Chronique satirique : LadjiBourama boit du petit

4
Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta (c) AFP
Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta (c) AFP

En neutralisant le général aux quatre étoiles Sanogo, LadjiBourama fait d’une pierre trois coups et met son bail à Koulouba à l’abri de tout danger.

 

Le cas de notre ami Amadou Haya Sanogo se corse drôlement. On dirait que quelqu’un veut coûte que coûte à lui faire boire de l’acide sulfurique assaisonné de potasse. Chaque jour qui se passe apporte à l’officier son lot de malheurs. Les écrivains qualifient  une telle situation de signe indien; les scribouillards la qualifient tout bonnement de merde.

 

 

Après avoir fait désarmer la garde prétorienne du général aux quatre étoiles, LadjiBourama l’a chassé de son bunker de Kati avant de l’assigner à résidence. Dans le jargon des juristes, l’assignation à résidence est une manière courtoise de parler de la privation de  liberté.Aux dernières nouvelles, Sanogo passerait ses journées sur un banc en fer, interrogé sans arrêt par les gendarmes du Camp 1 de Bamako, les mêmes qui, il y a peu, lui mangeaient dans la main. Après les gendarmes, Sanogo comparaîtra devant un juge du pôle économique, Yaya Karembé, connu pour avoir le mandat de dépôt très facile. Et si, par la magie (il faut bien que son célèbre bâton serve à quelque chose !), il échappe aux filets  du juge, il n’est pas certain qu’il réussisse à filer entre les doigts de la Cour Pénale Internationale (CPI). En effet, attirée par l’odeur du sang, FatouBensouda, procureure générale de la CPI, a débarqué dans nos murs avec armes et bagages. Il se raconte que la bonne dame Fatou a acheté, à l’intention d’un certain général, un billet d’avion allé simple pour la prison de Cheweningen, aux Pays-Bas, où séjournent depuis des lustres des personnages aussi charmants que Charles Taylor, Jean Pierre Bemba et Laurent Gbagbo. En tout cas, Madame la procureure n’est pas du genre à effectuer des visites touristiques, surtout dans un pays en guerre : à 62 ans et avec un bureau surchargé de dossiers, elle a bien d’autres préoccupations. Elle ne fait pas mystère de ses intentions puisqu’elle a débarqué à Bamako avec des enquêteurs et ne s’est pas gênée de demander des comptes au ministre de la justice quant à la levée des mandats d’arrêt lancés contre les rebelles du MNLA. Comme si le gibier Sanogo était déjà dans le sac !

 

 

En somme, de quelque côté que le général Sanogo se tourne, le mal est infini. Pour ne rien arranger, ses anciens compagnons de putsch se sont transformés, depuis leur arrestation suite à une mutinerie, en véritables balances. Ils ne cessent d’avouer tout ce qu’ils savent, voire ce qu’ils ne savent pas. A dire d’observateur, ils parlent beaucoup  de bérets rouges disparus qu’on aurait retrouvés dans un puits; de soldats et de sous-officiers mutins retrouvés morts dans des buissons et de milliards de nos francs qui se baladeraient dans la nature…

 

 

Sanogo se mord, à présent, le doigt d’avoir renversé le “Vieux Commando” et, surtout, d’avoir lâché le pouvoir contre l’avis de ses compagnons de putsch. Certes, en quittant officiellement le pouvoir, il a sauvé son pays en permettant le retour d’un gouvernement de Transition civil et la libération du nord; mais il se rend compte aujourd’hui qu’il se serait personnellement beaucoup mieux porté s’il avait imité le Zimbabwéen Mugabé ou le Soudanais El-Béchir.

 

 

