La semaine dernière, le chef de l’Etat français lors de sa visite aux Etats Unis a fait savoir à la presse que français et américains étaient sur la même longueur d’onde dans le traitement de certains dossiers internationaux comme le terrorisme, la Syrie, le sahel avec comme point d’ogre le Mali.
Cette phrase en d’autres termes nous renvoie à une autre attente au sortir de la seconde guerre mondiale où l’occident s’était partagé le monde en confiant à la France sa sphère africaine. Ça nous renvoie aussi à cette chanson de Tiken Jah Fakoly intitulée « Ils ont partagé le monde ; si tu me laisse la Tchétchénie, je te laisse l’Afghanistan…. » La présence des troupes françaises sous quelques mandats que ce soient n’est que suite logique d’un vieux schéma façonné dans les laboratoires spécialisés en prospective. En réalité, l’Europe économiquement vit de l’Afrique et cette constante dicte les relations de part et d’autre de la méditerranée. Le discours où la manière peut changer d’un régime à l’autre, d’une époque à l’autre ;mais les objectifs demeurent les mêmes : expropriation des ressources naturelles du continent, réduire celui-ci en producteur de matière première et de crises.
Revenons à la conférence de Berlin en 1885 où le chancelier Von Bismark a donné les clefs de répartition du continent. Ces clefs ont eu comme avantage de dépecer le gâteau en minimisant les heurts entre les convives. Les communicants à l’époque, pour faire accepter cette entreprise qu’aucun droit ne tolérait n’ont pas manqué d’arguments. Mission civilisatrice à l’endroit des peuples barbares, christianisation des païens, éradication des guerres tribales ; autant d’arguments qu’on a utilisés pour commettre tous les abus. On a spolié les richesses du continent, on a détruit toutes les entités géopolitiques, on a brisé toutes les poutres qui soutenaient la culture de ces peuples, on a soufflé sur les guerres, les antagonismes tribaux pour maintenir un climat d’insécurité afin de se faire inviter en pompier avec la signature de juteux protectorat.
Le système colonial a enrichi l’économie européenne ; celle-ci après la guerre avait besoin d’un sang neuf. Malheureusement pour elle, le centre de décision du monde s’était déplacé aux extrémités est et ouest. Condamné à négocier avec les anciens vassaux qui pendant les deux grands conflits mondiaux avaient pris conscience de leur force, l’Europe recule sans céder. Le concept d’indépendance n’avait pas la même signification d’une rive à l’autre de la méditerranée. Les jeunes Etats africains pour la plupart animés de sortir de l’état de sous-développement ont vu leur élan brisé parce qu’obligé à choisir entre la peste et le choléra.
Ceux qui ont voulu avoir une voix autonome ont été étranglés purement et simplement. Les coups d’Etat initiés, encouragés et guidés n’ont fait que plonger le continent dans la dépendance totale. Alors le gouvernement mondial à travers son bras financier le FMI pouvait imposer son schéma dont la finalité est de réduire le pouvoir des Etats à leur portion congrue afin de laisser le choix libre aux entreprises européennes. Les secteurs clés du développement humain comme l’école, la santé subissent des coupes drastiques dans leur budget. L’insécurité alimentaire devient endémique et que vaut un Etat ou un dirigeant fusse-t-il légitime s’il ne peut pas assurer le pain à son peuple. Les partis uniques qui se sont révélés être des machines à dilapider le peu de richesse dont disposait nos Etats tout en réduisant au silence les opposants n’ont fait qu’anticiper la déchéance du contient. C’est pourquoi, eux et leurs dirigeants ont été vidés de la scène par le folklore démocratique des années 1990 .Mais les nouveaux maîtres issus des élections plus ou moins arrangées ont vite compris que leur salut résidait dans le respect des clauses non officielles qui accompagnent l’aide internationale. Ceux qui ont voulu faire le têtu se sont vus débarqués en plein midi malgré leur légitimité. LISSOUBA ne me démentira pas.
Aujourd’hui, l’économie européenne a besoin de grands espaces qui débordent les frontières issues de la colonisation. La lutte contre le terrorisme, l’islamisme, la pacification des rebellions font partie de l’argumentaire pour justifier la présence de ces forces d’occupation. Celles-ci sont parvenues à se faire inviter par les « autorités légitimes ». Notre intervention fait suite à une demande officielle martèle-t-on à Bruxelles. Mais qui a financé les rébellions ? Qui conseille les terroristes ? Ce sont ces mêmes gens. Le discours peut être moins arrogant qu’en 1885 mais la réalité demeure la même. L’accaparement des ressources du continent.
MOC.
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