NDRL : Avec toutes nos excuses, nous publions la chronique du vendredi annoncée la semaine dernière mais que nous n’avons pas reçue en raison des problèmes de connexion Internet.
Comme sous Konaré finissant son mandat, le Parena s’est prononcé contre la révision constitutionnelle envisagée par Att. Mais à la différence de Konaré, Att, lui, a dit qu’il ne reculera pas. Il s’est dit conscient du temps qui file mais trouve le coup jouable et utile. D’autant plus utile, que selon lui, la constitution du 25 février 1992 souffre d’incohérences et de faiblesses natales excusables dans l’euphorie et l’urgence de la transition mais plus maintenant.
Vingt ans plus tard donc et pratiquement après quatre mandats présidentiels ! Et comme pour joindre la parole à l’acte, du moins au début de l’acte, le président a fait adopter, ce mercredi, la mouture du nouveau projet de constitution par le gouvernement. Après cette étape, ce sera au Parlement de l’adopter. Puis le produit sera soumis à référendum avant sa promulgation.
D’ici à là, il faudrait que les députés l’adoptent à leur tour, ce que, dans leur majorité, ils feront les yeux fermés comme ils le firent avec le code de la famille avant de se voir refiler la patate chaude. Il faudrait également que le projet ne soit pas recalé par les suffrages des Maliens.
Un risque moindre car on est en Afrique et en Afrique comme dans les anciens bastions communistes, il y a les suffrages exprimés, puis le décompte. Tout est dans cette dernière opération que même Berlusconi, qui pourtant recule devant très peu de choses, n’a pas cru devoir ou pu reproduire chez lui. Il est vrai que dire n’est pas faire et Att ne doit pas se fâcher quand les citoyens lui rappellent que le temps est trop juste pour bien faire, à moins de passer en force.
En toute cohérence avec ce qui nous paraît être la grande tare de la décennie : le déficit de « process » participatifs avec sa terrible conséquence : la faible appropriation citoyenne des innovations. Car le code de la famille aurait pu connaître un destin plus heureux s’il avait été mieux communiqué donc le message qu’il faut, au moment qu’il faut et par le messager qu’il faut. Pareil pour l’assurance maladie obligatoire qui, de notre point de vue, est une des plus grandes avancées sociales du Mali moderne.
Il s’y ajoute justement que communication ici égale ministre à la télé tiré à quatre épingles ou sketchs sériels dont le message est dilué dans le calembour ou dans le gag. Un déficit qui tend à renforcer l’impression que quelque part on voit dans le gouvernement le supérieur hiérarchique du peuple et dans le parlement l’échappatoire à la nation. Ceci étant dit, il ne reste plus à espérer pour ATT qu’un fort taux de participation qu’un oui massif au référendum qui, dans le contexte actuel s’apparente fort bien à son troisième mandat. Un non massif aura donc sa signification.
C’est improbable en élection africaine où comme dans les anciens bastions communistes, c’est le « décompte » qui compte. Mais pareillement, le oui massif serait le plébiscite du président Touré. Et cela serait d’un grand effet psychologique puisque rentré dans l’arène en légende vivante -un privilège accordé à peu d’humains- le voilà en train de partir en homme tout court, avec ses gloires et ses médailles, ses failles et ses faillites, ses regrets et ses solitudes. Mais il faut que le temps et les listes électorales permettent cette échéance. Ce serait, d’ailleurs un très bon test pour les scrutins subséquents. Attention aux expérimentations hasardeuses cependant.
Adam Thiam