L’erreur du général Sanogo a consisté à croire qu’il pouvait lâcher le pouvoir officiel pour mieux en tirer les ficelles dans l’ombre. La méthode pouvait marcher avec le pacifique Dioncounda Traoré qui, sachant son mandat limité dans le temps et instruit par une copieuse bastonnade, avait un seul objectif: finir la Transition en beauté et bénéficier d’une confortable retraite. LadjiBourama, lui, ne peut souffrir un second capitaine dans le bateau qu’il a mis treize longues années à conquérir. Contrairement à Dioncounda Traoré, l’élu de la coalition “Mali d’abord, Inch Allah” n’entend pas, a priori, se contenter d’un bail d’un an à Koulouba; au contraire, si Allahsoubanahanawatallah lui prête vie, il compte y passer  une décennie.Du coup, il a intérêt à se débarrasser des ficelles tissées et tirées par l’ex-chef putschiste. Il y est d’ailleurs encouragé par son ami François Hollande qui, on le devine, ne peut voir un putschiste (actuel ou ancien) en peinture et qui a, sur notre sol, assez de soldats pour réduire en bouillie de mil l’armée malienne tout entière. L’espace devenant étroit pour deux chefs, Sanogo aurait dû mesurer le rapport des forces et débarrasser le plancher en acceptant un poste diplomatique. Problème : l’homme se sentait beaucoup plus à l’aise dans son bunker de Kati; de plus, il soupçonnait les uns et autres de vouloir, sous couvert de diplomatie, le livrer à la CPI pieds et poings liés. On comprend donc qu’il ait refusé de bouger de la terre de ses ancêtres.Mais  alors, il aurait dû se faire oublier. Or en fait de discrétion, le général a plutôt multiplié les cérémonies, les voyages et les fêtes, le tout agrémenté de cadeaux mirifiques à des chanteurs. De quoi faire une épaisse ombre au nouvel hôte de Koulouba. Ce dernier avait, par conséquent, toutes les raisons de profiter de la mutinerie du 30 septembre 2013 pour éliminer le bruyant officier du paysage. D’une pierre, LadjiBourama a fait trois coups : il se débarrasse d’un encombrant officier, renforce son emprise sur l’appareil kaki et terrorise l’opposition politique.

 

 

 

De fait, ayant opté pour l’opposition, SoumailaCissé, Modibo  Sidibé et autres semblent, depuis leur profession de foi, avoir perdu la voix. L’association  islamique “Sabati 2012” investit-elle des candidats aux législatives, en violation du principe de laïcité de l’Etat ? Nos opposants se taisent.Des soldats se mutinent-ils à Kati et des cadavres se ramassent-ils sur les routes de Kati et de Ségou ? Silence, on s’oppose ! Les prisonniers rebelles du MNLA        sont-ils libérés et des mandats d’arrêt levés en vitesse ? Motus ! Des députés rebelles du MNLA  viennent-ils réclamer leurs arriérés de salaires et de primes ?  Bouche cousue !  Tout juste l’URD, principal membre de cette étrange opposition, publie-t-elle un communiqué pour fustiger les organes de presse qui tentent d’impliquer son mentor dans les sombres affaires de Kati! Ce faisant, l’URD fait preuve d’héroïsme puisque JeamilleBittar et Modibo Sidibé n’ouvrent guère, eux, la bouche. Il ne faut surtout pas compter sur ces braves gens ni, encore moins, sur les nomades politiques réfugiés à Sébénicoro, pour arpenter la place Sakaly.  Avec des opposants si gentils, LadjiBourama a, inch Allah, de beaux jours et quantité de petit lait devant lui…

 

Tiékorobani

Commentaires via Facebook :

4 COMMENTAIRES

  1. Merci bien grand griot, Mais saches qu’on a autres choses a faire que de croire a ces histoires.
    Grardes touts ces mensonges pour toi meme.

  2. Tiekorobani-griot! Combien te paye IBK pour tenter de maquiller son allegeance à Sanogo en coup de poigne contre Sanogo!

    Ca fait au moins le 3 eme article où tu tentes de déguiser habilement les faiblesses d’IBK en coups de force d’IBK!… Nous crois-tu tous c.ons à ce point?
    Sanogo n’a jamais été “chassé” de son bunker, et tu le sais très bien!… Koulouba a obligeamment mis à sa disposition les somptueux bureaux ex-ATT ultra sécurisés! Nuance!…

    “L’erreur du général Sanogo a consisté à croire qu’il pouvait lâcher le pouvoir officiel pour mieux en tirer les ficelles dans l’ombre”
    Et c’est exactement ce qu’il continuait à faire depuis l’arrivée d’ibk jusqu’à ce que la CPI mette les pieds dans le plat! Et avec le grade de CHEF SUPREME DES ARMEES obligeamment laissé tel quel par IBK!

    Arrête ton cinéma stp!… Certes tu écris correctement, mais de là à nous faire confondre le GRAND PROTECTEUR des putschistes et de sanogo pour le POURFENDEUR des putschistes et de sanogo… oublie! 😀 😀 😀 😀 😀

  3. Tiékorobani,vous ne faite pas grandir le Mali ni le peuple Malien et n’en parlons pas de la nation malienne. Vous faites de la désinformation ce qui est dangereux pour un Mali qui peine a sortir la tête de l’abîme.Honorez le journalisme.le Mali a financé vos études alors SVP soyez réaliste honnête,sincère et franche.Car l’homme est libre de choisir la voie de la raison ou celle de l’errance,mais il n’est nullement libre d’échapper aux conséquences de notre choix

  4. QUEL PAPIER! vous avez fait une vraie école de journalisme. Je suis désormais un de vos lecteur

Comments are closed.