semé les graines lors des dernières assises nationales de Koutiala, il y a près de deux ans.
Si maintenant le camp de l’actuel président national se fissure, à cause de protestations internes, le Cnj-Mali, qui n’est devenu en réalité que l’ombre de lui-même doit, par conséquent, en cette période de Transition pour un nouveau départ – le bon pour cette fois – du Mali, se remettre en cause pour espérer être dans l’air du temps.
C’est à ce titre que le ministre de la Jeunesse et des sports, l’un des meilleurs de l’attelage gouvernemental, a bien fait de franchir le Rubicon de réserve vis-à-vis d’une organisation qui ne peut s’affranchir de l’onction des pouvoirs publics pour se prévaloir, à la fois, d’une once de légalité et de légitimité pour happer les fonds de partenaires techniques et financiers. Surtout financiers !
En effet, l’argent étant le nerf de toute guerre, il n’est pas absent dans cette crise du Cnj-Mali que l’actuel ministre de l’Emploi et de la formation professionnelle, poussé à la porte de sortie, avait vu venir lorsqu’il en était le président exécutif. La démission fracassante de Mohamed Salia Touré du poste de président du Cnj-Mali dénonçait un manque de solidarité au sein du Comité exécutif où des manœuvres claniques commençaient à voir le jour, tout simplement pour le contrôle d’un fonds destiné à un programme de consolidation de la paix et de la cohésion sociale.
Au Cnj-Mali, l’argent fait encore parler de lui à travers des fonds d’une Ong partenaire dont la gestion est encore source de tension, avant-même que le Cnj ne se retrouve, officiellement en tout cas, avec un seul siège au Conseil national de transition (Cnt), alors que la jeunesse vaut mieux que cela. Qu’est-ce qui s’est passé ? Une autre source de malaise !
De toute façon, il nous revient que le Conseil des ministres a accordé son soutien au ministre de la Jeunesse et des sports, lui donnant raison d’intervenir pour aider à l’assainissement de cette structure de la jeunesse qui, à l’heure actuelle, a beaucoup plus besoin de militants que de femmes et hommes au service d’un clan !
Amadou Bamba NIANG