Chronique satirique : La démocratie, une gigantesque tromperie

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Depuis sa naissance, la démocratie est conçue pour flouer le bon peuple.

Elle est peut-être meilleure que la dictature mais…

Pour mieux recoloniser l’Afrique, les Occidentaux ont trouvé une recette de taille: y imposer la démocratie. Ceux qui se sont mis en travers de leur chemin ont senti passer le vent d’un boulet. Ainsi du général  Moussa Traoré, qui croyait plutôt aux vertus de “la démocratie au sein du parti” unique. Ainsi de Khaddafi qui, dans son fameux Livre Vert, prêchait un système politique sans partis.

 

Pourtant, Moussa, Khaddafi et autres avaient raison: la démocratie est un système bidon. Si vous en doutez, rappelez-vous donc comment, juste après leur départ du pouvoir, les leaders des plus grandes démocraties sont rattrapés par les affaires scabreuses. Jacques Chirac se retrouva ainsi englué jusqu’au cou dans un dossier d’emplois fictifs à la mairie de Paris: il a fallu que ses médecins lui inventent fort opportunément une maladie au nom imprononçable pour  qu’il échappe à l’échafaud. Nicolas Sarkozy fut, lui, récemment gardé  à vue à la police: on soupçonne cet éminent démocrate d’avoir abusé des largesses d’une vieille rentière et d’avoir financé sa campagne présidentielle avec de la monnaie pas très catholique. Voilà pour le côté argent. Pour le reste, chacun sait que tout politicien qui ne veut pas crever de faim doit exceller dans l’art de raconter des fables au bon peuple et, une fois élu, de ranger les programmes au placard. Entre nous, avez-vous jamais vu un homme politique tenir ses promesses ?

 

Le Mali fournit, en la matière, un cas d’école. Pour restaurer l’honneur du Mali et réaliser le bonheur des Maliens, Ladji Bourama n’a trouvé d’autre solution que d’acheter, de toute urgence, un Boeing 737. Quand on lui demande quelle urgence il y avait à acquérir ce coucou, ses amis, entre deux tartines de gâteau, répondent que l’avion hérité du “Vieux Commando” n’a pas de papiers et qu’il risque à tout moment une saisie judiciaire à l’étranger. Ironie du sort, alors que l’avion réputé sans papiers a parcouru le monde entier sans encombre, celui dûment doté de papiers a récemment été saisi aux Etats-Unis. Et il a fallu, pour le libérer, payer la bagatelle d’un milliard de nos francs, ce qui vient agrémenter une addition déjà salée. Addition qui varie, bien entendu, de 17 à 20 milliards selon que l’on écoute le président ou son Premier Ministre. Pour un avion très démocratique, en voilà sans doute un!

 

Quant au marché d’armement de 69 milliards passé en catimini – et en toute démocratie, bien sûr ! – au fils de Kagnassy, les griots de Ladji Bourama ont fini par reconnaître son existence après avoir protesté dans un touchant concert de tambours. Mais à ce jour, nul ne sait à quoi le faramineux contrat a servi. N’allez pas le crier sur les toits mais quelqu’un me souffle à l’oreille que le plus clair des milliards a servi à acheter des bérets, des bottes, des uniformes et de nouveaux galons aux soldats. Surtout en cette période de promotions exceptionnelles “diagné watti”. Ladji Bourama lui-même accrédite cette thèse lorsqu’il révèle àJeune Afrique que le contrat s’imposait pour permettre à l’armée de quitter ses guénilles à la veille de sa fête annuelle. Question: tous ces beaux uniformes ont-ils été abandonnés lors de la fuite collective de Kidal ou bien sont-ils gardés dans une armoire à Koulouba ? Re-question: le pays a-t-il besoin d’hélicoptères pour bombarder les bandits ou de soldats sapés comme un arbre de Noël ?

 

Ladji Bourama n’est pas le seul à pratiquer les usages démocratiques. L’un de ses concurrents en 2013, Hamed Sow, avait promis, la main sur le coeur, de faire venir l’océan atlantique jusqu’à nos pieds, à Bamako, s’il était élu. Feu Maribatrou Diaby prétendait, lui, qu’après avoir réussi à élever des crocodiles, il pouvait parfaitement diriger des hommes. Quant à l’astrophysicien Cheick Modibo Diarra, il projetait de fabriquer de l’électricité gratuite à partir du sable du désert malien.

 

Si la démocratie est aujourd’hui ce qu’elle est, c’est parce que depuis sa naissance, elle fut une gigantesque tromperie. En effet, quand les révolutionnaires français ont renversé, en 1789, le roi Louis XVI, ils rêvaient d’ôter le pouvoir au roi pour le donner au peuple. Problème: ceux qui ont fait la révolution étaient une minorité – les bourgeois – qui ne voulait surtout pas quitter le joug royal pour se retrouver sous le joug de la majorité du peuple – le Tiers Etat. C’est ainsi que les maîtres du jour, les bourgeois, ont renoncé à leur projet de souveraineté populaire au profit d’une fumeuse théorie dite de la souveraineté nationale.Ils se sont échinés à distinguer les mots “peuple” et “nation”. Un bourgeois, le baron d’Orbach, a même écrit: “On n’appelle pas peuple une populace imbécile qui, privée de bon sens et de lumière, peut, à chaque instant, se rendre compli_ce des forces qui détruisent la société”. Au bout du compte, messieurs les bourgeois ont mentionné dans le texte fondamental (et nos Constitutions ne font que copier cette formule) que “la souveraineté appartient à la nation tout entière”. Pour éviter que la majorité du peuple ne se prenne pour la nation, les bourgeois soulignent: “Aucune fraction du peuple ni aucun individu ne peut s’attribuer l’exercice” de la souveraineté.  Afin de verrouiller davantage le système et dépouiller la majorité de son pouvoir, les constitutionnalistes bourgeois ont précisé que le peuple ne peut exercer la souveraineté directement mais plutôt à travers des représentants et que “tout mandat impératif est nul”. En clair, le peuple n’est strictement rien, le représentant est tout: il décide, au nom du peuple, ce que bon lui semble. Comment, après ces habiles tours de magie constitutionnelle, voudrait-on que le peuple sorte gagnant d’un système conçu, dès l’origine, à ses dépens ? Encore heureux s’il parvient, à chaque élection, à gagner des pagnes Wax et des ballons!

 

Tiékorobani

 

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