Chronique satirique : Le marchand d’armes, les griots, les laquais et les masseurs de pieds

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Sidi Mohamed Kagnassy
Sidi Mohamed Kagnassy

Une armée de griots et de masseurs de pieds, ne songent, en réalité, qu’à leur estomac, nous descendent dans les flammes pour avoir publié le texte d’un contrat d’armement de 69 milliards adjugé au fils de Kagnassy. Il en faudra plus pour nous impressionner !

 

 

A défaut d’une armée capable de reprendre Kidal aux bandits enturbannés, le Mali dispose, au moins, d’une puissante armée de… griots, de laquais, de larbins et de masseurs de pieds. Comme ils n’ont pas assez d’art pour composer des chansons épiques comme “Janjo” ou “Touramakan”, ils se sont spécialisés dans une chose simple: voler, sans sommation, dans les plumes de quiconque ose déclarer noir ce que Ladji Bourama trouve blanc. Il a suffi que nous publiions le texte d’un contrat d’armement pour que nos braves laquais nous tombent dessus à bras raccourcis. Ils agissent avec une telle promptitude et une telle unanimité qu’on s’étonne qu’ils n’aient pas encore créé une société anonyme dont le nom serait tout trouvé : “Compagnie des Griots, laquais et masseurs de pieds S.A.”. Siège social: route de Koulouba. Objet: chanter les louanges de Ladji Bourama et de ses successeurs, remplir sa bouilloire à chaque prière canonique, lui masser les pieds et, bien sûr, descendre aux enfers ceux qui osent lui adresser des critiques.

 

 

Malheureusement, nos chers compères griots se trompent lourdement.

D’abord, ils nous croient à la belle époque de Staline où La Pravda avait mission de tresser journellement des lauriers  au “père des peuples” et où il fallait soumettre ses articles au Bureau de la censure avant toute publication. De plus, les griots locaux (ils n’ont aucune chance de gagner le Grammy Awards américain, n’est-ce pas ?) se trompent de rôle : ils oublient que quand Ladji Bourama a besoin de s’exprimer, il ne passe pas par des griots mais par des voix plus respectables: l’ORTM et L’Essor, par exemple. Enfin, les compères griots, dans leur infinie médiocrité, ne se rendent pas compte qu’un bon communicateur n’ouvre jamais une polémique sur un fait incontestable comme le contrat que nous avons publié, fac similé à l’appui.

 

 

Dans leur frénésie alimentaire, les compères oublient toute règle de prudence.

Cela ne surprend guère car ils se collent, telles des sangsues, à tous les régimes. Un peu comme des mouches qui volent d’un fruit à un autre. N’est-ce pas les mêmes qui nous ont voués aux gémonies quand  nous révélions que les opérateurs économiques préparaient une médaille de 200 millions pour ATT ? N’est-ce pas les mêmes qui nous accablaient  quand nous révélions que la CEDEAO avait bloqué les armes commandées par le Mali ?

 

N’est-ce pas les mêmes qui se sont précipités chez Django Cissoko quand nous révélions qu’il avait voulu démissionner de la primature ? Les mêmes  laquais professionnels, maquillés en journalistes, nous ont copieusement insultés quand nous révélions récemment que le Chérif de Nioro s’en était pris à Ladji Bourama. Et pas plus tard que la semaine dernière, ils ont envahi les bureaux du Haut Conseil Islamique quand nous avons révélé que Mahmoud Dicko n’avait pas été invité aux cérémonies d’accueil du roi du Maroc. Nos compères, qui se soucient avant tout de remplir leur estomac épais comme un grenier, n’éprouveront aucune gêne à nomadiser vers des cieux plus cléments dès qu’ils sentiront Ladji Bourama en mauvaise posture. Avec des larbins de cet acabit, tout pouvoir court à sa perte. Ce n’est pas un hasard si les régimes précédents, qu’ils ont applaudis  des pieds et des mains, ont fini de la manière que l’on sait.

 

 

Eh bien, non ! Nous ne sommes ni ne serons de leur société. Notre métier est de dire au chef ce qui ne va pas car Ladji Bourama, hier opposant, aujourd’hui président, demain retraité, ne souhaite pas plus que nous l’honneur du Mali et le bonheur des Maliens.

 

 

 

Le corps du délit

Venons-en, à présent, aux faits. Dans notre livraison n° 245 du lundi 24 février 2014, nous publiions le texte d’un contrat d’armement de 69 milliards passé par le ministère de la Défense à “Guo Star SARL”, une société dirigée par Sidi Mohamed Kagnassy. Nous avons délibérément renoncé aux commentaires, laissant le lecteur juger sur pièce. Dès le lendemain, une nuée de griots se ruent sur nous, café et gâteau au poing. Toute confraternité bue, la plupart d’entre eux titrent: “Kagnassy et le marché de 69 milliards: des soupçons infondés“. Un autre laquais s’étrangle: “Prétendue affaire Kagnassy pour ternir l’image d’IBK: un vrai faux marché de gré à gré de 69 milliards”. Un autre larbin s’étouffe: “Equipement de l’armée: qui a intérêt à la confusion ?”. Un autre affirme : “Sidi Kagnassy n’a jamais bénéficié d’un marché sous IBK: qui a intérêt à la confusion?”.

