Il ne se ressemble en rien à Tokyo ou Hanoï, mais le vent nouveau qui balaie en ce moment les rues de Dougouba déracinant et emportant tout sur son passage est plus violent que Fred, la tempête tropicale qui a frappé de plein fouet les Antilles et quelques pays d’Amérique latine. La mise sous mandat de dépôt de deux grandes figures du régime d’IBK, à savoir Soumeylou Boubèye Maïga et Mme Bouaré Fily Sissoko, respectivement ministre de la Défense (Premier ministre par la suite) et ministre de l’Économie et des Finances à l’époque de Boua constitue les prémices que quelque chose est en train de se passer à Dougouba.
Et oui, la nouvelle de l’arrestation des deux personnalités a surpris plus d’un, au point de susciter spéculations et autres ragots les plus fous dans les rues de Dougouba en ce jeudi 26 août 2021. Cette frénésie sur les réseaux sociaux est d’autant plus légitime que l’affaire concerne un présumé détournement de 130 milliards de FCFA, deniers publics jadis débloqués pour l’achat de l’avion présidentiel et d’équipements militaires. L’affaire ne date pas d’aujourd’hui. En 2018, le rapport du Vérificateur général avait soulevé les irrégularités dans ces dossiers.
Le régime, à l’époque, s’est battu comme un beau diable pour faire avaler la couleuvre à Dougouba. L’on se souvient du passage d’un Premier ministre qui, comme un petit enfant pris la main dans le sac, a publiquement menti sur le prix réel de l’avion présidentiel. La suite, on la connaît : jusqu’à preuve du contraire, personne à Dougouba ne connaîtra exactement ce qui a été mis dans l’avion ! Le dossier est classé sans suite et les présumés responsables se sont crus à l’abri de tout ennui judiciaire. Certains vont jusqu’à bomber le torse avec un air insolent et croire à leur « intouchabilité » en se qualifiant de hérisson (sic). Mal leur en a pris, puisqu’ils se retrouvent aujourd’hui derrière les barreaux pour la même affaire. Le comble !
Au-delàs de la gravité des faits qui leur sont reprochés, les présumés responsables mis sous mandat de dépôt ont péché par leur arrogance et leur légèreté. A la violation du devoir de réserve qui leur sied à leur rang, s’est ajouté l’amateurisme qui les poussait jusqu’à endosser des chèques pour percevoir les « rétro-commissions ». Du jamais vu à Dougouba !
Si le déclassement de ce dossier de l’affaire dite « achat de l’avion présidentiel et «équipements miliaires » a suscité de l’engouement dans les rues, Dougouba ne compte pas que des partisans de la procédure de justice en cours. Les sympathisants et familles (biologique et politique) des présumés responsables crient à une mascarade. « Tout est fait pour empêcher les potentiels adversaires à se présenter aux élections présidentielles à venir », rassérène-t-on, en référant à l’ex-ministre de la Défense et ancien Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga, dont la volonté de prendre part à la course à la magistrature suprême ne fait l’ombre d’aucun doute. Quid des avocats des présumés responsables ? Ceux-ci dénoncent tout simplement l’incongruité de la Cour suprême à se saisir d’une affaire qui la dépasse.
À tort ou à raison, la justice de Dougouba se doit de lever toute équivoque. Elle joue désormais sa crédibilité. Plutôt que de s’attaquer à la maladie, il faut détruire le mal à la racine. Soumeylou Boubèye Maïga et Mme Bouaré Fily Sissoko ne sont qu’une infime partie du puzzle. Alors, que l’ouragan poursuive son chemin et rattrape les vrais délinquants financiers avant qu’ils ne prennent la poudre d’escampette comme ils savent bien le faire en pareille circonstance.
À vendredi prochain, Inch’Allah !
Lassine M’Boua Diarra