Influenceurs, quelle fourmilière ! La semaine dernière, nous avons osé ouvrir cette véritable boite à Pandore, du nom de la déesse de la fécondité que Zeus, Dieu suprême dans la mythologie grecque, créa dans le dessein de se venger des hommes pour le vol du feu par Prométhée. Par curiosité féminine, Pandore ne se priva pas d’ouvrir la fameuse boîte et laissa en sortir tous les maux de l’humanité dont, vous et moi, souffrons aujourd’hui : la Vieillesse, la Maladie, la Guerre, la Famine, la Misère, la Folie, le Vice, la Tromperie, la Passion. Seule, on ne sait comment, l’Espérance resta confinée dans sa boîte. Et c’est bien pour cela que c’est à elle que nous nous accrochons au plus fort du doute et de la détresse. Cette parenthèse fermée, il est temps de revenir à nos moutons dans l’espoir, là-aussi, de les conduire, sans coup férir, au meilleur pâturage. Vous avez sûrement la migraine face à l’abondance de ces concepts-disciplines voisins que sont Influenceurs, Lobbyistes, Groupes de pression, Groupes d’intérêt ou Leaders d’opinion. Je vous le concède et admets aussi que certains de ces concepts sont parfois loin de nos préoccupations portées sur la satisfaction des besoins du quotidien. Sous nos latitudes, on est plus familier du leader d’opinion qui est une personne respectable de notre quartier, du village ou du pays dont la parole fait autorité et référence. Avec certes des nuances tenues, influenceurs et leaders d’opinion sont des concepts interchangeables et se déclinent comme des « individus ou desorganisations qui ont un tel statut social que leurs recommandations et opinions sont prises en compte par un certain nombre de personnes lors de décisions à prendre… ». Selon la littérature disponible, la genèse d’« Influenceurs » se confondrait avec l’essor du l‘ère du digital, et les vedettes des réseaux que sont « politiciens, chroniqueurs et stars sont de très bons exemples de leaders d’opinion ». Selon Traackr dans son guide sur les influenceurs marketing édité en juin 2015, « L’influence signifie simplement que vous êtes reconnu en tant que leader d’opinion ou expert sur un sujet. Les gens veulent vous écouter et relayer vos idées lorsqu’il s’agit de ce sujet. L’influence est de manière inhérente, authentique, contextuelle et dans beaucoup de cas, géographique ». Dans une autre étude datant de 2014, Augure dont nous parlions déjà la semaine dernière dégage trois critères pour mieux soupeser l’influence réelle ou pas d’un acteur digital. « Le premier d’entre eux est la part de voix de l’individu, autrement dit son niveau d’implication sur un sujet donné. Plus il en parle, plus il est susceptible d’être au fait de celui-ci. Le deuxième critère concerne alors l’exposition, c’est-à-dire son potentiel d’audience sur les médias et les réseaux sociaux. En d’autres termes, dispose-t-il d’une vraie communauté thématique autour des contenus qu’il partage. Le troisième critère touche à l’écho qui implique la faculté d’être repris et relayé sur le sujet, notamment par sa communauté ». En conclusion, note Augure, « si les trois critères sont réunis, il est alors fort probable que la personne soit effectivement un influenceur ». Dr Travis Bradberry, un auteur qui fait référence sur la question (Co-auteur du livre « Emotionnal Intelligence 2.0 » et président de TalentSmart), détermine pas moins de neuf caractéristiques intrinsèques aux personnes dites influentes. Pour lui, les influenceurs : (1) pensent par eux-mêmes ; (2) ils perturbent car jamais satisfaits du statu quo et ils n’ont pas peur de défier la sagesse conventionnelle pour améliorer les choses en posant beaucoup de questions pour ouvrir le débat ; (3) ils poussent à la conversation lorsqu’ils parlent et leurs conversations se répandent comme des ondulations dans un étang ; (4) ils exploitent leurs réseaux en partageant des conseils et du savoir qui réunissent les gens afin de créer des communautés ; (5) ils se concentrent uniquement sur ce qui compte vraiment et ne se laissent pas distraits par des futilités ; (6) Ils acceptent la critique et les oppositions, ce qui les dispose à admettre qu’ils ne savent pas tout et que quelqu’un d’autre pourrait voir quelque chose qu’ils ont manqué ; (7) Ils sont proactifs et cherchent continuellement de nouveaux sujets à traiter. Ils sont donc les précurseurs du web en détectant les nouvelles tendances ; (8) ils prennent du recul, évitant des réactions immédiates et émotionnelles ; (9) ils croient en leur propre pouvoir de réaliser leurs rêves, que les autres partagent ce même pouvoir, croient fermement qu’une personne peut changer le monde. Vous reconnaitriez-vous dans ce portrait-robot ? Si non, ne cherchez pas à le devenir, comme par génération spontanée, car la qualité d’influenceur ne serait pas innée et ne s’acquiert que lorsqu’on excelle dans son travail. Et pas toujours !
Serge de MERIDIO