Chronique satirique : La démocratie du silence

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Ibrahim Boubacar Keita
Ibrahim Boubacar Keïta, le 5 novembre à Bamako.
AFP

Ceux qui ont qualifié Ladji Bourama de “bourgeois” ont sans doute menti. Le pèlerin national est plutôt un révolutionnaire devant lequel Thomas Sankara lui-même aurait pâli de jalousie. Vous voulez un dessin, hein ? Eh bien ! Ladji Bourama n’a-t-il pas fait jeter à l’ombre des magistrats? N’a-t-il pas poursuivi le “Vieux Commando” ? N’a-t-il pas transmis 180 dossiers d’enquête de la CASCA ainsi que le rapport du Vérificateur Général au pôle économique de Bamako ? N’a-t-il pas dissout une junte au grand complet et fait arrêter ses membres? Avec un pareil tableau de chasse, l’hôte de Koulouba mérite le “Prix Moh Ibrahim” de la bonne gouvernance. A défaut, il se contentera du Grand Prix National de… la Terreur. Nul ne lui disputera cette distinction, d’autant que l’illustre récipiendaire ne parle plus que d’un ton menaçant, le doigt tendu comme un maître d’école.

 

 

Mais comment faire pour échapper aux rigueurs de la révolution made in Sébénicoro ? La première précaution d’usage est de se convertir bien vite à la nouvelle religion d’Etat et de jurer par le père, le fils et le…beau-père. Seconde précaution: nomadiser avec armes et bagages au RPM, le nouveau parti unique. Troisième précaution (à l’intention des ministres, directeurs de services et assimilés): ponctuer tous les discours de la formule sacramentelle: “Monsieur le président de la République”. Bien sûr, pour consolider les acquis, une recommandation du Chérif de Nioro a des avantages, de même que l’habitude de vouer au diable le “Vieux Commando” et son bilan. Il va sans dire qu’une fois admis dans la mouvance présidentielle, c’est-à-dire à la table du festin, il convient de la boucler. Ladji Bourama relâche-t-il des jihadistes détenus ? Motus et bouche cousue ! Voyage-t-il sans desse comme une hirondelle aux frais du pauvre contribuable? Silence, on se tait ! Tient-il le Conseil des Ministres à son bon gré et avec la plus grande irrégularité ? Chut, la ferme !

 

 

 

A ce train, Ladji Bourama réussira bientôt le tour de force de faire du “ATTisme” sans ATT. C’est-à-dire mettre tout le monde dans le même bateau d’applaudisseurs sans aucun pacte de consensus politique mais plutôt par la seule vertu du bâton. Il est vrai que dans ce pays, peu de gens peuvent encore parler librement. A plus forte raison hausser le ton. Un petit regard aux chefs de partis montre que la plupart d’entre eux ont bouffé, sans justificatifs, l’aide publique annuelle ainsi que les cotisations des militants. Les fonctionnaires ? Bons pour Taoudénit tant ils croulent sous les fausses factures et les marchés publics bidonnés. Les ministres ? Tremblent de peur à la seule perspective de perdre leur poste! Les chefs religieux ? Trop impliqués dans la politique pour se souvenir des versets du saint Coran. Les militaires ? Tiennent trop aux grades acquis lors des dernières promotions exceptionnelles que les mauvaises langues qualifient de “Diagnè Waati”. Les maires? Après avoir vendu tout ce ce que le pays compte de parcelles et tenté de lotir même les marigots et les crânes chauves, ces braves élus sont trop préoccupés d’une imminente visite du juge pour s’amuser à parler de Ladji Bourama. Les députés ? Un bon tiers d’entre eux est anaphabète et considère que la mission du député est de voter des pieds et des mains tout texte venu de Koulouba. L’opposition politique ? Elle sait mieux que quiconque les bienfaits du gaz lacrymogène sur la santé et se garde de la moindre critique. Même le docteur Oumar Mariko, grand disciple de Karl Marx, ne veut plus s’en mêler. Modibo Sidibé, que l’on attendait dans l’arène, a préféré ne pas se présenter aux législatives pour ne pas avoir à critiquer quoi que ce soit. D’ailleurs, son parti (FARE) vient de signer une plateforme d’alliance avec SADI pour se fondre dans la mouvance présidentielle. L’Adema, elle, a déjà fait allégeance au grand chef de Koulouba: cela n’étonne guère d’une formation peu habituée à se nourrir de cailloux et à fouler la poussière de la place Sakaly. Quant à Soumaila Cissé, que beaucoup prennent pour le leader de l’opposition, il consent à jouer ce rôle à la seule condition de ne s’opposer à rien et de bénéficier des avantages d’un superministre.

