Chronique : Le Mali divisé en deux Etats ?

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Face à l’ultimatum de la CEDEAO, la junte a annoncé le rétablissement de l’ordre constitutionnel ; au même moment les rebelles se sont emparés des trois régions du nord Mali : Kidal, Gao et Tombouctou. Au vu de l’évolution des évènements dans le septentrion du pays, nous osons dire que la division du Mali en deux Etats semble désormais inévitable. Les rebelles après s’être gaillardement installés dans les trois grosses villes des régions du nord Mali, sont désormais en position de force face aux autorités maliennes.

 

A quelques heures de la fin de l’ultimatum de la CEDEAO, la junte par la voix de son chef, le capitaine Amadou Haya Sanogo dit « Bol » a annoncé le dimanche 1er avril 2012, aux environs de 11 heures GMT, le rétablissement de l’ordre constitutionnel. Toute chose qui indique la formation dans les tout prochains jours, d’un gouvernement de transition, pour conduire les affaires de l’Etat. Si certaines personnalités trouvent que la junte n’avait d’autre choix face à la menace d’embargo qui pesait sur le Mali ; d’autres ont plutôt jugé cette annonce très courageuse de la part de la junte.

En effet, avec cette annonce, on devrait connaître dans les tout prochains jours de la formation d’un gouvernement de Transition qui devrait être dirigé par le Président de l’Assemblée nationale, le Prof Dioncounda Traoré. Avec cette annonce de la junte de rétablir dès ce dimanche 1er avril 2012, il y a lieu d’appliquer l’article 36 de la constitution, pour parapher la transition.

Dans la logique de l’article 36 de la constitution, le président ou le chef du gouvernement par intérim ne peut organiser les élections et être à la fois candidat. Donc, ce qui veut dire, que le candidat Dioncounda Traoré, devrait sacrifier sa candidature face à l’appel du peuple. Ce qui nous amène à saluer ce geste très patriotique, du Prof Dioncounda Traoré envers son pays, confronté à des gros problèmes ces derniers temps.

En effet, le président de la Transition devrait faire face à de grosses situations politiques, administratives et surtout à la rébellion qui secoue le nord du pays, avec désormais la prise des trois régions du septentrion par le MNLA et ses alliés terroristes.

Les enjeux politiques auxquels devraient faire face le Président de la Transition, portent notamment sur la révision d’un fichier électoral fiable et étayé ; et l’organisation des élections générales : présidentielle et législatives. D’autant plus que lui-même ne sera pas de la course à la présidentielle, il devrait jouer toute sa partition lors de ces élections, pour éviter au pays un scénario chaotique, comme cela a failli être le cas.

Autres gros défis à relever par le président de la transition, il s’agira pour lui de trouver au plus vite, une solution définitive à la rébellion au nord du pays. A ce stade des évolutions sur le terrain, nul ne doute que les rebelles accepteront de céder ce qui leur semble déjà acquis. A savoir occuper le septentrion du pays et mettre tout en œuvre pour obtenir l’indépendance de la zone de l’Azawad.

Le Mali divisé en deux Etats ?

Quelle est la part de responsabilité des trois derniers chefs d’Etat du Mali, dans la probable division de notre pays en deux ? Au regard de l’évolution de la rébellion ces dernières années, les responsabilités de chacun des trois chefs d’Etat semblent engagées. La flamme de la paix, le 27 mars 1996, n’aurait été qu’un camouflé de scénario. Car, détruire une arme n’est aussi simple que l’on puisse le croire. Un général qui abandonne sa tenue militaire pour adosser un costume de civil, a lui, semble-t-il oublié les vraies règles militaires, mettant tout sur le dos du Sinangouya. Et le Capitaine Amadou Haya Sanogo et sa junte aux commandes semblent bénéficier d’un fruit qui était pourrit depuis de longues années. Est-ce pourront-ils solutionner la crise, mettre un terme à la rébellion et éviter que le pays ne se divise en deux Etats ?                                           Toute la question et surtout les interrogations sont là.

Les rebelles qui ont su profiter de la situation confuse à Bamako pour s’emparer de la totalité des trois régions du nord Mali, seraient sur le point de créer « Une République du Nord Mali « Peuples de l’Azawad ». Alors si tel est le cas ; l’actuel Mali sera divisé en deux Etats ; à savoir : la République du  Mali, qui va regrouper les cinq premières régions du Mali actuel, notamment : les régions de : Kayes, Koulikoro, Sikasso, Ségou et Mopti ; tandis que la république du Nord Mali (nouvel Etat) va regrouper les trois régions du septentrion, à savoir : Tombouctou, Gao et Kidal.

Il faut signaler que depuis le début des indépendances africaines, les peuples du septentrion de notre pays, n’ont cessé de revendiquer leur autonomie. Ces derniers temps, vu la situation chaotique au niveau de Bamako, où le président légalement élu du pays a été destitué suite à un coup d’Etat, quelque peu mal planifié ; ils ont changé de langage et réclament désormais l’indépendance du territoire de l’Azawad. Face au danger, qui menace notre pays, nul ne doute aujourd’hui, de l’ambition des populations du nord Mali à se séparer du reste du Mali. Ce qui est sûr, le Mali ne sera pas le premier pays en Afrique à connaître un tel sort. L’Ethiopie, le Soudan et bien d’autres pays ont connu des scénarios identiques avant notre pays. Seulement, cette velléité de séparation intervient à un moment où les plus hautes autorités ont injecté pas mal de sous dans des projets de développement du nord Mali. Et le projet relatif à la production du pétrole, dont on dit que les premières productions étaient attendues dans les mois à venir.

Autant de situations qui ne peuvent que déranger les peuples des autres régions du Mali. En tout cas, vu les positions de force actuelle de la rébellion, nul ne pourrait prédire ce qui arriverait dans les jours prochains surtout que les rebelles refusent de reconnaitre la junte installée au pouvoir depuis le 22 mars dernier.

Autant de gros défis à relever qui attendent le président de la transition. Ce qui nous fait dire que la tâche ne devrait pas être facile pour lui. Mais en dépit de toute considération, nous devrions saluer le courage et le patriotisme du Prof Dioncounda Traoré, qui a accepté sacrifier sa candidature à l’élection présidentielle, au profit d’un poste de président de transition.

Par Zhao Ahmed Amadou Bamba

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1 commentaire

  1. Pour info, hier il y avait le représentant des touaregs sur BFMTV (en France) et cette chaîne (maudits soient tous ceux qui ont comploté contre les maliens) montrait une carte du Mali divisée en deux: le Mali et la République Démocratique de l’Azawad.
    Pour ceux qui doutaient de l’implication de la France, preuve est faite!
    Qu’est-ce qui reste aux maliens? Le sacrifice et le patriotisme!
    Le malien actuel est l’un des hommes les plus lâches qui puissent marcher sur la terre. On en s’inquiète que de soi-même, de son propre petit confort! Le pays, pfff, on s’en fout, du moment où on jouit de nos gains mal acquis et de la satisfaction de nos désirs les plus bestiaux, alors le monde peut s’écrouler, on s’en fout!

    J’ai supprimé la chaine BFMTV de ma télé. Le peu qu’on puisse faire, c’est de boycotter ceux qui attisent le feu.

    Ne pouvons-nous pas organiser la résistance de l’extérieur? N’oublions pas comment la France et les autres pays ont résisté à l’invasion de l’Allemagne d’Hitler!

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