Chronique du web : Macron « tire les marrons du feu »

0

Tout au long de la semaine écoulée, Emmanuel Macron et sa nouvelle France ont été sous le feu des projecteurs de l’actualité qui, avec une certaine délectation, a traité goulûment d’une présidentielle atypique qui a envoyé dans les cordes la classe politique ringarde, pour une durée indéterminée, et mis en vedette de jeunes loups aux dents longues et acérées. Une femme, Brigitte  Macron, tient une place de choix dans cette actualité trépidante.

A défaut de lui tresser une couronne de lauriers, les médias du monde sont impressionnés par le parcours de cette sexagénaire devenue Première Dame à l’ombre d’un mari de plus de vingt ans son cadet.

Au-delà de leur âge respectif, Monsieur et Mme Macron arrivent à l’Elysée au terme d’un parcours étonnamment court et dans un contexte de recomposition profonde de la vie politique, sociale, économique et culturelle d’une France en retard de reformes. Tout ça, dirait un ivoirien, « c’est du gros français ». Parlons plutôt de choses plus terre à terre comme de ce piratage informatique dont a été victime la campagne du candidat Macron. Cette tentative d’intrusion massive et grossière de forces occultes étrangères dans le jeu politique français pour en fausser l’issue a été baptisée « MacronLeaks », leaks désignant une fuite de documents informatiques.

Au total, ce sont quelque 15 gigaoctets de documents internes au mouvement En Marche !, soit plusieurs milliers de pages, qui ont fuité sur la Toile durant la période où la loi électorale impose aux candidats un silence radio. A défaut de parvenir à leurs fins, les supprémacistes blancs, militants d’extrême droite et ouvertement racistes, fascistes et anti-musulmans américains et russes à la manœuvre vont, a minima, réussir à pourrir le quinquennat du nouveau président français.

Et Macron, l’inattendu, aura fort à faire à continuer de déjouer tous les pronostics en gardant la main ferme sur la barre du bateau français. En ce moment, il faut dire que le piratage informatique ressemble de plus en plus à une entreprise lucrative puisque une attaque massive a frappé, en fin de semaine dernière près de 70 pays à travers le monde. Et à chaque fois, les petits malins demandent de l’oseille à leurs victimes dont les ordinateurs refusent de leur obéir.

Emmanuel Macron, pour parler de ce surdoué, est un homme pressé ; de nombreuses déclarations qu’on lui prête, des faits, des signaux, des contacts par lui pris… laissent entrevoir sa détermination dont corollaire est le changement de dénomination de son mouvement qui devient « La République en Marche ». Son entreprise de ratissage et de débauchage va constituer le point de départ d’un melting-pot politique que certains de nos pays ont connu sous le vocable de consensus ou gestion consensuelle des affaires publiques.  Son mouvement va profiter de l’affaiblissement voire de l’implosion programmée des formations politiques traditionnelles engagées dans des règlements de compte, guerres de tranchée et procès en sorcellerie. François Fillon laminé se terre et laisse ses anciens camarades user de leur droit – devoir aussi – d’inventaire de sa campagne calamiteuse parasitée par les bruits de casserole.

En plus, sa cagnotte qui a des allures de trésor de guerre du FLN, fait débat et aiguise beaucoup d’appétit. Chez Les Républicains, les législatives de juin prochain s’annoncent sous un ciel lourd avec, en plus, la tentation pour de nombreux cadres de rejoindre « Les Marcheurs ». A Gauche, Manuel Valls a sonné le tocsin, mais malheureusement risque de rester à quai. Si les amis de Macron ne lui ferment pas totalement la porte, il est loisible de constater que Valls n’est pas dans leur plan. Preuve, il n’est pas sur la liste des candidats investis par « Les Marcheurs ». Situation cocasse qui s’apparente au chant du cygne pour l’ancien Premier ministre trop pressé de tourner casaque et qui se retrouve aujourd’hui dans le pire des scénarii. Je fais l’impasse sur le leader de la France Insoumise qui risque de perdre des plumes par excès d’orgueil et l’ambiguïté de sa position au second tour du scrutin présidentiel. Quant au FN, la guerre feutrée entre Marine Le Pen et sa nièce Marion Maréchal Le Pen entre dans un nouvel épisode.

La petite-fille de Jean Marie Le Pen abandonne le navire familial et laisse orphelins de nombreux frontistes qui la verraient bien à la barre.  Pure stratégie pour jeter du discrédit sur sa tante dont la campagne ne fut pas un modèle de réussite. Un autre acteur en vue qui risque de manger son pain noir, c’est le président américain Donald Trump qui a limogé brutalement mardi dernier James Comey, le tout puissant directeur du FBI et, de ce fait, a provoqué l’ire de ses concitoyens. Il n’en fallait pas plus pour que les paris flambent. En effet, les bookmakers ne vendent pas cher la peau du milliardaire de Washington. Ils sont convaincus, dans leur écrasante majorité, que Trump sera « empeaché » et donc connaîtra le sort de Richard Nixon qui a démissionné en août 1974 suite au scandale du Watergate. Je voudrais conclure cette chronique par le conseil amical et forcément gratuit que le président François Hollande a donné à son jeune successeur : « A l’Elysée, méfie-toi de tes jeunes conseillers » (Le Canard du mercredi 10 mai). Si l’on ne doute pas des capacités d’Emmanuel Macron de « tirer les marrons du feu », il devra toutefois avoir la victoire modeste et garder la tête froide. Le piège qui le guette, c’est de prêcher par excès de confiance et de rapidité.

Serge de MERIDIO

Commentaires via Facebook :