 

 

Les disciples de Balla Fasséké, l’ancêtre des griots, verront des vertus dans cette démocratie du silence. Moi, j’y vois les signes d’une monarchie. Je ne comprends pas grand-chose aux termes juridiques, mais pour moi, un chef qui n’a en face de lui aucun contre-pouvoir s’appelle un monarque. Même s’il ne porte pas de couronne comme l’empereur Bokassa 1er.

 

 

 

Tiékorobani

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11 COMMENTAIRES

  1. 😆 😆 :lol:, mon cher tiekorobani ,arretez vos bobards sinon T.K va se reveiller en furie comme un lion enragé ok. Ladji bourama est mal parti mais comme fait juste quelques petits mois qu’il est aux commandes, alors on patientera encore jusqu’a la fin sa premiere année de le voir au jeux d’echec. 😉 .

  2. Ladji Bourama n’a-t-
    il pas fait jeter à l’ombre des
    magistrats? N’a-t-il pas
    poursuivi le « Vieux
    Commando » ? N’a-t-il pas
    transmis 180 dossiers
    d’enquête de la CASCA ainsi
    que le rapport du
    Vérificateur Général au pôle
    économique de Bamako ?
    N’a-t-il pas dissout une junte
    au grand complet et fait
    arrêter ses membres?

    Tout ca ce n est que du bluf de la part de ton ladji. Sinon c a abouti a quoi? Aucun proces. Et d ailleurs toi-meme tu affirmes que sanogo vit cme un bourgeois.
    En plus fous la paix a soumi qui joue bien son role: Demande a Ag BIBI.
    SOUMI s en fout d etre opportuniste ok?

  3. Alors Soumaila va s’opposer à quoi ?il n’y a encore ni parlement (pas de bureau )pas de gouvernement pas de conseil de ministre ?? Super ministre il l’a déjà été Président de L’Uemoa aussi si tu l’avais oublié arrêtes ta mauvaise foi alors que de l’autre côté tu cires les pompes de SANOGO dont es un des avocats le putschiste SANOGO

  4. sacré tiékorobani. tres belle analyse. mais je pense que notre soumi champion joue pleinement son role de leader de l’opposition. il me rappelle un certain Me Mountaga Tall du temps de OAK.

  5. Coté gouvernance IBK est mal parti et c’était prévisible. Seuls ceux qui ne veulent rien voir se sont leurés au départ.

    Gestion familiale et clanique du pouvoir, voyages et avions privés, mégalomanie sur fonds de mendicité, etc.

    Mais il a surtout été élu pour être ferme sur le dossier du nord.

    Il essaie d’y être après avoir fait des cadeaux aux rebelles (libérations, levée de mandats d’arrêt, poste de députés).

    Mais il bute sur la communauté internationale qu’il a choqué par ses menaces verbales alors que ses troupes sur le terrain sont désespérément orphelins.

    Il fallait travailler en silence mais IBK est surtout victime d’une communication présidentielle chaotique.

    Ça sent de l’amateurisme à Koulouba ou l’improvisation semble être la règle.

    • Bonne analyse Tiekorobani, il y a vraiment de quoi désespérer. Il ne reste qu’à mettre ce pays EN VENTE aux ENCHÈRES. De tous les côtés, le mal est infini. De quoi demain sera – t-il fait. Qu’est que notre génération va – t-elle légué à la prospérité?????

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