 

 

Dans un touchant concert, tous ces articles estiment que derrière nos révélations se cachent des “individus malveillants tapis dans l’ombre” et que notre unique but est de “ternir la belle image du chef de l’Etat”

 

 

Ces réactions sans tête ni queue appellent de notre part les observations suivantes:

Les articles griotiques, j’allais dire “merdiques”,  viennent d’une seule et même source; ils portent les mêmes titres, contiennent les mêmes expressions  et sont généralement censés émaner d’une “correspondance particulière de Fasséry Diakité”. Cela prouve une entente préalable entre des individus sans foi autoproclamés défenseurs  du pouvoir et qui, dans leur naïveté, croient que celui-ci a urgemment besoin d’eux pour s’exprimer. La traditionnelle histoire de la mouche du coche, quoi ! D’ailleurs, ce diable de Fasséry, illustre inconnu surgi du diable vauvert, pourrait-il nous expliquer il s’érige en porte-parole de Kagnassy ou de Ladji Bourama alors qu’il n’est ni ministre ni fondé de pouvoir de la société Guo Star SARL, attributaire du marché d’armement ?

 

Dès lors qu’au lieu d’assumer leurs opinions, les griots passent par le nommé Fasséry, ils avouent, par là-même, que c’est eux qui sont manipulés par des “individus malveillants tapis dans l’ombre”. Quand on se sait manipuler, on croit tout le monde manipulé…

 

 

Les griots prétendent que nous avons publié un faux document. Or à ce jour, nous n’avons reçu ni un droit de réponse, ni une citation en diffamation, ni une plainte pour faux. Soit dit en passant, des Maliens croupissent en prison pour des infractions moins graves que le faux.

 

Le lecteur aurait attendu des griots qu’ils publient un document authentique qui prouverait la fausseté du nôtre. Au lieu de quoi, ils abreuvent le bon peuple de bave et d’écume ! Prendraient-ils le lecteur pour un sot ?

 

 

5-Selon les griots, le marché d’armement que nous avons publié aurait été “annulé” puis “réattribué à quelqu’un d’autre”. Voiilà un aveu de taille: on annule un marché qui a existé, non ? Quant au document qui réattribue le marché, où se trouve-t-il ?

 

 

6-Les laquais nous affublent des plus doux qualificatifs: “ennemis de la patrie”, “individus malveillants”, “suppôts” de personnes privées de marché…A ce train, ils vont devoir payer des droits d’auteur à Sékou Touré et à Mao qui, toute leur vie, ont vu partout des “traîtres à la patrie” et des “suppôts de l’impérialisme” !

 

 

La compagnie locale des masseurs de pieds prétend que Sidi Kagnassy ne peut être spolié de ses droits de citoyen au prétexte que son père serait milliardaire. Allons, chers messieurs, qui a jamais denié à Sidi Kagnassy le droit de bénéficier de marchés publics ? Ou bien la mauvaise foi vous fait-elle porter des lunettes en bois de Suisse ?

 

 

 

 

D’ailleurs, aucun de ces chercheurs de “nasongon” ne déclare agir en son nom. S’il a “une belle image”, elle profite à tout le pays qui sort d’une période noire. Chef de l’Etat, Ladji Bourama a un budget et des spécialistes chargés de soigner son image; il a également sous son autorité des un secrétariat général, une cellule de communication, un ministère de la communication et peut solliciter, au besoin, des agences internationales de communication.

 

Quant à nous, notre mission, en tant que journalistes, consiste à servir de contre-pouvoir, à révéler les informations que nous tenons pour sûres et à émettre les opinions que nous jugeons utiles. Pas de masser des pieds ni de cirer les bottes. De 2008 à nos jours, nous n’avons été complaisants envers aucun gouvernement ni acharnés contre aucun pouvoir. Les lecteurs reconnaissent notre indépendance et notre professionnalisme: c’est pourquoi nous avons régulièrement enlevé les prix médiatiques mis en compétition sur les sujets les plus divers. Et qu’on se rassure : ce ne sont pas des batteurs de tambours qui nous feront aujourd’hui dévier de notre chemin ! Si le Mali a pu conquérir le multipartisme en 1991 et recouvrer l’ordre constitutionnel après le putsch de 2012, c’est en partie grâce à une presse indépendante, non à une colonie de griots à la panse rebondie

 

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8- S’il y a une leçon à tirer de la révolte des laquais, c’est bien celle-ci: Procès-Verbal est devenu grand, a une forte audience et dérange le festin de quelques scribouillards.Alhamdou Lillah, nous nous en félicitons ! A dire de sage, les gamins ne lancent de cailloux que contre un arbre chargé de fruits; un arbre dépourvu de fruits les laisse indifférents.

 

Tiékorobani

 

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7 COMMENTAIRES

  1. Tiecorobani, ton article va rendre Sambou le raciste thres malheureux car il a peur qu’il ne va rien trouver chez les Kagnassy comme petits sous pour les petits “griots”

  2. …droits d’auteur à Sékou Touré et à Mao qui, toute leur vie, ont vu partout des « traîtres à la patrie » et des « suppôts de l’impérialisme » !
    Cette partie gache énormément votre texte. Sachez que de l’autre côté du mur, du moins de ceux que semblez prendre en bon exemple, ce ‘était les mêmes leitmotivs, et en pire parce que plus sournois et plus cynique.

  3. J’ai surtout aimé cette partie qui m incite à m’abonner au journal: “Or à ce jour, nous n’avons reçu ni un droit de réponse, ni une citation en diffamation, ni une plainte pour faux. Soit dit en passant, des Maliens croupissent en prison pour des infractions moins graves que le faux.”

  4. Monsieur Tiecorobani, argumentez au lieu de lancer des invectives sur vos compères. Peu nous importe la guerre des plumes mais nous voulons de la bonne information mais pas de ragots. VIVE LA PRESSE

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