L’on serait tenté de dire « Joyeux anniversaire » si le contexte dans lequel l’on se retrouve était tant soit peu reluisant pour notre pays. Mais bon, à chacun son anniversaire ! 18 août 2020-18 août 2021, un an, jour pour jour, que le régime du Président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) était mis « hors prérogatives » par une junte militaire dirigée par l’actuel homme fort de Dougouba, le Colonel Assimi Goïta.
Venons-en aux faits. Le Président IBK a été élu à la tête de Dougouba pour un second mandat de 5 ans. Et cela, après une première mandature jugée insatisfaisante par bon nombre d’observateurs de la vie politique à Dougouba. La petite phrase : « Il aurait dû faire comme son mentor François Holland qui, incapable de redresser la courbe au chômage, a décidé de renoncer à la magistrature suprême en France, quand bien même il était Président en exercice », avait à l’époque circulé pour fustiger ce second mandat de IBK.
Après l’installation de « Boua » à Koulouba pour une seconde et ultime dernière fois, Dougouba se réveilla de sa torpeur. Le quotidien à Dougouba, c’était des scandales financiers par-ci, des atteintes aux mœurs par-là. Et comme si cela ne suffisait pas, le peuple s’est vu volé ses propres voix aux élections législatives par la faute d’une Cour constitutionnelle redevable au régime en place. Se croyant tout permis, la « Vieille dame » de l’époque falsifia les résultats et mit les choses sens dessus-dessous. Ce dédale s’est soldé par l’élection rocambolesque des élus qui, ironie du sort, s’étaient même déclarés perdants à la suite des résultats provisoires annoncés par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni).
Le parti présidentiel, le Rassemblement Pour le Mali (RMP), enfonça le clou. Pour des raisons qu’eux seuls savent, ses responsables portèrent leur choix sur Moussa Timbiné (il faisait partie des députés non élus) pour occuper le perchoir. Ce fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase pour bon nombre de concitoyens qui virent cela comme un affront. Un président plus que contesté et de nombreux députés « non élus » eurent du mal à se faire accepter par l’opinion publique.
Une instabilité institutionnelle, ajoutée aux frustrations d’une grande frange de la population, conduit à une défiance vis-à-vis de l’autorité publique. Les grèves répétitives syndicales finissent par exacerber l’opinion nationale et internationale. Le point de non-retour fut la grande marche du 05 juin 2020, une initiative d’un rassemblement de partis politiques, d’associations de jeunes et de femmes. Le Mouvement 05 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP), venait de voir le jour, avec comme lieu de rassemblement le Monument de l’Indépendance.
Dougouba devient ingouvernable. Et comme on dit, la nature a horreur du vide : un troisième larron profita du tohu-bohu pour s’emparer du pouvoir. Ce 18 août 2020, Dougouba s’est mis à bouillir comme une grande marmite remplie de haricot. Les réseaux sociaux se mirent également en branle. Des ragots aux rumeurs les plus folles, la toile fut prise d’assaut. Aux nouvelles concernant des tirs entendus dans le camp de Kati, répondaient celles faisant état de la fuite de telle ou telle personnalité pour un pays voisin. Toute la matinée, c’était de l’incertitude. C’est vers 14 h 00 GMT que la nouvelle tomba : les militaires de Kati venaient de cueillir IBK comme un fruit mûr chez lui-même à Sébénicoro. Impossible d’affirmer ou d’infirmer les rumeurs les plus folles qui ont décrit comment le PM à l’époque (il est actuellement à la recherche d’une légitimité au sein de l’URD pour être candidat aux élections présidentielles prochaines), a été déniché derrière un rideau, mais l’évidence irréfutable fut les images de l’escorte qui amena IBK à Kati.
Cela fait 1 an que le peuple de Dougouba s’est levé pour un changement. Cela fait 1 an que Dougouba attend toujours ce changement. Est-il arrivé ce changement ? Ou c’est le Révolté qui est atteint d’une cécité chronique ? Bon, je ne vais pas être plus royaliste que le Roi hein. Le Discours à la nation d’hier a été l’on ne peut plus bref. Alors, qui suis-je pour m’étendre sur des détails inutiles ?
À mercredi prochain, inch’Allah
Lassine M’Boua DIARRA, Révolté d’un jour