Le Révolté d’un jour est quelqu’un de bizarre. Si bizarre qu’il est le seul, un jour de fête, à avoir le moral au talon. Eh oui, ni les côtelettes succulentes de l’agneau bien rôti qu’un ami m’avait fait le plaisir de m’offrir, encore moins les canettes de boisson énergisante qui l’accompagnaient ne m’ont fait effet ce 20 janvier 2023, fête nationale en honneur à nos Forces armées maliennes (FAMa). Bizarre non ? Pourtant il y avait de quoi.
Mais diantre, qu’est-ce que le Malien ne ferait pas sur cette terre pour montrer sa petite personne, d’ailleurs inintéressante ?
Vendredi dernier, jour de fête des FAMa, le Révolté d’un jour assista à un phénomène qu’il érige au rang de la bêtise humaine : le port anarchique et illégal de la tenue militaire sur les réseaux sociaux ! Sur fonds de la chanson, ô combien éternelle de l’artiste aux voix d’or, Djénéba Seck, on en a vu sous tous les contours et sous toutes les couleurs, des hommes et des femmes de tout âge se déhancher sur TikTok, arborant fièrement le treillis aux couleurs nationales.
Simple passion pour son armée ou ignorance caractérisée ?
Le Révolté d’un jour soutient la seconde hypothèse pour la simple raison que la tenue militaire est un bien, j’allais dire un symbole exclusif qui ne saurait faire l’objet de jouissance dans le domaine public. En effet, il y a quelques années, à la veille des années 2000, le port de la tenue militaire était interdit à toute personne étrangère au service militaire. Tout contrevenant était interpellé et déshabillé publiquement sur-le-champ, non sans avoir reçu quelques baffes en plus. Le Révolté d’un jour en a été témoin oculaire aux alentours du Lycée Askia Mohamed en 1995. Il s’en souvient encore comme si c’était hier !
Cette répression contre le port de la tenue par les non-initiés était plus que bienvenue à un moment où les actes de banditisme étaient légions. Et comme par hasard, les plus malheureux malfaiteurs pris dans les filets des limiers se retrouvaient habillés en tenue militaire. Les témoignages renseignés sur les victimes faisaient état d’une confiance aveugle nourrie envers leurs bourreaux. Logique quand on sait que la mission régalienne d’un porteur d’uniforme est la protection des citoyens et de leurs biens. Alors, impossible d’en vouloir à ceux ou celles qui se laisseraient tomber dans le piège des personnes malintentionnées, comme ce fut le cas récemment, avec l’assassinat tragique de deux cambistes opérant à l’Aéroport International Modibo Keïta Sénou par un gang de 5 militaires. A l’heure où nous écrivions ces lignes, les présumés tueurs se seraient évadés de prison.
Aujourd’hui, le treillis se vend comme du petit pain sur les marchés. Faites un tour au Dabanani, au Grand marché ou au Rail-Da, vous m’en direz des nouvelles. Ah oui, vous me rétorquez que le caractère libre et privé du commerce est reconnu en République du Mali hein ? Certes, mais c’est encore une bêtise et un égoïsme criard de reconsidérer cette liberté individuelle, tout en oubliant les conséquences fâcheuses que cela provoque actuellement dans notre pays, en proie à l’insécurité totale.
Oui, on aime faire prospérer son commence, mais l’on revient encore se plaindre d’être braqué par des individus qui créent la diversion en portant des tenus militaires. Quelle incohérence ! Pire encore, nos FAMa sont prises dans les embuscades, non pas parce qu’elles n’ont pas vu venir les assaillants. Que nenni. Mais parce qu’elles se font toujours avoir croyant affaire avec leurs frères d’armes. Alors, chers fêtards, arrêtez votre bêtise qui n’a rien de réjouissant. Laissez à nos FAMa leur bien exclusif !!!
À mercredi prochain, inch’Allah. Cette fois-ci en l’espérant sous de bons auspices.
Lassine M’Boua Diarra